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Didier Deschamps : "Un seul objectif, le Mondial 2014"

Didier Deschamps.[FRANCK FIFE / AFP]

A une semaine de l’annonce de sa liste pour les matchs contre la Géorgie et l’Espagne, Didier Deschamps reste fixé sur son objectif : qualifier les Bleus pour le Mondial 2014 au Brésil.

C’est un mois vérité que s’apprête à vivre l’équipe de France. Dans tout juste deux semaines, les Bleus vont affronter la Géorgie et surtout l’Espagne en éliminatoires de la Coupe du monde 2014. Ces deux matchs décideront en partie de la présence ou non de l’équipe de France au Mondial brésilien. Une qualification dont Didier Deschamps a fait son unique mission.

 

A moins de trois semaines de France-Espagne, sentez-vous une certaine pression monter ?

Je ne parlerais pas de pression, plutôt d’excitation. Mais si tout le monde est focalisé sur ce match contre l’Espagne, moi je suis fixé sur la Géorgie. Je comprends que les joueurs veulent jouer contre la meilleure équipe du monde, au Stade de France, mais il ne faut pas négliger le premier rendez-vous.

 

Ces deux matchs sont-il le premier tournant de votre mandat ?

C’est une nouvelle étape vers un objectif que nous nous sommes fixés : se qualifier pour la Coupe du monde. Ne pas y aller serait un gros échec. Après ces matchs, il en restera trois, dont deux déplacements en Biélorussie et Géorgie. Donc quoi qu’il arrive, rien ne sera décidé. C’est sûr que si l’on gagne les deux, on aura de fortes probabilités de se qualifier directement.

 

Vous êtes en meilleure posture qu’avant le match aller en Espagne…

A l’époque, il y avait un pessimisme ambiant. Aujourd’hui, on nous dit : «vous allez les battre». Dans les commentaires, on est passé d’un extrême à l’autre mais nous ne sommes pas passés de nuls à meilleure équipe d’Europe.

Dès le départ, j’ai dit que nous visions la première place, même si ça a pu être interprété comme de la prétention. Mais la logique sportive veut que l’Espagne finisse première.

 

"L’équipe de France a besoin d’un Karim Benzema en forme"

 

Avez-vous vécu la défaite contre l’Allemagne il y a un mois (1-2 au stade de France) comme un coup d’arrêt ?

La défaite ne doit jamais faire plaisir mais nous faisions face à un très bel adversaire, la deuxième meilleure équipe du monde qui a, selon moi, le potentiel pour faire mieux que l’Espagne. Certes, nous avons perdu mais on a montré de belles choses. On a pêché par manque d’efficacité et les Allemands se sont nourris de nos erreurs. Ce n’est pas moi qui vais dire que ce n’est pas grave mais ça reste un match amical.

 

Vous projetez-vous déjà sur la Coupe du monde au Brésil ?

Je suis obligé d’anticiper les choses. Et puis on va y aller au mois de juin pour affronter les Brésiliens en match amical. Ça nous servira aussi pour trouver un éventuel camp de base. Car tout ça se prépare en amont, même si on n’y est pas encore qualifié. On doit faire comme si on y allait.

 

Karim Benzema n’a plus marqué depuis dix matchs. Cela vous inquiète-t-il ?

Karim préférerait lui aussi marquer davantage. Mais, il est moins en confiance, et comme beaucoup de buteurs, il traverse une période plus difficile. Mais on parle d’un joueur qu’il évolue au Real Madrid même s’il joue moins en ce moment. Et puis, il a marqué contre le Barça. Il a juste besoin de ce petit déclic. L’équipe de France a besoin d’un Karim Benzema en forme. J’ai confiance en lui.

 

L’heure n’est donc plus aux essais ?

Je ne fais pas d’essai. Je donne du temps de jeu. Tout dépend des joueurs disponibles et en forme. J’ai une ligne directrice mais il faut que tous les joueurs sentent que la porte reste ouverte. Faire débuter quelqu’un contre l’Espagne, pourquoi pas. Mais ce n’est pas vraiment un cadeau non plus. C’est le niveau international.

