Attaqués au porte-monnaie, les fumeurs vont-ils lever le pied ? Tabac à rouler ou cigarettes toutes faites, tous les produits du tabac voient aujourd’hui leurs prix augmenter d’au moins 6,5 %. Conséquence : plus aucun paquet ne sera vendu en dessous de 6,10 euros.
Cette hausse moyenne de 40 centimes du prix du tabac ce lundi matin est la plus importante depuis dix ans. Mais ce nouvel assaut sera-t-il vraiment efficace alors que l’Etat multiplie depuis des années les offensives contre le tabagisme ? Rien ne permet de l’affirmer, même si l’Organisation mondiale de la santé considère que l’augmentation des prix est la meilleure arme de dissuasion.
Ainsi, la hausse des tarifs en 2003-2004, de l’ordre de 40 %, avait entraîné une chute de 33 % des ventes de cigarettes, selon un rapport de la commission des finances de 2011. La consommation avait suivi le mouvement, passant de 34,5 % en 1999 à 30,4 % en 2003. Mais depuis, c’est le calme plat, avec un taux national de fumeurs tournant autour des 30%. Avec 73 000 décès par an, le tabac reste encore la première cause de mortalité évitable. Interview : "L'augmentation est trop modeste" pour le Pr Martinet.
Les anti-tabac réclament 10 %
Pour les anti-tabac, les armes employées, et notamment la hausse d’aujourd’hui, sont insuffisantes. «Si c’est une hausse très progressive comme durant les cinq dernières années, cela a peu d’effet sur la consommation», estime Yves Martinet, président de l’Alliance contre le tabac.
Il réclame une «cassure dans le prix», soit une hausse «brutale» de 10%, pour enrayer l’entrée des jeunes dans le tabagisme et inciter les fumeurs les moins aisés à s’arrêter. Mais cette hausse des prix ne ferait qu’accentuer un autre phénomène : les consommateurs sont incités à contourner le système et à franchir les frontières.
L’Espagne (4,25 € en moyenne le paquet), l’Italie (4,90 €) ou le Luxembourg (4,40 €) sont ainsi très attractifs, au grand dam des buralistes français. Selon les estimations des autorités, les achats transfrontaliers et le marché noir représenteraient pas moins de 20% des cigarettes fumées en France.