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Quand Google veut influencer le dictionnaire suédois

Le logo de Google [Joel Saget / AFP/Archives] Le logo de Google [Joel Saget / AFP/Archives]

Le Conseil de la langue suédois a révélé mardi avoir retiré de sa liste de néologismes le mot "ingooglable" après des demandes du géant américain de l'internet Google qui voulait introduire sa marque dans la définition.

Avec "zlatanera" (zlataner) ou "Tintingate" (la polémique sur le racisme dans "Tintin au Congo"), le mot "ogooglebar" faisait partie de la quarantaine d'entrées incluses dans cette liste annuelle des néologismes suédois, publiée en décembre.

Définition de ce mot: "qu'il n'est pas possible de trouver sur l'internet avec un moteur de recherche".

Le Conseil de la langue, institution dépendant du ministère de la Culture, tâche dans cette liste de donner une définition à des mots qu'elle estime intéressants.

Mais depuis décembre, "l'entreprise Google s'est efforcée d'influencer le Conseil de la langue dans sa gestion du mot", a expliqué dans un communiqué le Conseil.

Selon lui, Google cherchait à faire insérer une mention légale rappelant que la marque était protégée, et limiter la définition au fait qu'un mot soit introuvable sur Google et non sur des moteurs de recherche en général.

Interrogé par l'AFP, Google Suède n'a pas voulu confirmer qu'il avait formulé de telles demandes.

"Google, comme beaucoup d'entreprises, prend régulièrement des mesures pour protéger ses marques déposées", a indiqué son directeur de la communication, Gustaf Brusewitz, dans un communiqué.

"Nous sommes ravis que les utilisateurs associent le nom Google à de bons résultats de recherche", a-t-il ajouté.

Un juriste embauché par Google Suède, Petter Rindforth, a déclaré à l'agence de presse suédoise TT qu'il trouvait normal que le propriétaire d'une marque la défende. Interrogé par l'AFP, il a refusé de commenter ce différend en particulier.

La présidente du Conseil de la langue, Ann Cederberg, a déploré le côté procédurier de Google. "Nous n'avons ni le temps ni l'envie de nous engager dans le processus fastidieux que Google tente de lancer. Nous ne voulons pas non plus faire de compromis et modifier la définition d'+ogooglebar+ de la façon que souhaite le groupe. Cela irait à l'encontre de nos principes", a-t-elle écrit.

Elle a été soutenue par Peter Englund, le secrétaire perpétuel de l'Académie suédoise, qui à l'image de l'Académie française rédige un dictionnaire officiel.

"Ils se sont tiré une balle dans le pied", a-t-il déclaré à TT, se référant à la mauvaise publicité pour Google qu'a générée l'affaire, d'après lui.

"Si nous avions de nombreuses indications selon lesquelles ce mot existe véritablement et est employé, alors il deviendrait partie intégrante de la langue suédoise (...) A ce moment-là Google pourrait sortir sa grosse artillerie, parce que nous avons une aussi", a-t-il lancé.

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