 

Parmi ces joueurs, pensez-vous à Raphaël Varane ?

Dans sa première partie de saison, il avait un gros problème : il ne jouait pas. Aujourd’hui, il est «titulaire» au Real Madrid et a enchaîné deux matchs contre le Barça et un face à Manchester United en mettant Pepe sur le banc. Au-delà de ses qualités, il a déjà acquis une certaine maturité. Aujourd’hui ce n’est pas une solution de rechange, c’est un premier choix.

 

Peut-il devenir un futur cadre de cette équipe ?

Attention, n'allons pas trop vite. Il n’a encore aucune sélection et un pilier de l’équipe de France, c’est quelqu’un qui en a une cinquantaine. J’espère qu’il les aura mais ça prend du temps, quatre ans au minimum.

Prenons l’exemple de Mamadou Sakho. Il a joué tous les matches dans leur intégralité depuis que je suis sélectionneur. En août dernier, il avait encore très peu de sélections, aujourd'hui, il a un vécu plus important. C’est en leur donnant du temps de jeu qu’ils apprennent.

 

La situation d’Hugo Lloris, lors de son arrivée à Tottenham, vous a-t-elle inquiétée ?

Non, car on ne parle pas d’un gardien qui a 20 ans. Hugo était international, capitaine de l’équipe de France et il jouait un match important avec Lyon tous les trois jours. En arrivant à Tottenham, il a certes connu une situation à laquelle il ne s’attendait pas. Il n’était pas satisfait et ça a été difficile car il ne jouait pas. Mais je n’ai jamais été inquiet. Si je n’avais que des problèmes comme celui-là, je n’aurais pas trop de soucis.

 

"Rien ne peut-être au-dessus du maillot de son pays"

 

Quel regard portez-vous sur l’émergence du PSG ?

Pour la Ligue 1, l’arrivée de ces très grands joueurs est une bonne chose. Le PSG est une locomotive qui doit tirer les autres vers le haut même si en France, c’est l’équipe à battre chaque week-end. Ça ne doit pas faire augmenter la cote d’amour mais pour les joueurs, c’est une bonne nouvelle. Ils sont confrontés quotidiennement à la concurrence, l’obligation de résultat. C’est ça l’exigence du haut niveau. En général, on attend qu’ils partent à l’étranger pour connaître ça. Alors pour moi, plus ils sont confrontés tôt à ces exigences, mieux c’est.

 

C’est le cas pour Blaise Matuidi…

Il est très important pour le PSG et pour nous également au regard de ses prestations de très haut niveau. En plus, il joue beaucoup, presque trop avec des enchaînements tous les trois jours. A chaque fois, il a une dépense d’énergie phénoménale.

 

Vous avez été capitaine et maintenant sélectionneur des Bleus. Que représente l’équipe de France pour vous ?

C’est la plus belle chose qui me soit arrivé dans ma carrière professionnelle. Quand j’ai été joueur, j’ai eu la chance de porter des maillots prestigieux, avec lesquels j’ai gagné beaucoup de titres, mais la sélection est au-dessus de tout. Rien ne peut-être au-dessus du maillot de son pays.

 

Le terrain ne vous manque pas pour l’instant ?

On m’avait mis en garde, mais en réalité ça ne me manque pas du tout. Sans doute aussi parce que depuis trois ans, j’enchaînais des matchs tous les trois jours. Aujourd’hui, j’apprécie de pouvoir faire autre chose car lorsqu’on est entraîneur de club on est sur la brèche 24 heures sur 24. En tant que sélectionneur, même si les périodes de rassemblement sont très intenses, je n’ai pas ce rythme là.

 

Pourriez-vous redevenir entraîneur en club ?

C’est probable, car j’aurai une vie après mais je sais que les lendemains de sélectionneurs sont parfois difficiles… Je ne sais pas quand ça arrivera, le plus tard possible j’espère. Si je pouvais être sélectionneur dix ans, je le ferai mais je sais que ce n’est pas possible.

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