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«Le sport est un outil extraordinaire» : Laurent Dupont, directeur général de Peace and Sport

Peace and Sport mène des programmes en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine, en France et aux États-Unis. [Peace and Sport]

Le 6 avril prochain, la campagne #WhiteCard créée par Peace and Sport sera de retour pour promouvoir les valeurs positives et constructives du sport. A cette occasion, Laurent Dupont, directeur général de l’organisation, a répondu à nos questions.

Créée en 2007, Peace and Sport utilise la pratique structurée du sport comme un outil pour construire une paix durable. L’organisation éduque les jeunes générations aux valeurs positives et promeut la transformation sociale et le dialogue entre les communautés.

Pour maximiser la sensibilisation au potentiel du sport pour un changement social positif, cette organisation a lancé, en 2014, la campagne #WhiteCard et la plateforme www.april6.org. Chaque année, afin de célébrer la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, cette campagne digitale touche des millions de personnes à travers le monde via les réseaux sociaux.

Qu’est-ce que Peace and Sport ?

C’est une organisation internationale, basée à Monaco, créée par Joël Bouzou (médaillé olympique et champion du monde de pentathlon moderne) en 2007. Elle est placée sous le Haut Patronage de son Altesse Sérénissime le Prince Albert II de Monaco. Peace and Sport a vocation à utiliser le sport pour promouvoir et défendre des valeurs de paix. Dans cette optique, nous utilisons le sport dans des contextes d’instabilité sociale et dans différentes parties du monde, avec pour seul objectif d’apporter une solution concrète à des problématiques rencontrées sur le terrain.

Comment le sport peut-il être un vecteur de paix ?

Le sport est universel. On le pratique partout dans le monde avec la même règle sans qu’elle ait besoin d’être traduite. Comme il s’agit d’une langue parlée par tout le monde, c’est un outil extraordinaire pour atteindre les objectifs de paix. Par ailleurs, on n’a pas besoin de structures très développées pour pratiquer le sport dans des endroits divers. C’est en partant de ces postulats que nous avons transposé, en partenariat avec MyCoach, la méthodologie Peace and Sport en une application mobile, Peace and Sport x MyCoach. L’application mobile est un outil clé en main pour les éducateurs de paix qui souhaitent utiliser le sport pour transmettre des valeurs.

Nous n'avons pas l'intention de quadriller la planète de programmesLaurent Dupont, directeur général de Peace and Sport

Un documentaire sur l’histoire d’un réfugié, Ali Nasser Hussein, qui fait désormais partie des éducateurs de paix Peace and Sport, est disponible sur Canal+. Pouvez-vous nous raconter ce parcours ?

A l’apogée de la crise des réfugiés syriens, en 2014-2015, nous avons été approchés par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés. Nous avons eu des réunions à Genève afin de déterminer comment nous pouvions utiliser le sport au bénéfice des populations réfugiées dans des camps. En 2015-2016, nous nous sommes ainsi rendus dans le camp de Zaatari, en Jordanie, situé à 10km de la Syrie. Parmi les réfugiés se trouvait Ali, un jeune homme de 21 ans dont les rêves ont été brisés par la guerre. Ali a dû quitter son pays alors qu’il prétendait à un avenir brillant, puisqu’il devait devenir ingénieur. Alors que nous étions déjà actifs dans le camp et que nous travaillons avec des fédérations sportives (kick-boxing, teqball), Ali est repéré lors d’un séminaire organisé afin d’identifier des réfugiés qui souhaiteraient devenir des éducateurs pour notre programme de paix. Il s’est vite différencié des autres par son énergie, par sa motivation, par sa joie de vivre et par son abnégation. C’est quelqu’un qui veut tout faire pour s’en sortir. Ali a donc appris l’anglais et il est devenu éducateur pour les jeunes enfants dans le cadre du programme ‘Live Together’.

Ali n’est pas le seul sur la planète ?

Il y a d’autres Ali dans le monde. La situation de millions de réfugiés est critique. En moyenne, une personne qui entre dans un camp de réfugiés y reste 17 ans. Malgré les difficultés, Ali, depuis deux ans, est éducateur de kick-boxing et il réalise un travail remarquable et extraordinaire dans le camp auprès des enfants. Il utilise ce sport pour enseigner des valeurs aux jeunes et il a même formé une jeune femme qui est devenue à son tour éducatrice. La pratique du sport n’est pas mixte dans la culture syrienne, il était donc très important de former une femme éducatrice qui puisse mettre en place ces programmes. Grâce à son investissement, Ali est devenu un leader de sa communauté au sein du camp. Il est très respecté et son rôle va bien plus loin.

Comment mettez-vous en place vos programmes ?

Nous n’avons pas l’intention de quadriller la planète de programmes. Nos objectifs sont clairs et notre méthodologie répond à des problématiques de terrain. Nous voulons œuvrer dans plusieurs pays et faire en sorte que nos programmes soient pérennes. Nous travaillons en étroite collaboration avec les états et les gouvernements de chaque pays dans lesquels nous allons, mais aussi avec les fédérations sportives internationales, les comités nationaux olympiques, avec des marques, des institutions, des sportifs de haut niveau qui sont des modèles pour les jeunes et l’ensemble de la société.

Quels sont les autres projets de Peace and Sport ?

Peace and Sport mène des programmes en Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique latine, en France et aux États-Unis. En plus des projets que nous menons dans le camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie, nous travaillons dans la région des Grands Lacs en Afrique et en Afrique subsaharienne.

La pandémie Covid-19 vous empêche-t-il de poursuivre vos actions ?

Dès le début de la pandémie, nous avons rapidement pris une décision. Nous avons accéléré la digitalisation de notre méthodologie avec MyCoach, ce qui nous a permis de mettre en place une plateforme d’e-learning pour former les gens à distance. Le Covid nous empêche pour l’instant de nous rendre sur place et la pandémie a eu un impact considérable au niveau local. Nous continuons à former nos éducateurs et nous les incitons à devenir des « role-models ». Ali continue à distribuer des masques, à sensibiliser aux gestes barrières, à donner du gel hydro-alcoolique. Il va même plus loin dans son rôle de leader communautaire puisqu’il a rejoint une campagne de sensibilisation contre les violences faites aux femmes, menée par le HCR.

L'épisode du podcast L'Arène sur l'histoire d'Ali

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