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La soeur de Merah va porter plainte contre M6

Le siège de M6 à Neuilly-sur-Seine [Bertrand Guay / AFP/Archives] Le siège de M6 à Neuilly-sur-Seine [Bertrand Guay / AFP/Archives]

Souad Merah a riposté mardi à la vague d'indignation soulevée par un documentaire de M6 en annonçant qu'elle portait plainte contre la chaîne qui l'a enregistrée à son insu quand elle se disait fière de son frère Mohamed.

"Les paroles (de Souad Merah) ont été prononcées lors d'une conversation avec son frère de manière privée. Ceux qui les diffusent sont punissables", a déclaré à l'AFP l'avocat toulousain Christian Etelin, qui va invoquer l'article 226/1 du code pénal pour déposer dans les prochains jours une plainte pour atteinte à la vie privée.

Filmée sans le savoir dans un jardin public toulousain pour un documentaire diffusé dimanche par M6, Souad Merah, 34 ans, voilée et se revendiquant du salafisme, se dit "fière de (son) frère, il a combattu jusqu'au bout". "Je pense du bien de Ben Laden, je l'ai dit aux flics, je peux te le dire à toi", déclare-t-elle à son frère aîné Abdelghani.

Ces déclarations ont continué à provoquer des condamnations, dont celles des responsables musulmans de France. Le parquet de Paris a ouvert lundi une enquête préliminaire pour apologie du terrorisme.

Me Etelin ne conteste pas que sa cliente ait prononcé ces mots. Mais, selon lui, sa mise en cause éventuelle pour apologie du terrorisme ne tient pas la route.

Pour lui, Souad Merah s'exprimait "dans l'intimité de la sphère privée". "Son frère l'a provoquée pour qu'elle tienne des propos absurdes. Le délit n'existe pas. L'apologie, c'est de tenir des propos en public avec la volonté de les rendre publics", a ajouté Me Etelin, qui défendait les intérêts de Mohamed Merah avant sa mort et vers lequel Souad s'est tournée quand la controverse s'est formée.

"Dans une démocratie, on ne punit pas les paroles privées", a-t-il dit.
 

Propos "barbares"

Me Etelin a jugé "scandaleux" le procédé employé par M6, et s'est "interrogé sur l'honnêteté (de ce) frère qui va jusqu'à mettre en cause sa propre soeur, sa mère et son frère en usant de moyens qui consistent à les piéger, et alors qu'il écrit un livre qu'il faut vendre", livre écrit avec l'auteur du documentaire.

Dans le livre qui sort cette semaine, Abdelghani décrit Souad, ancienne adolescente délurée, comme la première du clan à s'être ralliée au salafisme. Il assure qu'elle n'ignorait rien des intentions de Mohamed Merah et qu'elle l'a "soutenu dans sa folie".

Elle a été entendue le 22 mars alors que l'enquête était toujours en flagrance. Mais un autre frère, Abdelkader, reste seul à ce jour mis en examen et écroué pour complicité des sept assassinats, commis en mars par Mohamed Merah, de trois enfants et un enseignant juifs ainsi que de trois soldats à Toulouse et Montauban.

Le documentaire et les déclarations de Souad ont relancé chez les parties civiles les appels à explorer toutes les complicités éventuelles de Mohamed Merah, y compris celle de Souad.

Les paroles de Souad lui ont attiré la réprobation des responsables musulmans. Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, a fustigé des "délires verbaux" qui ne traduisent "en rien le vrai islam, religion de paix". Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé "au respect de la mémoire des victimes de ces tueries et des sentiments de leurs proches". L'un et l'autre ont déploré la méditisation de ces propos.

Laure Bergès-Kuntz, avocate de Loïc Liber, un soldat laissé pour mort par Mohamed Merah, a réclamé mardi que Souad soit entendue.

Albert Chennouf, le père du caporal Abel Chennouf, tué par Merah à Montauban, a dénoncé les propos "barbares" de Souad Merah. Pour la mère d'Imad Ibn Ziaten, le premier militaire tué, "tous les membres de la famille Merah sont fautifs".

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