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Patrick Devedjian : "La banlieue a un bel avenir"

Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine et député UMP Patrick Devedjian, président du conseil général des Hauts-de-Seine et député UMP[© J Witt-Sipa pour Direct Matin]

A l’heure où la réforme territoriale fait débat, le département des Hauts-de-Seine fête ses 50 ans d’existence ce week-end. Patrick Devedjian, président du conseil général et député UMP, voit cet anniversaire comme un symbole de la réussite du 92, devenu le département le plus prospère de France, derrière Paris.

 

A l’heure du bilan, que retenez-vous de ces cinquante années ?

Quand le département a été créé et que ses élus ont été choisis, les communistes et les gaullistes sont arrivés à égalité. Le premier président du conseil général des Hauts-de-Seine a été un gaulliste, au bénéfice de l’âge.

Le département aurait pu avoir un destin différent comme celui de la Seine-Saint-Denis. Mais le choix gaulliste a été constant durant 50 ans. Dans les Hauts-de-Seine, on a systématiquement privilégié les investissements. En Seine-Saint-Denis, on a toujours fait le choix de la dépense récurrente de fonctionnement. 

Dans le choix de nos investissements, nous avons systématiquement favorisé les transports. Nous avons une forte densité de tramways, qui compensent en partie l’insuffisance du RER. Nous avons été le département de la région qui a le plus construit et le seul qui a dépassé les objectifs de l’ancien SDRIF. C’est la preuve de ce dynamisme.

Quant à la Défense, pendant très longtemps cela a été une structure financée par l’Etat mais déficitaire. Il a fallu attendre les années 80, pour que le marché décolle. Aujourd’hui, plus de la moitié du produit fiscal économique du département ne vient pas de la Défense, mais des autres entreprises de son territoire.

 

Et sur le plan social ?

Ici, dans ce département, on a favorisé le vivre ensemble en dépit des différences sociales et des différences d’origines.

C’est un département où l’amalgame social et culturel s’est toujours opéré de manière réfléchi et volontariste. C’est aussi le seul où le FN ne perce pas.

 

Malgré la réforme territoriale, comment voyez-vous le territoire des Hauts-de-Seine dans 50 ans ?

Je le vois ressemblant de plus en plus à Paris, tout en évitant l’erreur commise par la capitale : nous, nous sauvegardons un maximum d’espaces verts. Le fond du problème est que la banlieue, et au premier chef les Hauts-de-Seine, s’est constituée avec une population que Paris rejetait.

On mettait en banlieue les équipements au rabais qui gênaient Paris, comme les dépôts de bus, les usines d’incinérations d’ordures ménagères les dépôts de pavés, etc….

Tout l’effort de la banlieue a été de combler ce handicap. Nous espérons que la possibilité d’y vivre et d’y travailler en même temps, avec des déplacements facilités, nous donnera un véritable avantage sur la capitale.

Je pense que l’économie est destinée à fuir Paris, qui va devenir de plus en plus une ville musée avec des espaces piétonnisés et rendus inaccessibles. Il y a un bel avenir pour la banlieue, dont les Hauts-de-Seine représentent la meilleure réussite, berceau d’une mixité sociale qui a fait son succès.

 

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© J Witt-Sipa pour Direct Matin

 

Il est important de rivaliser avec la capitale ?

Paris se ferme de plus en plus à la banlieue en devenant difficilement accessible et le système du Grand Paris en a pour 30 ans avant de fonctionner. On voit bien que Paris a organisé la circulation automobile pour décourager son accès à la banlieue.

Donc les habitants de nos villes aspirent à trouver du travail sur place, ce à quoi nous nous employons, mais aussi à trouver sur place tout ce que chacun à droit de trouver dans une ville sans qu’il ait besoin d’aller les chercher ailleurs.

Les équipements culturels en font parti. Nous avons déjà 55 théâtres pour 36 villes, un grand mouvement se fait pour les cinémas et nous développons des équipements sportifs, comme l’Arena 92 à Nanterre. Il nous manque un grand équipement musical. Aller voir un concert à Paris, représente un exploit physique pour les banlieusards.

Et bien nous allons leur offrir pour l’Ouest une vraie solution avec la Cité musicale de l’Ile Seguin et la philharmonie va opérer le même rôle à l’Est de manière complémentaire et permettre d’irriguer vers la banlieue Est. Nos deux actions complètement symétrique vont révolutionner la relation Paris Banlieue.

 

Y a-t-il d’autres équipements dont a besoin le département ?

Nous avons encore des besoins importants en matière de transports comme le projet Eole, de la gare Saint-Lazare vers la Défense, en passant par la porte Maillot, et reliant Mantes-la-Jolie. Je pense que nous avons le devoir d’améliorer nos équipements en espace verts.

Le bois de Boulogne, géré par la mairie de Paris, est une quasi-friche et le parc de Saint-Cloud, géré par l’Etat, est d’une misère désolante. Il suffit de comparer avec ce que le conseil général des Hauts-de-Seine à fait avec le Domaine de Sceaux ou la Vallée aux Loups.

 

La réforme territoriale est-elle pertinente ?

D’abord, elle n’est pas comprise par les français, car elle n’est pas expliquée et pour cause, elle a été improvisée. Tous les sondages montrent que les Français sont relativement contents de leurs élus locaux, appréciés à 61 % pour le travail accompli, à comparer avec l’Etat qui est honni. Sur la gestion locale, il n’y a pas de crise et pas de difficultés.

Il y a des améliorations à apporter, mais la réforme territoriale proposée par le gouvernement n’apportera aucune économie. L’étude d’impact qui l’accompagne n’en énumère aucune.

Si l’on parle du mille-feuille, la première anomalie française, c’est qu’il y a 27 000 communes sur 36 000 qui ont moins de 1 000 habitants. C’est unique en Europe et la première réforme consisterait à réduire ce nombre avec des regroupements.

Mais le gouvernement s’abstient de le faire. On peut considérer que les départements conçus lors de la révolution pourraient être regroupé deux à deux et en avoir 50. On peut dire la même chose des régions dont l’architecture a été conçue à partir d’un modèle bureaucratique de 1956, qui ne correspond pas à une réalité humaine.

Enfin, on pourrait réduire les doublons. Par exemple, le RSA, les crèches, la politique du logement sont gérés en même temps par la préfecture, la CAF et le conseil général. Je pense que les transferts devraient se faire au profit des conseils généraux, les deux autres organismes n’ayant pas de légitimité démocratiques.

 

Dès le 1er janvier 2015, vous serez président de Paris métropole. Qu’attendez-vous de cette institution ?

Son rôle est de réfléchir à l’organisation de la métropole. Partout dans le monde la métropole opère les compétences stratégiques de l’ensemble des territoires.

Chez nous, le projet du gouvernement n’occupe pas la totalité du territoire, mais seulement la petite couronne. Deuxièmement la métropole va absorber les compétences de proximité (piscine, crèche…) qui devraient rester locales En revanche les grands enjeux ne sont pas traités par la métropole (transports, aéroports, fluviale, grandes opérations économiques comme la Défense, Saclay…).

On a pris les choses à l’envers. En fait, la métropole et la région se doublonnent et l’Etat doit décentraliser réellement.

 

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