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La France, isolée au Mali, en voie de réussir son premier pari militaire

Des jeunes maliens entourent un char de l'armée française, le 20 janvier 2013 à Niono [Issouf Sanogo / AFP/Archives] Des jeunes maliens entourent un char de l'armée française, le 20 janvier 2013 à Niono [Issouf Sanogo / AFP/Archives]

La France semble en voie de réussir son premier pari militaire au Mali, avec une reconquête éclair en trois semaines de villes contrôlées jusqu'à présent par des islamistes, en dépit du manque de réactivité de ses alliés européen et américain qui pourrait laisser des traces.

"Les choses se passent comme prévu et ce qui est important c'est que le Mali, petit à petit, est libéré", a résumé lundi le chef de la diplomatie, Laurent Fabius.

Pour faire tomber les villes stratégiques de Gao et Tombouctou, l'armée française a mis les moyens: avions-bombardiers, hélicoptères, blindés, forces spéciales... Il n'y a pas eu de réel affrontement et la fuite des islamistes, maîtres de ces zones depuis l'été, a semblé un peu éperdue comme en témoignent les armes laissées sur le terrain, dont de redoutés missiles sol-air.

La guerre n'est pas finie et ne le sera jamais sur l'éradication définitive du terrorisme, mais la progression française, après des débuts difficiles (un militaire tué, perte d'un hélicoptère), apparaît chaque jour plus confortable, notamment grâce à un verrouillage médiatique efficace.

Laurent Fabius arrive le 28 janvier à l'Elysée pour participer à une réunion sur la situation au Mali [Bertrand Langlois / AFP]
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Laurent Fabius arrive le 28 janvier à l'Elysée pour participer à une réunion sur la situation au Mali
 

Interrogé par la chaîne de télévision France 2 pour savoir si l'armée française avait décidé d'accélérer le mouvement, Laurent Fabius a répondu par la négative: "Non, les choses se passent comme le président de la République (François Hollande) les a définies".

Pour "sa guerre contre le terrorisme", la France a manqué son "rendez-vous" avec l'Europe de la Défense pour laquelle elle plaide depuis des décennies.

Paris dément être isolé mais l'a été de facto, le seul réel soutien obtenu ayant été verbal, à l'ONU, en Europe ou aux Etats-Unis.

"Mieux vaut tard que jamais"

Trois semaines après l'ouverture des hostilités sans véritable aide, à l'exception de quelques avions de transport, le besoin de soutien change de braquet et les annonces des derniers jours semblent en décalage.

Paris avait réclamé au début du conflit des ravitailleurs pour ses chasseurs, Washington vient de s'y résoudre après moult hésitations. "Vaut mieux tard que jamais", ironise Jean-Pierre Maulny, de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Aujourd'hui, le besoin va aller croissant en matière de troupes pour occuper le terrain reconquis à Gao comme à Tombouctou. Pour cela, les troupes de la force interafricaine commencent à se déployer au Mali, et l'Union européenne va, à son rythme, engager sa mission de réorganisation de l'armée malienne planifiée depuis des mois.

Si l'expérience malienne pourrait laisser des traces "conjoncturelles" dans les relations de la France avec ses alliés, Jean-Pierre Maulny veut croire que cela ne sera pas "sur le long terme". L'absence de solidarité vient d'une approche interrogative des partenaires de Paris sur ses objectifs, sur la relation entre politique et militaire, explique-t-il.

Lorsque Paris décide de quitter prématurément ses alliés en Afghanistan, cela peut aussi laisser des traces, a jugé récemment un député britannique afin d'expliquer le peu d'empressement de Londres - et de ses armées - à aider Paris.

Pour la France, la deuxième phase qui s'ouvre et s'accompagne d'un processus d'aide politique et financière à Bamako, avec une conférence internationale prévue cette semaine en Ethiopie, l'enjeu est crucial.

Des troupes africaines de plus en plus nombreuses permettront à l'ex-puissance coloniale de réduire son dispositif - quelque 3.000 hommes au Mali actuellement -, et d'apparaître en soutien plutôt qu'en première ligne comme jusqu'à aujourd'hui.

"Nous ne voulons pas nous enliser", a martelé lundi le chef de la diplomatie française. "Nous tirons les leçons de toute une série de conflits et il n'y aura pas d'enlisement", a-t-il insisté, évoquant implicitement l'Afghanistan.

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