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L'authentification de la tête d'Henri IV toujours contestée

Présentation lors d'une conférence de presse le 16 décembre 2010 à Paris des résultats d'une étude scientifique qui ont permis d'identifier la tête d'Henri IV, assassiné en 1610 par Ravaillac [Fred Dufour / AFP/Archives] Présentation lors d'une conférence de presse le 16 décembre 2010 à Paris des résultats d'une étude scientifique qui ont permis d'identifier la tête d'Henri IV, assassiné en 1610 par Ravaillac [Fred Dufour / AFP/Archives]

L'authentification de la tête du roi Henri IV, annoncée cette semaine par une équipe scientifique franco-espagnole ayant trouvé un profil génétique commun entre la tête momifiée et du sang séché attribué à son descendant Louis XVI, est de nouveau contestée par l'historien Philippe Delorme.

"La +découverte+ de ces fragments d'ADN - pas davantage que les études précédentes - ne permet d'affirmer que ce crâne serait celui de Henri IV", insiste Philippe Delorme dans un communiqué reçu par l'AFP et co-signé par Olivier Pascal, expert en empreintes génétiques auprès des tribunaux.

Selon l'étude publiée lundi en ligne par la revue Forensic Science International, Henri IV et Louis XVI ont le même patrimoine génétique passant par les pères, a expliqué à l'AFP le Dr Philippe Charlier, médecin légiste à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches, en région parisienne, et grand spécialiste des énigmes historiques.

C'est précisément l'ADN "paternel", l'ADN du chromosome Y, prélevé à la fois sur la tête momifiée de Henri IV et dans le sang séché de Louis XVI, qui a parlé, balayant les derniers doutes sur l'authenticité de la tête d'Henri IV, selon le Dr Charlier.

Mais pour Philippe Delorme, auteur d'un ouvrage sur le Vert-Galant ("Henri IV, les réalités d'un mythe") et d'une enquête historique sur le coeur de Louis XVII, "cette affirmation définitive mérite de sérieuses critiques".

"L'ADN utilisé pour la comparaison est celui des régions variables du chromosome Y", or "plusieurs personnes dans la population générale peuvent avoir le même chromosome Y sans pour cela être apparentées", souligne-t-il notamment dans son communiqué.

Par ailleurs, l'étude n'a déterminé au total que sept allèles (variantes d'un gène), dont deux diffèrent avec le sang attribué au descendant de Henri IV, indique M. Delorme.

"Dans notre pratique quotidienne pour les affaires criminelles, ces deux différences sont suffisantes pour exclure un lien de parenté par la lignée paternelle", fait valoir le communiqué.

Et "quand bien même l'identité serait parfaite entre l'ADN du chromosome Y du sang et l'ADN du chromosome Y du crâne, il serait impossible d'affirmer que le sang est celui de Louis XVI et le crâne celui d'Henri IV par absence d'élément de référence", les deux sujets étant a priori "inconnus", écrivent Philippe Delorme et Olivier Pascal.

Retrouvée en 2008, après plusieurs siècles de pérégrinations, la tête du roi Henri IV avait été authentifiée en 2010, sur la base de nombreux recoupements scientifiques et historiques, par une équipe d'une vingtaine de spécialistes conduite par le Dr Charlier. Mais ils avaient alors échoué à extraire l'ADN.

M. Delorme, qui avait déjà à l'époque critiqué leur méthodologie, pointe toujours du doigt "de graves lacunes de l'enquête historique". Il s'étonne notamment que la tête n'ait pas été sciée, "comme c'était le cas pour les embaumements royaux sous l'Ancien Régime, et comme l'atteste l'un des témoins oculaires officiels des profanations de 1793".

Quant au sang attribué à Louis XVI, il a été récupéré dans une sorte de gourde possédée par une famille aristocratique italienne. Cette gourde aurait contenu un mouchoir qui avait trempé dans le sang royal, le jour où Louis XVI fut guillotiné, le 21 janvier 1793.

Sept générations séparent les deux rois de France, Louis XVI descendant en ligne directe paternelle d'Henri IV.

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