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Dans "Le Capital", Costa-Gavras s'engage contre la finance

Costa-Gavras le 12 novembre 2012 lors de la présentation de son dernier film "Le Capital" [Joel Saget / AFP] Costa-Gavras le 12 novembre 2012 lors de la présentation de son dernier film "Le Capital" [Joel Saget / AFP]

Le réalisateur franco-grec Costa-Gavras renoue avec le cinéma engagé en dénonçant les spéculateurs sans scrupule dans son dernier film "Le Capital" qui sort mercredi en France et en Suisse, après avoir été très applaudi lors de sa présentation en Espagne et en Grèce.

Tiré du roman éponyme de Stéphane Osmont, "Le Capital", référence à Karl Marx, raconte l'ascension d'un jeune polytechnicien, Marc Tourneuil, dans le monde de la finance et de la spéculation, laissant pays et individus exsangues.

Incarné par le comique Gad Elmaleh, crédible dans ce rôle à contre-emploi, Tourneuil est un homme intelligent et séduisant qui jongle avec la bourse et rêve de "pouvoir" pour être "respecté".

"Notre ennemi, ce n'est pas le monde de la finance, c'est la dérive du système financier, c'est la corruption, le capitalisme sauvage. Je suis devenu cynique par rapport à tout ça", a affirmé à l'AFP le comédien français né au Maroc il y a 41 ans, surtout connu pour ses rôles comiques ("La vérité si je mens").

Au début du film, Tourneuil est bombardé président de la Phénix, banque fictive française, dont le précédent président vient de subir une attaque cardiaque. Les membres du conseil d'administration, qui l'imaginent manipulable parce que sans expérience, se servent de lui en attendant que l'ancien directeur recouvre la santé.

Mais ce surdoué de la finance se révèle redoutable et finit par déjouer complots et contre-complots, notamment d'un fonds de pension américain qui veut mettre la main sur Phénix, supplantant tout le monde pour devenir le patron incontesté du groupe financier.

Goût du luxe

"Produits toxiques", "paradis fiscaux", "hedges funds" sont les valeurs dans lesquelles il se reconnaît parce que ce sont les seules à lui procurer ce qu'il aime le plus au monde: l'argent. "Mais pourquoi as-tu besoin de tout cet argent?", lui demande, interloquée, sa femme (Natacha Régnier), qui finira par ne plus aimer l'homme sans morale qu'il est devenu.

Avec l'argent lui viendra le goût du luxe - il oblige son épouse, qui trouve cela "indécent", à porter lors d'une soirée une robe à 22.000 euros - et celui des tops models. Sans illusions, il sait aussi que tout cela est "un jeu".

Quatre ans après le début de la crise financière, Costa-Gavras, cinéaste engagé (L'Aveu, Z, Missing, Le couperet...) décortique avec maestria un milieu "vaniteux, futile et clanique".

Son film, dont il a eu l'idée après avoir lu le livre de l'économiste Jean Peyrelevade, "Capitalisme total", puis celui de Stéphane Osmont, happe l'attention du spectateur-citoyen en le plongeant à un rythme soutenu dans une actualité de plus en plus anxiogène.

"Aujourd'hui, tout le monde parle des marchés et personne ne sait qui ils sont. Ils sont devenus la nouvelle idéologie", a-t-il affirmé à l'AFP. "Du temps des communistes, il y avait la soumission au parti. Maintenant, c'est la soumission aux marchés".

"Le capital" a été "beaucoup applaudi" lors de sa présentation en Grèce, pays d'origine du réalisateur le plus touché par la crise, ainsi qu'en Espagne, se félicite-t-il.

Costa-Gavras se veut malgré tout "raisonnablement optimiste": "Quand il y a de plus en plus de problèmes, on finit par trouver une solution, c'est la nature du genre humain".

(Sortie mercredi en France et en Suisse, le 21 novembre en Belgique)

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