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Football féminin : une évolution aussi sinueuse que fascinante

La Coupe du monde féminine de football 2019 s’impose comme une belle vitrine pour les féminines du monde entier.[©FRANK PERRY / AFP]

Organisée pour la première fois en France, la Coupe du monde féminine se tiendra du 7 juin au 7 juillet prochain. A cette occasion, retour sur la longue marche du football féminin français.

Dans l’histoire, les premières traces écrites de la pratique du football par des femmes en France datent de 1910.

Une lente reconnaissance

Longtemps dépendante de l’histoire sociale et culturelle, l’évolution du football féminin a connu une progression lente et difficile. Tandis que les femmes s’aventurent dans la pratique du football dès la fin du XIXème siècle au Royaume-Uni, dans l’Hexagone, cette expérience s’est développée plus tardivement.

C’est en Ecosse plus précisément que s’est déroulé le premier match de football féminin, le 7 mai 1881. Sur le sol français, le Femina Sport, club pionnier du football féminin, voit le jour en 1912. Quatre ans plus tard, le 30 septembre 1917, la France organise le tout premier match de football féminin entre deux équipes du Femina Sport.

Dans cette dynamique, la Fédération des sociétés féminines sportives de France organise le premier championnat de France de football féminin (FSSFS) en 1919. A l’époque, cet évènement a fait la Une du «Petit Journal».

Un sport de tradition masculine en voie de démocratisation

A partir de là, des associations féminines s'implantent alors dans tout l’Hexagone, principalement dans les villes du nord, à Rouen, Quevilly ou Reims, et, à un degré moindre, dans le sud, notamment à Nice ou Toulouse. Mais le football reste un territoire sexué peu féminisé.

En France, le football féminin a connu une première période favorable à son essor durant l’entre-deux-guerres. A cette époque, il se légitime petit à petit et se fait connaître dans la région parisienne, principalement au sein des milieux populaires. Cependant, cette discipline fait l’objet de réticences de la part des journalistes et des joueurs dès 1920.

Le Championnat de France féminin s’arrête même en 1933 à cause du régime de Vichy. Alors qu’il était plutôt favorable au sport féminin, il «interdit vigoureusement» la pratique en 1941, jugée «nocive pour les femmes».

Un tournant dans les années 1960

Il a fallu attendre les années 1960 pour que le football féminin connaisse un premier développement, en corrélation avec le contexte culturel et social de la femme à l’époque. Comme toute pratique sociale, le football féminin accompagne les transformations des rapports hommes/femmes dans la société.

C’est à ce moment-là qu’elle devient l’égal de l’homme dans le couple, que la contraception est légalisée en France, mais aussi que les évènements de mai-juin 1968 bouleversent le pays.

Avec cette crise, les femmes de mai 1968 rompent cette image de mères et gardiennes de foyers, et revendiquent le droit de disposer librement de leur corps. Cette période a marqué une rupture avec les codes sexuées de la société, tout en encourageant la pratique de la discipline.

Sur le terrain de la reconnaissance

En 1965, une équipe de footballeuses voit le jour une équipe de femme à Humbécourt, dans la Haute-Marne pour affronter, chaque année, l’équipe les pompiers du village.

A l’issue du premier match, les femmes l’emportent et c'est ainsi que la région Champagne-Ardenne est devenue le berceau de la renaissance du football féminin.

C’est en 1968 que le Football Club féminin de Reims voit le jour suite à une annonce dans le quotidien «L’Union» : «Recherche des candidates footballeuses motivées», mentionnait-il. Les nouvelles recrues s’imposent devant plus de 6 000 spectateurs, et remettent ça dès le lendemain lors de la kermesse de «L’Union», avec encore une victoire à la clé.

En 10 ans, l’équipe a fait le tour du monde, en Asie, aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique pour faire développer ce sport.

Le soutien des institutions

Ainsi, le dynamisme affiché par le football féminin au tournant des années 1960 et 1970 encourage les institutions à réagir.

La Fédération Française de Football (FFF) intègre le football féminin et reconnait cette discipline le 28 mars 1970, tout comme l'Union of European Football Associations (UEFA) un an après, le 20 mars 1971.

Dès lors, la discipline se dote peu à peu des mêmes règlements et des mêmes compétitions que les hommes, comme la Coupe du monde. La première édition officielle de la Coupe du monde féminine s’est déroulée en 1991 en Chine, soit plus de vingt ans après la reconnaissance du football féminin.

Une nouvelle page à écrire lors de la Coupe du monde 2019

Si leurs homologues masculins viennent d’ajouter une deuxième étoile à leur maillot, la sélection féminine n’a pas encore ouvert son compteur au niveau international. Leur meilleur performance remonte à 2011. Cette année-là, la France se qualifie pour les demi-finales en éliminant l'Angleterre 4 tirs au but à 3 (1-1 a.p.) en quarts de finale.

En demi-finale, les Bleues sont éliminées par les États-Unis qui s'imposent 3 buts à 1 avant de subir une nouvelle défaite lors de la petite finale en s'inclinant 2 buts à 1 contre la Suède.

Emmenée par l’ancien entraîneur du Paris Saint-Germain Philippe Bergeroo, la sélection tricolore est allée jusqu’en quart de finale contre l’Allemagne en 2015. Une contre-performance qui est venue s’ajouter à d’autres quarts de finale perdus : Euro 2009, 2013 et 2017.

Cette année, incarnées par l’Olympique Lyonnais (Sarah Bouhaddi, Amandine Henry, Eugénie Le Sommer, Wendie Renard, …) - qui collectionne les trophées - les Bleues pourraient bien marquer l'histoire du football féminin à domicile, à l’image des garçons lors de l’Euro 1984 et de la Coupe du Monde 1998.

Elles lanceront leur campagne le 7 juin au Parc des Princes (Paris) contre la Corée du Sud avant d'enchaîner par deux rencontres face à la Norvège et au Nigeria.

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