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Mais que veut Deschamps ? par Pierre Ménès

Chaque vendredi, Pierre Ménès tient sa "Grosse kronik" dans les colonnes de Direct Matin. [A MEUNIER / ICON SPORT / POUR DIRECTMATIN]

C’est comme une désagréable sensation. Pas une prémonition, mais quelque chose n’est plus vraiment clair avec Didier Deschamps et sa gestion de l’équipe de France, à désormais trois mois d’un Euro organisé à domicile.

Jusqu’à la Coupe du monde brésilienne, on avait bien tout suivi. Le but n° 1, c’était l’image, ou plutôt sa restauration. Peu importait, au fond, le résultat final, qui fut tout à fait correct, en plus. Ce qui comptait avant tout aux yeux de DD, c’était que le comportement des Tricolores soit impeccable. A renfort de jolis selfies en mode «Qu’est-ce que c’est chouette l’ambiance dans la colo». Une charte de bonne conduite avait même été signée par tous les internationaux et Didier Deschamps avait sacrifié Samir Nasri sur l’autel de ce nouveau principe. A défaut de faire vibrer la France, les Bleus commençaient à lui redonner confiance. Malheureusement, l’impression n’est plus la même. Il faut également dire qu’ils sont bien trop nombreux à être à l’affût du moindre soubresaut pour exhumer le fantôme nauséabond de Knysna (Afrique du Sud en 2010).

L’affaire Benzema-Valbuena est un désastre. Pour l’image de l’équipe de France, pour son unité et pour son proche avenir, c’est-à-dire l’Euro.De quoi parle-t-on déjà ? D’une mise en examen d’un joueur de l’équipe de France pour une participation à une tentative de chantage sur un coéquipier en sélection, le tout lors d’un rassemblement. Ce n’est pas anodin, présomption d’innocence ou pas. J’avoue être assez sidéré de voir tant de monde mettre dans la balance le niveau sportif de Karim Benzema dans cette histoire. Du genre : «Ok, ce n’est pas bien, mais sans lui on ne peut pas gagner l’Euro.» C’est tout à fait simpliste et choquant.

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Le souci, c’est que cet air nous est servi par Didier Deschamps, notamment lors d’une longue et hallucinante interview à L’Equipe en fin de semaine dernière. «Tous les pays nous l’envient», c’était le titre choisi. Titre adoubé par Karim Benzema lui-même, qui a posé devant la une à la gare de Lyon avec un air triomphant. Dans cette histoire, Mathieu Valbuena, la victime faut-il le rappeler, est passé à la lessiveuse. Il faut dire que le petit meneur, ex-pilier des Bleus, a eu la mauvaise idée de nous sortir en même temps une saison d’une rare médiocrité avec Lyon. Mais Valbuena a toujours été bien meilleur en sélection qu’en club. L’inverse de Benzema, soit dit en passant.

Seul le résultat compte pour lui

Didier Deschamps se moque de tout ça. Il veut avant tout gagner l’Euro. Il n’y a que ça qui l’intéresse. Son calcul est donc très simple : la chose est réalisable avec Benzema. Pas sans. Le piège serait aussi de se planter avec Karim Benzema dans une ambiance qui pourrait bien s’avérer hostile en sa présence. Le problème du sélectionneur n’est pas simple. Sa manière de le gérer non plus.

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L’auto-annonce d’une éventuelle envie de retour en sélection de Franck Ribéry n’ajoute rien dans cette absence de transparence. Mais là, au moins, Didier Deschamps n’en est pas responsable. Du coup, on attendait avec une certaine impatience la dernière liste du sélectionneur avant celle de l’Euro, sachant que Karim Benzema est toujours non sélectionnable à l’heure actuelle pour la FFF, et que Mathieu Valbuena est hors de forme et en phase de reprise.

Deschamps, qui est malin, a su faire plaisir. Dimitri Payet et Ngolo Kanté, qui brillent en Premier League, sont là. Ils joueront très gros sur ces deux matchs, s’ils ont vraiment leur chance. Pour le reste, le message est clair. Pas en forme ou pas titulaires ou anonymes, les cadres du groupe sont et resteront intouchables. Olivier Giroud, Yohan Cabaye, Mamadou Sakho et d’autres seront à l’Euro. Samuel Umtiti, Aymeric Laporte, Kevin Gameiro ou même Hatem Ben Arfa (qui avait été sorti à la mi-temps d’un match à Wembley disputé quelques jours après les attentats de Paris et dans des conditions plus que particulières) peuvent songer à choisir leur plage pour le mois de juin.

Tout ça fait que le sentiment laissé est déplaisant.  En même temps, ça, Deschamps en a l’habitude et, c’est une de ses grandes forces, il s’en fiche complètement. Pour lui, c’est le résultat qui compte. Il sera donc jugé là-dessus

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