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Richard Gasquet : "Les gens me connaissent mal"

Richard Gasquet [STAN HONDAQ / AFP / ARCHIVES]

On a l’impression de connaître Richard Gasquet depuis toujours, mais que sait-on réellement de lui ? Porté aux nues dès son plus jeune âge, voué aux gémonies au premier faux pas, le Français est enfin revenu en pleine lumière grâce à sa récente demi-finale à l’US Open. Il s’est confié à Direct Tennis.

 

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Direct  Tennis :  Avec  un  peu  de  recul, cette récente demi-finale à l’US Open ne vaut-elle pas tous les trophées du monde ?

Richard Gasquet : C’est sûr qu’à choisir entre gagner un tournoi ou faire une demi-finale de Grand Chelem, je préfère la demi-finale ! C’est le stade au- dessus, c’est New York et le monde du tennis vous regarde. Ce qui n’empêche pas  que  j ’ai  aussi  été  très  heureux de m’imposer à Nice en 2010 ou à Montpellier cette année, par exemple… Et ça c’était vu, je crois.

 

Paul Quétin, votre préparateur physique, vous a comparé au XV de France, que les grandes nations redoutent lors de la Coupe du monde du fait de son côté imprévisible. Revendiquez-vous aussi cette imprévisibilité ?

Je prends ça comme un compliment. C’est vrai que j ’ai un jeu un peu différent. Je n’ai pas de revers à deux mains, je  n’ai  pas  ce  côté  stéréot ypé.  Mais revendiquer cette imprévisibilité, c’est un grand mot. Avec ce revers à une main, j’ai plus de variété dans mon jeu, c ’est  sûr.  C’est  bien  qu’il  y  ait  des joueurs qui sortent de l’ordinaire. De là à parler de « french flair », comme pour les rugbymen, je ne sais pas…

 

C’est  peut-être pour cela que Rafael Nadal appréhendait cette demi-finale, alors qu’il était largement favori ? 

Rafael Nadal, je ne l’ai battu qu’une fois lors du tournoi des Petits As à Tarbes, en 1999, quand nous avions 13 ans. On se connaît depuis longtemps. J’ai grandi avec lui. Quand j ’ai réussi mon truc à Monte-Carlo en 2002 (à 15 ans, il est devenu le plus jeune joueur de l’histoire  à  remporter  un  match  dans  un Masters 1000, ndlr), j’étais devant, mais il m’a très vite mis dans son rétro !

 

Vous regardez beaucoup les matchs des autres joueurs ?

Oui, bien sûr. Il y a des duels où tu sais, par avance, que tu vas moins te régaler. Un Djokovic-Murray sera, par exemple, moins intéressant qu’un Nadal-Federer ou même qu’un Nadal-Djokovic.

 

Durant l’US Open, les observateurs ont noté une évolution dans votre personnalité, avec un petit côté rebelle. Il y a eu par exemple ce jet de chaussettes face au Canadien Milos Raonic, en huitième de finale… Que s’est-il passé exactement ?

À  cause  de  l’humidité,  mes  chaussettes  étaient  tellement   trempées que je ne réussissais plus à courir. À la fin du premier set, je les ai donc jetées par dépit sur le court, ce qui n’était pas, je l’avoue, un très beau geste. L’arbitre m’a bien fait comprendre que les ramasseurs de balles n’iraient pas les chercher… Après coup, cette anecdote me fait sourire.

 

Il y a eu aussi ce bras d’honneur, au deuxième tour, face au Français Stéphane Robert…

Je l’ai fait à moi-même. Il y avait de l’énervement,  je  venais  de  prendre deux aces. C’est sûr que ce n’était pas joli-joli. Vous savez, le tennis est un spor t mental. Il faut savoir garder son sang-froid. Les meilleurs n’ont pas de coup de sang et c’est pour cela qu’ils sont les meilleurs. J’ai cassé beaucoup de raquettes entre 17 et 20 ans et, globalement, je suis quand même assez nerveux.  Les  gens  me  connaissent mal : ça bout à l’intérieur.

 

Parlez-nous de cette fin de saison, qui s’annonce vraiment palpitante. Est-ce que tout va se jouer au BNP Paribas Masters, à Bercy ?

Après l’US Open, je suis encore dans la course. Nous sommes quelques-uns à  pouvoir  accrocher  l’une  des  huit  places pour le Masters de Londres. Ça ne va pas être facile, mais j’apprécie ce tournoi du BNP Paribas Masters. J’y ai fait une demi-finale en 2007 et cela m’avait permis de décrocher ma place pour le Masters, qui se déroulait à Shanghai. L’an passé, je n’avais pas bien joué et j’aurai donc une revanche à prendre.

 

Le public parisien a la réputation de porter ses joueurs et d’être aussi très dur avec eux quand ils ne gagnent pas…

Avec ce qui s’est passé à l’US Open, l’accueil peut changer pour moi. Plus tu gagnes, plus les gens te soutiennent. Ils attendent que tu mouilles ton maillot. C’est la loi et ça ne me dérange pas plus que ça. Quand tu donnes à ce public, tu sais qu’il répond présent. Et cela peut être un atout pour moi.

 

À l’US Open, les médias ont écrit que vous aviez enfin eu ce déclic que l’on attendait depuis si longtemps. Êtes- vous d’accord avec cette affirmation ?

Je vois plus cela comme une continuité. En 2007, j’étais 7e mondial, ne l’oublions pas. Je commence à avoir une certaine maturité. J’ai une expérience du « tail- lage » et de la « montée aux rideaux ». On m’a monté très haut et on m’a des- cendu très bas. Il n’y a pas beaucoup de joueurs, en France, qui ont connu ça. C’est mon histoire et elle singulière.

Richard Gasquet remporte le tournoi de Moscou

 

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