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Les ménages ont encore le moral dans les chaussettes

Un homme monte des escaliers dans le quartier de la Défense [Fred Dufour / AFP/Archives] Un homme monte des escaliers dans le quartier de la Défense [Fred Dufour / AFP/Archives]

Le moral des ménages a encore plongé en mars sous l'effet du pessimisme plus marqué que jamais des Français concernant leur niveau de vie futur, lié selon des économistes au manque de visibilité sur l'impact des réformes pour assainir les finances publiques.

L'indicateur qui synthétise la confiance des ménages a baissé de deux points en mars par rapport à février pour retrouver son niveau de novembre dernier, à 84 points, soit bien inférieur à sa moyenne de longue période (100 points), selon les données publiées mardi par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

"Cette baisse est décevante", a commenté auprès de l'AFP Hélène Baudchon, économiste de BNP Paribas, qui s'est "un peu étonnée" du terme "légèrement" employé par l'Insee pour qualifier cette baisse.

"Ce terme ne me paraît pas tout à fait approprié car une baisse de deux points, c'est tout de même important, surtout que l'ensemble des composantes sont mal orientées", a-t-elle poursuivi. "Il y a une dégradation assez généralisée de l'opinion des ménages".

Pour Michel Martinez, économiste en chef France de la Société Générale, si le mouvement de dégradation "n'est pas étonnant, son ampleur est un peu supérieure à ce que l'on attendait".

Un élément a particulièrement plombé la statistique de mars: l'opinion des ménages sur le niveau de vie futur en France, qui a reculé de cinq points en un mois pour atteindre "son minimum historique", a relevé l'Insee.

Les ménages se sont également montrés encore plus pessimistes qu'en février sur leur situation financière personnelle, passée et future (-2 points).

"minuscule point positif"

Dans ce climat de déprime de la confiance, Mme Baudchon est parvenue à déceler un "minuscule point positif" avec le jugement des Français sur l'opportunité de faire des achats importants, le seul à ne pas s'être détérioré (+1 point). Mais il ne parvient pas à compenser la tendance.

Dans le même temps, les Français ont été plus nombreux à considérer opportun d'épargner (+6 points) tout en revoyant à la baisse leur appréciation de leur capacité à épargner dans les mois à venir (-3 points).

Dans ce contexte morose, ils ont été plus nombreux en mars à s'attendre à une nouvelle augmentation du chômage: le solde correspondant gagne de nouveau trois points et atteint son plus haut niveau depuis juillet 2009.

Le ministère du Travail a d'ailleurs annoncé mardi une nouvelle hausse du chômage en février (+0,6%), soit un total de 3,187 millions d'inscrits en métropole qui frôle, sans le dépasser, le pic de 1997 (3,195 millions).

Mais la déprime des ménages ne devrait pas s'éterniser, ont estimé les économistes: Michel Martinez s'attend à une "oscillation autour de 84 points" jusqu'à l'an prochain, et Hélène Baudchon anticipe "un retour progressif de la confiance".

"C'est un niveau qui va durer au moins jusqu'en 2014" du fait de la poursuite des efforts de resserrement budgétaire, qui vont "peser sur la croissance pendant environ 18 mois", a expliqué M. Martinez. "Ce n'est pas une situation qui va être favorable pour le moral des ménages".

De son côté, Mme Baudchon a estimé que ce sont surtout les nombreuses incertitudes concernant le rythme et l'ampleur des réformes dans le cadre de la rigueur budgétaire qui affectent la confiance des ménages.

Dans un contexte de mauvaise situation économique et de détérioration du marché du travail, "les ménages veulent savoir à quelle sauce ils vont être mangés" en particulier sur la hausse de la pression fiscale et sur la refonte des prestations comme les allocations familiales et la retraite.

"Au fil du temps, les réformes et leurs effets vont se préciser, les ménages y verront plus clair et la confiance reviendra", a-t-elle fait valoir.

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