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Olivier Berthe : "La situation va devenir incontrôlable"

Olivier Berthe. [FRED DUFOUR / AFP]

Alors que la 28e campagne hivernale des Restos du coeur a commencé, les bénévoles s’attendent à franchir le seuil des 870 000 bénéficiaires cette année. Olivier Berthe, président des Restos du Coeur s’inquiète de cet afflux qui ne cesse de croître.

 

Les Restos du cœur ouvrent cette année à Montreuil le premier centre d’accueil avec des horaires spéciaux pour les seniors. Pourquoi maintenant ?

Depuis 4-5 ans, de plus en plus de personnes de plus de 60 ans viennent nous voir et nous demander de l’aide. 

Le phénomène récent est en train de se confirmer. Ils représentent aujourd’hui 10% de nos bénéficiaires. Des bénéficiaires qui ont besoin d’une attention particulière. D’une écoute plus soutenue. 

C'est un phénomène qui nous inquiète c'est vrai, mais ce qui frappe c’est que nous voyons arriver des centaines de familles avec enfants qui se retrouvent à la rue et qui ont besoin de nous.

 

Comment ces familles se retrouvent-elles à la rue ?

Il y a tout type de situations. 

Les familles et les enfants étaient prioritaires pour des hébergements d’urgence, bénéficiaient d’aides. Devant l’affluence, on manque de solutions.

Aujourd’hui, triste conséquence de la crise, la misère peut frapper tout le monde. La chute est arrivée très vite pour certains bénéficiaires. Une perte d’emploi, une rupture familiale… On se retrouve aussi de plus en plus facilement en difficulté pour trouver un logement, surtout quand on vit en agglomération. 

Aujourd’hui, en France, des femmes sortent des maternités avec leur bébé et se retrouvent à la rue. Nous sommes dans une vraie situation de crise.

 

Combien de temps pourrez vous tenir face à cette précarité croissante ?

Bientôt nous n’arriverons plus à faire face. Pour l’instant, nous pouvons compter sur le sursaut de nos bénévoles et de nos donateurs. Une chance. Mais, cela peut devenir vite incontrôlable. Surtout si le programme d’aide européenne dont nous dépendons à hauteur de 23% de notre budget est supprimé.

Sans cette aide, nous devrons d'abord durcir les critères de sélection des bénéficiaires pour tenir.

 

Lancez-vous un appel à l’aide aujourd’hui aux pouvoirs publics ?

Le président doit défendre bec et ongles le programme d’aide européenne qui est menacé. Nous allons aussi lui demander de mettre en place des plans d’action pour favoriser l’accès au logement, à la santé.... 

Nous attendons les mesures très rapidement. Cela devient urgent. Nous ne pouvons pas faire face seul. 

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