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Sida : il y a 40 ans le VIH, était découvert par des chercheurs français

«On dénombre encore 5.000 découvertes de séropositivité chaque année en France», selon Florence Thune, la directrice générale du Sidaction. [STR / AFP]

Découvert il y a 40 ans, le VIH a été isolé par une équipe de chercheurs français. Aujourd'hui, la science espère trouver un vaccin.

Annoncée dans les pages du magazine américain Science, le 20 mai 1983, la découverte du virus du sida date d'il y a tout juste 40 ans. On la doit à Françoise Barré-Sinoussi, Jean-Claude Chermann et Luc Montagnier, trois chercheurs français de l'Institut Pasteur qui ont amorcé la lutte contre une terrible épidémie responsable de 40 millions de morts.

Avant d'être clairement identifié, le VIH avait d'abod été détecté par des médecins américains, qui s'étonnaient de voir des maladies rares, notamment la pneumocystose et le sarcome de Kaposi, apparaître chez de jeunes homosexuels jusqu'ici en parfaite santé. Comprenant qu'ils avaient affaire à une épidémie, ces experts ont pendant un temps parlé de «maladie des trois H» pour homosexuels, héroïnomanes et haïtiens, les trois principales populations parmi lesquelles elle semblait se propager.

Un quatrième «H» est ensuite venu s'ajouter, celui des hémophiles, avant que le terme «aids» soit finalement adopté en anglais à partir de septembre 1982. Il s'agit d'un acronyme pour «acquired immune deficiency syndrome» soit syndrome d'immunodéficience acquise, en français. Le sida.

C'est en étudiant un prélèvement réalisé sur les ganglions d'un malade que l'équipe du laboratoire d'oncologie virale de l'Institut Pasteur a détecté un nouveau rétrovirus. Ils l'ont isolé, l'ont baptisé LAV pour Lymphadenopathy Associated Virus, sans toutefois avoir immédiatement «la certitude qu'il était la cause du sida», a expliqué Françoise Barré-Sinoussi.

Aussi, la publication du 20 mai 1983 se voulait prudente, indiquant que ce virus «pourrait être impliqué dans plusieurs syndromes pathologiques, dont le sida». L'équipe de l'Institut Pasteur a d'abord été confrontée au scepticisme de la communauté scientifique mais a insisté, de plus en plus sûre de sa découverte. Luc Montagnier se souvient que «pendant une année, nous savions que nous avions le bon virus (...) mais personne ne nous croyait et nos publications étaient refusées».

Le prix Nobel aux Français

Au printemps 1984, Robert Gallo, grand spécialiste américain des rétrovirus, a lui aussi annoncé avoir découvert «la cause probable» du sida, qu'il a nommé HTLV-3. Réalisant que leurs deux virus n'étaient en fait qu'un seul et même organisme, Luc Montagnier et Robert Gallo en ont fourni la preuve en janvier 1985. Un an plus tard, un nom unique était choisi : virus de l'immunodéficience humaine ou VIH.

Si la paternité de la découverte a fait l'objet de débats, un accord franco-américain a toutefois été signé en 1987 pour qualifier Robert Gallo et Luc Montagnier de «codécouvreurs» du virus du sida. En 2008 toutefois, le prix Nobel de médecine n'a été attribué qu'aux Français, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, «pour leur découverte» du VIH.

40 ans après cette avancée majeure, «on dénombre encore 5.000 découvertes de séropositivité chaque année en France», selon Florence Thune, la directrice générale du Sidaction. Auprès de franceinfo, elle explique que la recherche mène depuis plusieurs années des essais en matière de vaccins. Mais «le virus du VIH est extrêmement complexe» et «nous résiste», indique-t-elle.

On est «encore loin aujourd'hui [...] d'avoir ce vaccin», mais la science a tout de même fait de beaux progrès puisqu'à l'heure actuelle, grâce au traitement, les personnes qui découvrent leur séropositivité «restent en bonne santé» et «ne transmettent plus le virus».

Malgré cela, des gens meurent encore du sida en France. D'après Florence Thune, c'est souvent parce qu'ils «ne sont pas allés faire de dépistage». Aussi, la directrice générale du Sidaction appelle à renforcer la prévention, au travers de campagnes nationales, mais aussi lors des séances d'éducation à la sexualité, à l'école. «Aujourd'hui, faire un test de dépistage, c'est facile. On peut aller dans n'importe quel laboratoire sans ordonnance, c'est gratuit, il faut vraiment aller le faire», insiste-t-elle.

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