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James Blunt, entre guerre et paix

James Blunt[CC/*~Dawn~*]

La musique de James Blunt, originaire du Wiltshire, en Angleterre, est un mélange de folk et de pop, sur laquelle le duo guitare-voix est très présent. Retour sur la trajectoire supersonique de ce jeune Anglais que l’héritage familial prédisposait à l’armée, mais qui, ayant côtoyé la guerre et la mort au Kosovo, a préféré la musique et la vie.

 

Archive – Article publié le 2 octobre 2008

 

Tout le monde se souvient de ce clip de 2004 dans lequel les téléspectateurs des chaînes musicales avaient découvert un jeune homme mince, seul face à la caméra, sur une sorte de banquise de studio de cinéma, se débarrassant de ses habits un à un jusqu’à se retrouver torse nu et sauter à la mer.

L’interprétation de cette vidéo avait divisé les mélomanes. Les plus réfractaires à la voix ténue et au regard langoureux de ce nouveau venu ne retenaient que la scène finale, et chaque nouvelle écoute de l’entêtant « You’re Beautiful »  ne suggérait chez eux qu’une envie de grands espaces et d’océans agités. Les plus prosaïques se contentaient de remarquer que le beau ténébreux ne semblait pas être spécialement frileux. Mais pour une large partie du public, cette parabole visuelle ne visait qu’à souligner que la musique de James Blunt réchauffe de l’intérieur. Il est vrai qu’on s’imagine aisément écouter les ballades du songwriter natif de Tidworth, empreintes d’une beauté fragile et d’une naïveté adolescente, au coin d’un feu de cheminée où l’on ferait griller des marshmallows en buvant un chocolat chaud. Les mauvaises langues peuvent bien dire ce qu’elles veulent, grâce au jeune trentenaire et à son album Back to Bedlam, des millions de personnes ont connu un hiver 2004 un peu moins froid.

 

Vidéo : Clip de « You’re Beautiful » (2004)

 

 

Coup d’essai, coup de maitre

Avec son premier album, James Blunt fait une entrée fracassante sur la scène musicale internationale. Son premier single (le fameux « You’re Beautiful »  évoqué plus haut), a trusté les ondes pendant de nombreuses semaines, et par conséquent les classements de ventes, se hissant en première position au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en Irlande, aux Pays-Bas, en Belgique, Norvège, Suède et Italie, et sur la seconde marche en Allemagne, Suisse et Australie. Le tube suivant, « Goodbye My Lover », connut un succès plus relatif, mais permit tout de même de soutenir les ventes de l’album qui a été certifié dix fois disque de platine en Grande-Bretagne et deux fois aux Etats- Unis.

Sur l’ensemble de la planète, le premier opus de James Blunt a été vendu à plus de 12,5 millions d’exemplaires. Cette réussite, le jeune chanteur la doit avant tout à une rencontre. Celle avec Linda Perry, qui connut son heure de gloire au début des années 1990 avec le groupe 4 Non Blondes. Reconvertie dans la production, elle lance en 2003 son propre label, Custard, et cherche de jeunes talents à promouvoir. En visite en Angleterre, elle tombe sur la maquette qu’a fait circuler le jeune auteur. Après avoir été l’écouter sur une petite scène pour le juger sur pièces, elle lui propose un contrat. Un mois plus tard, à presque 30 ans, James Blunt s’envole pour enregistrer son premier disque à Los Angeles.

 

Vidéo : Clip de « Goodbye my lover » (2005)

 

 

Pari gagnant

S’il ne peut pas encore imaginer l’accueil que réservera le public à ce premier disque, le chanteur débutant a déjà le sentiment d’avoir gagné son pari. Car lorsqu’il abandonne sa carrière dans l’armée en 2002 pour tenter l’aventure dans l’industrie musicale, sa décision n’est pas très bien accueillie dans sa famille. Il faut dire que chez les Blunt, ou plutôt les Blount (l’orthographe exacte de son nom de famille), la question de la vocation ne se pose pas. On est militaire de père en fils. Le renoncement à cette tradition familiale est douloureux pour son père, Charles, pilote d’hélicoptère et colonel dans la Royal Air Force. Mais le choix d’une vie d’artiste est encore plus dur à avaler pour cet homme rigoureux, qui ne conçoit pas une vie de saltimbanque pour son enfant.

Mais pour James Blunt, l’émancipation de la destinée familiale répond à un besoin profond. Depuis son enfance, il évolue dans un contexte martial. Scolarisé dans une école militaire, il poursuit ses études à l’université de Bristol, grâce à une bourse de l’armée. En compensation, il doit servir au minimum quatre ans dans les forces royales à l’issue de son cursus. Il gagne rapidement ses galons de capitaine et, en 1999, participe à la mission de stabilisation de paix au Kosovo sous l’égide de l’Otan. C’est dans les Balkans, où sa guitare l’accompagne jusqu’à bord des chars dans lesquels lui et ses camarades se déplacent, qu’il compose la chanson « No Bravery », qui porte les germes de sa désillusion vis-à-vis de l’engagement militaire. A son retour, en 2000, James Blunt prolonge tout de même son engagement. Mais deux ans plus tard, il se décide à tout quitter pour tenter de se réaliser à travers sa passion pour la musique. La suite des événements a démontré que le choix était judicieux. Il n’aura fallu à James Blunt qu’un an à arpenter les petites scènes avant d’être repéré par Linda Perry. Puis un seul album lui aura été suffisant pour s’inviter parmi les artistes les plus populaires de ce début de siècle. Avec le succès de Back to Bedlam, le jeune trentenaire a été propulsé dans un nouveau monde.

 

Vidéo : Clip de « No Bravery » (2006)

 

 

Aujourd’hui, après dix ans de carrière, trois albums et autant de tournées planétaires, l’ex-capitaine de l’armée britannique a fait fortune et acquis une célébrité internationale. Si l’on imagine qu’il ne regrette pas la tournure qu’a prise sa vie, il avoue être resté le même jeune homme timide et ne pas comprendre l’intérêt qu’il suscite dans la presse people. Ce revers de la médaille semble en effet peser sur la nouvelle coqueluche de la pop anglaise. Pourtant, James Blunt devait savoir à quoi s’attendre, lui qui, étudiant à l’université, avait rédigé un mémoire de fin de cycle intitulé : «La marchandisation de l’image, fabrication d’une nouvelle star ».

 

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