Depuis plus de quarante ans, Costa-Gavras prône un cinéma engagé. «Eden à l’Ouest», le dernier film du réalisateur d’origine grecque, est une fable poétique sur l’immigration. Tout en dénonçant les travers de notre société, le réalisateur gréco-français livre un film moins sombre que ses précédents.
Archive – article publié le mercredi 11 février 2009
En quoi le film est-il une odyssée ?
Costa-Gavras : Comme Ulysse, Elias, le personnage principal, traverse les mers en quête d’un foyer, à la différence près que ce dernier est parti pour en fonder un, et non retrouver les siens. Ce récit d’aventures est aussi une manière de présenter notre monde, de manière poétique, parfois tragique. On ne prend pas le temps, chaque jour, de prendre du recul face à nos actes. Le voyage permet de poser un autre regard sur notre société.
Vidéo : Z de Costa-Gavras avec Yves Montand
Vous êtes vous-même immigré. Est-ce un peu votre histoire ?
C-G : Ce n’est pas un récit autobiographique mais c’est en effet un film très personnel. Je connais un certain nombre des situations vécues par Elias et je suis très sensible aux difficultés que peuvent vivre les personnes migrantes.
Pourquoi avoir plutôt choisi la légèreté pour traiter ce sujet ?
C-G : On a tendance à ne montrer que des choses tragiques concernant l’immigration, et certains hommes politiques jouent avec la peur des gens. Je pense, au contraire, que l’immigration n’est pas un danger pour la société, qu’elle l’enrichit. J’ai donc voulu traiter ce sujet de manière plus «solaire», donner un peu d’optimisme dans un monde où l’on nous dit tous les jours que demain sera pire qu’hier.
Vidéo : Bande-Annonce d’Eden à l’ouest
Qu’est-ce qu’être un réalisateur engagé en 2009 ?
C-G : Tous les réalisateurs sont engagés, dans le sens où nous avons une responsabilité envers nos spectateurs. Le rôle du cinéma est de parler de la société. Je lisais récemment un article du New York Times qui expliquait que si Barack Obama avait été élu, c’était en partie grâce au cinéma qui a considérablement amélioré l’image de l’homme noir dans notre société.
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