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Birmanie : la révolution internet en marche avant la visite du patron de Google

Un employé des télécommunications birmanes, le 20 mars 2013 à Rangoun [Ye Aung Thu / AFP] Un employé des télécommunications birmanes, le 20 mars 2013 à Rangoun [Ye Aung Thu / AFP]

Pendant des décennies, la junte birmane s'est appliquée à étouffer internet, vu comme une dangereuse passerelle vers la liberté, mais lorsque le PDG de Google Eric Schmidt découvrira Rangoun vendredi, il rencontrera des internautes plus ambitieux que jamais.

Le secteur, certes, démarre de zéro ou presque dans ce pays encore sous la coupe des militaires il y a deux ans et où les connections demeurent à ce jour aussi lentes qu'irrégulières.

Mais cela ne décourage pas la jeunesse urbaine du pays, toute surprise de voir tomber les uns après les autres tabous et interdictions, comme le blocage de gmail ou YouTube.

Tous les sites sont aujourd'hui accessibles, affirme ainsi Ye Min Oo, 28 ans, technicien d'un café internet. "Même les responsables gouvernementaux utilisent gmail".

Vendredi, Schmidt prononcera un discours au Parc technologique de l'ancienne capitale dans le cadre d'une tournée asiatique, et après un voyage très controversé en Corée du Nord en janvier.

Sa visite "vise à prendre contact avec des partenaires locaux et des +googlers+ qui travaillent pour améliorer la vie de millions de gens dans la région, en les aidant à se connecter et accéder à une information planétaire pour la première fois", selon un communiqué du groupe.

Peu de détails ont été diffusés sur son séjour. Mais les propriétaires de cafés internet espéraient que cette visite accélère encore le processus.

"Il y a plus de liberté qu'avant mais certaines choses sont encore bloquées", explique Hein Htet Aung. "La visite de Google est bonne pour tout le monde. La nouvelle génération du secteur va découvrir des opportunités".

Un rapport de Reporters sans frontières (RSF) en décembre avait établi que les gérants de cafés internet n'étaient plus harcelés par la police et n'étaient plus tenus de conserver les mots de passe de la clientèle.

Le blogueur birman Htoo Tay Zar, le 20 mars 2013 à Rangoun [Ye Aung Thu / AFP]
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Le blogueur birman Htoo Tay Zar, le 20 mars 2013 à Rangoun
 

L'organisation basée à Paris avait pour autant souligné le maintien de lois extrêmement répressives, qui avaient permis l'emprisonnement de blogueurs et de journalistes par le passé, notamment la loi sur les transactions électroniques qui punit de 15 ans de prison toute activité anti-gouvernementale.

En 2007, lors d'une puissante révolte emmenée par les moines bouddhistes de Rangoun, les militants avaient utilisé la toile pour diffuser à l'étranger les images d'une répression sanglante, avant que les autorités ne musèlent le réseau.

Et internet était régulièrement coupé certains jours sous l'ancien régime, notamment le 8 août, qui commémore les émeutes de 1988, les plus violentes de l'histoire de la junte militaire.

Mais les réformes politiques menées par le nouveau gouvernement, au pouvoir depuis la transition pacifique de mars 2011, ont bouleversé le paysage, réel comme virtuel. En septembre 2011, des sites comme la BBC ou le groupe de média en exil Democratic Voice of Burma sont devenus disponibles.

Le pays, qui compte 60 millions d'habitants, est devenue la coqueluche des groupes étrangers de produits de consommation. Et l'arrivée en masse des derniers smartphones, tablettes et autres ordinateurs portables est imminente, tandis que la police et le porte-parole du gouvernement communiquent via Facebook.

Même la députée de l'opposition Aung San Suu Kyi, libérée en 2010 après 15 ans de résidence surveillée, a pu installer internet chez elle l'année suivante, ravie d'entrer dans une modernité dont elle avait été si longtemps privée.

Elle a rapidement indiqué vouloir s'initier à Twitter. Avant d'avouer qu'elle était trop occupée pour s'en servir...

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