Après avoir joué dans la comédie romantique Un bonheur n’arrive jamais seul, Gad Elmaleh opère un virage à 180 degrés en interprétant un banquier dans Le Capital, le nouveau film de Costa-Gavras. Une expérience enrichissante pour l’humoriste préféré des Français.
Quelle a été votre réaction quand Costa-Gavras vous a proposé le rôle?
J’ai ressenti de l’appréhension parce que l’acteur de comédie que je suis ne peut qu’être déstabilisé devant une proposition comme celle de Costa-Gavras. Parce que je sors complètement de ma zone de confort et je ne pouvais m’empêcher de me demander si j’allais être à la hauteur. Mais Costa m’a donné confiance et j’ai eu raison de l’écouter. J’étais passionné par le personnage, j’avais vraiment envie de l’interpréter.
Pourquoi s’implique-t-on dans un film engagé ?
D’abord pour travailler avec Costa-Gavras. Pour m’améliorer, m’enrichir, évoluer. Mais aussi parce que j’aime l’idée de participer à un projet qui montre comment sont causées les dérives du système financier international et comment une poignée d’hommes arrivent à décider du sort de millions de salariés. Ce film ne parle pas uniquement de la banque ou de la finance mais aussi de l’époque que l’on vit.
Comment s’est passé le tournage auprès de Costa-Gavras?
Il y a une chose qui est agréable avec les réalisateurs qui ont de l’expérience, c’est qu’ils ont une autorité naturelle. Il y a donc une confiance et une sérénité sur le plateau qui fait qu’on peut essayer des choses. Costa a consenti à quelques-unes de mes propositions et pour l’anecdote, à chaque proposition acceptée, il me donnait un euro. Je ne sais pas si c’est parce qu’on faisait un film sur la banque...
Savez-vous pourquoi Costa-Gavras a pensé à vous pour jouer Marc Tourneuil ?
Un jour, je l’ai entendu dire que le fait de faire jouer à quelqu’un, envers qui on a un a priori positif, quelque chose de très dur, ça rendrait le personnage assez ambigu. Je trouve que ce n’est pas faux. On ne peut nier que je fais partie des gens qui ont la sympathie du public. Et faire jouer un personnage de « tueur » par quelqu’un pour qui on a de l’empathie, de l’affection, c’est plus intéressant que de le faire jouer par quelqu’un, a priori, identifié comme un méchant. Ca rend le personnage très cynique, très froid.
Pour préparer votre rôle, comment vous y êtes-vous pris ?
Je me suis appuyé sur deux choses. D’abord sur le travail d’acteur, d’intériorisation du personnage, parce que le plus dur était de ne pas être démonstratif. Naturellement, j’ai tendance à évoquer les choses physiquement. Puis, je me suis informé sur la finance et l’économie. Et enfin, j’ai mélangé les deux. J’ai rencontré des banquiers, pour observer leur gestuelle, la manière dont ils se comportent.
Est-il important pour vous que ce film soit vu par le plus grand nombre ?
En effet, et c’est un exercice qui est plus compliqué pour ce film parce qu’on n’a pas l’a priori du public, des médias, des financiers. C’est un film qui est compliqué depuis le début de sa fabrication. Les gens ne le savent peut-être pas, mais le financement d’un film qui n’est pas une comédie populaire, même si un acteur populaire est au casting, est compliqué. En plus, pour financer un film sur les banques en demandant de l’argent aux banques… Même pour la sortie du film, les distributeurs ont été frileux. Il n’y a plus de certitude dans le cinéma. Il ne suffit plus d’avoir un casting populaire pour faires des entrées avec un film.
Vous changez de registre… La diversité au cinéma, c’est quelque chose que vous allez rechercher dorénavant ?
Oui, et rencontrer Costa-Gavras m’a rendu plus exigeant parce que travailler avec un grand metteur en scène m’a beaucoup appris. On m’avait souvent proposé des films dramatiques mais je ne comprenais pas pourquoi on me les proposait. Je voyais toujours l’opération marketing : un rôle à contre-emploi. Costa, lui, me l’a proposé froidement. Il pensait que ça pouvait être intéressant.
Quels sont vos projets maintenant ?
Le prochain spectacle. Celui-ci sera enrichi de toutes ces expériences que je vis en ce moment. Pour l’instant, j’en suis au rodage et à l’écriture, pour une affiche en 2014.
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