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Le front syndical s'effrite à Florange, mais le combat continue

Une personne avec un sigle de CGT dans le dos, lors d'une réunion sur l'avenir du site d'ArcelorMittal à Florange, le 10 décembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives] Une personne avec un sigle de CGT dans le dos, lors d'une réunion sur l'avenir du site d'ArcelorMittal à Florange, le 10 décembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]

Après une lutte viscérale et commune pour sauver les hauts fourneaux, le front syndical s'effrite à Florange, CGT et FO refusant obstinément l'accord entre Mittal et l'Etat, la CFDT, pourtant à la pointe de la fronde, et la CFE-CGC semblant s'y résigner.

Le 30 novembre, le géant sidérurgiste scellait dans son compromis avec le gouvernement l'extinction des hauts fourneaux, ne laissant à négocier aux syndicats que le volet social et le sort des 630 personnes à reclasser.

CFDT et CFE-CGC ont accepté de discuter, la CGT et FO non.

"On défend toujours les mêmes choses, mais aujourd'hui il y a deux stratégies", a toutefois assuré vendredi Lionel Burriello, secrétaire général de la CGT sur le site mosellan. Avec lui dans le local cégétiste de Florange, Pascal Grimmer (FO) acquiesce. "On attaque sur plusieurs fronts", explique-t-il à l'AFP.

Depuis son local à quelques mètres de là, Jacques Minet, secrétaire de la section CFDT à Florange, rappelle que "le fond du combat n'a pas changé (...). On continue notre combat pour les hauts fourneaux et pour Ulcos", qui devait faire de Florange un site pilote de captage-stockage de C02.

"La hache de guerre n'est pas enterrée, elle est posée le temps des discussions, mais elle n'est pas enterrée", rétorque-t-il à ceux qui disent que la CFDT a baissé les armes.

La vitrine de l'intersyndicale CFDT/CGT/FO/CFE-CGC née en février, incarnée par "le village de Gaulois" où grillaient les merguez, s'est fissurée avec "la trahison" de l'accord du 30 novembre. Les dissensions entre le club des trois ont alors éclaté au grand jour, la CFE-CGC faisant, elle, bande à part depuis mars.

Changement de ton

Le 5 décembre, avant l'explication de Jean-Marc Ayrault devant l'intersyndicale, Walter Broccoli (FO) agitait plein de colère "le torchon de deux pages" que constituait à ses yeux l'accord.

Après son "traître" lâché à l'annonce du compromis, Edouard Martin, figure CFDT de la lutte, apparaissait, lui, plus retenu dans la cour de Matignon, venu "pour muscler l'accord", non pour le dénoncer.

Edouard Martin, figure CFDT de la lutte à Florange, est face aux médias le 6 décembre 2012 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP/Archives]
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Edouard Martin, figure CFDT de la lutte à Florange, est face aux médias le 6 décembre 2012

Depuis, M. Martin a poursuivi ses coups d'éclat, menaçant d'occuper les hauts fourneaux pour que Mittal ne coupe pas leur dernier souffle, mais le ton est moins virulent.

C'est qu'au-dessus de lui, après avoir soutenu que "la seule solution" était "une nationalisation transitoire", le patron de la CFDT Laurent Berger a coupé court à toute contestation en qualifiant l'accord d'"acceptable" et de "victoire" pour l'emploi, plaçant de fait le syndicat local en porte à faux.

La CFDT Florange, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, est rentrée dans le rang. Elle a intégré la commission de suivi chargée d'assurer l'application des promesses de Mittal pour "devenir des acteurs et non plus des spectateurs", selon M. Martin. La CFE-CGC a fait de même.

Mais Jacques Minet nuance: "Certains principes de fond sont acceptables mais pas la forme". Il reste persuadé que l'accord qui n'a pas laissé le gouvernement indemne comporte encore "des marges de manoeuvre", d'où l'intérêt de participer au dialogue.

Refus "catégorique" de FO et de la CGT qui ont quitté théâtralement jeudi le face à face avec la direction, Norbert Cima (FO) fustigeant "un tissu de mensonges", la CGT accusant ArcelorMittal de mener "une politique de casse industrielle et sociale" et le gouvernement de s'en faire complice.

Mais les syndicats CGT-FO-CFDT ont rendez-vous mardi matin pour discuter des prochaines actions à mener.

De quoi "tordre le cou" au constat fait à chaud par certains que l'intersyndicale aurait éclaté à la sortie du comité central d'entreprise parisien de jeudi, assène M. Minet.

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