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La semaine de Philippe Labro : Bordeaux en vogue, Lyon en pleine lumière

Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. Philippe Labro, écrivain, cinéaste et journaliste. [THOMAS VOLAIRE]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour Direct Matin, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

 

Deux fois la province, en une semaine. Bordeaux et puis Lyon – deux voyages instructifs. Il est toujours utile de s’éloigner de Paris.

 

JEUDI 9 OCTOBRE

Bordeaux. J’anime un colloque à l’occasion d’un déplacement d’une quarantaine de "Young Leaders" – ce programme, initié par la French-American Foundation France, consiste à réunir de jeunes professionnels entre 30 et 40 ans, dont les compétences les conduiront, plus tard, sans doute, à jouer un rôle éminent dans les relations entre nos deux pays. On compte, parmi les anciens "Young Leaders", Bill et Hillary Clinton, ou François Hollande et… Alain Juppé.

Précisément, le maire de Bordeaux reçoit le groupe dans la belle mairie de cette ville, dont les jeunes adultes vont découvrir, pendant quarante-huit heures, quelques personnalités, ou quelques lieux symboliques : la fameuse frégate L’Hermione, ce navire qui permit à Lafayette de rejoindre les insurgés américains, se battant pour l’Indépendance, en 1780. Il a fallu près de dix-sept ans pour que L’Hermione soit reconstruite, à l’identique. Au Port de la Lune, le bateau a reçu, en huit jours, des milliers de visiteurs.

Et puis, il y a la Librairie Mollat, une des plus importantes de France, avec son patron, Denis, fier de bientôt fêter les 120 ans de cette institution qu’il a su moderniser, et qui vient d’afficher, ce jour-là, dans ses vitrines, à peine la nouvelle connue, le Nobel de Modiano.

Au cours du déjeuner, présidé par Alain Juppé, on observe la forme de celui qui, pour l’instant, est en tête dans les sondages. L’homme est souriant, ses mains battent la mesure d’un discours déjà très rodé ("apaiser, rassembler, réformer" – et "il faut recréer la confiance, c’est un facteur de croissance, il n’y a pas de secret"). Il ne dissimule en rien – bien au contraire – une détermination sans agressivité. Bordeaux va bien, et son maire aussi.

 

LUNDI 13 OCTOBRE

Lyon. Ouverture du festival Lumière, organisé par Thierry Frémaux. Autant, à Bordeaux, on baignait dans la politique ou l’économie, autant, ici, ce sont de vrais "cinglés de cinéma" qui, pendant huit jours, vont pouvoir, du matin au soir, dans plus de trente-cinq salles de cinéma de Lyon et vingt-six communes du Grand Lyon, voir, revoir, découvrir 147 films, aussi bien toute l’œuvre de Claude Sautet que du Sergio Leone, du Frank Capra, du Pedro Almodovar, à qui on remettra le prix Lumière.

Je participe à un déjeuner au cours duquel Bertrand Tavernier (véritable mémoire du cinéma), va nous éblouir par ses anecdotes, ses descriptions de six à sept films français méconnus des années 1940 et 1950 : Decoin, Gréville, Grangier, etc. Il est intarissable sur Gabin, Autant-Lara, et donnera, dans la semaine, une "master class" qui remplit, comme chaque année, la grande salle de l’Institut. Je ne connais pas un type plus "cultivé ciné" que Tavernier. Il m’épate.

Le soir, j’assiste, dans l’immense Halle Tony-Garnier, sur un écran géant de 200 m2, à la projection de Bonnie and Clyde – le chef-d’œuvre d’Arthur Penn, qui n’a pas pris une ride. Faye Dunaway, qui incarna la belle et tragique Bonnie est là – bouleversée par l’accueil de 4 700 personnes, dont 500 personnalités du cinéma. Elle partira avant la fin.

C’est une soirée d’une ampleur et d’une chaleur, d’une ferveur silencieuse, qui sera suivie d’ovations, comme si, grâce à Frémaux et ses équipes, c’était toute une ville, Lyon, qui voulait illustrer la phrase d’Edgar Morin : "Le cinéma nous rend meilleurs et plus intelligents que dans la vie quotidienne. Le malheur, c’est que nous l’oublions dès que nous sortons de la salle." 

 

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