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Valls bien plus populaire que Hollande

Le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande à l'Elysée, le 4 avril 2014 [Alain Jocard / AFP/Archives] Le Premier ministre Manuel Valls et le président François Hollande à l'Elysée, le 4 avril 2014 [Alain Jocard / AFP/Archives]

Manuel Valls inaugure son séjour à Matignon avec une popularité beaucoup plus ample que celle, historiquement mince, de François Hollande, mais les sondeurs prévoient un rééquilibrage et jugent que la violence de la crise rend vaines les spéculations sur 2017.

Confiance, satisfaction ou popularité: le nouveau Premier ministre bénéficie de cotes flatteuses - même si plusieurs sont inférieures à 50%.

Elles varient, selon les instituts, de 41 à 58%.

Dans tous les cas, le chef du gouvernement domine le président. Du simple jusqu'à plus du double pour Ifop-Paris Match (58% Valls, 26% Hollande).

Même quand la confiance dans l'action du Premier ministre nommé le 31 mars est minoritaire (41% pour CSA), il surclasse le président (25%).

Situation inédite? Non, tranchent les experts. "Pendant des mois, François Fillon a été plus populaire que son président Sarkozy", relève Bruno Jeanbart (Opinionway).

Dans le baromètre Sofres, quand Michel Rocard était entré à Matignon en mai 1988, il battait de trois points, à 66 %, François Mitterrand, pourtant brillamment réélu. Quand il s'en va trois ans plus tard, le Premier ministre jouit encore de 50% de popularité. Mais le président le bat de 6 points.

Pourquoi un tel écart aujourd'hui? Talent de communicant de l'ex-ministre de l'Intérieur, usure de deux années à l'Elysée ponctuées de couacs.

Mais pour Jérôme Sainte-Marie (Pollingvox), "le vrai phénomène est que la cote du président est anormalement basse". "Les chiffres de Manuel Valls ne sont pas si extraordinaires" pour un début de mandat, "mais par contraste..." Contraste aussi avec l'indice très bas de son prédécesseur Jean-Marc Ayrault.

"Ce rapport de forces très déséquilibré peut changer assez rapidement", commente François Miquet-Marty (Viavoice).

Tous prévoient un rapprochement des cotes. Par le haut en cas de premiers résultats notamment sur le front de l'emploi. Par le bas si le marasme persiste.

Les plus récentes enquêtes marquent une embellie de trois points pour le président.

- Erosion -

Mais ce qui paraît inévitable aux spécialistes, c'est une érosion de la popularité de M. Valls à l'épreuve du pouvoir.

D'autant, relève M. Miquet-Marty, que le Premier minsitre "appliquera le pacte de responsabilité. C'est lui qui sera comptable des difficultés de sa mise en oeuvre".

"Il y a le pilote Hollande et le mécanicien Valls qui mettra du charbon dans la machine et donc se salira les mains", note Jérôme Fourquet (Ifop). "Il devra faire avaler à la société française 50 milliards d'économies. Du jamais vu!" De plus il pourrait affecter les fonctionnaires et les élus locaux, "coeur nucléaire du PS".

M. Sainte-Marie estime que la popularité du Premier ministre "est singulière puisque nourrie de sympathisants de gauche et de droite, ces derniers considérant M. Valls comme le moins à gauche du gouvernement".

"Elle est donc fragile puisqu'il va devenir le premier des socialistes et assumera toute la politique de la gauche au pouvoir."

Jean-Daniel Levy (Harris Intreractive) relève que si M. Valls est très fort sur l'image d'autorité, il doit construire celle d'empathie "à laquelle les Français sont toujours très attachés".

Un choc d'ambitions est-il prévisible entre les deux têtes de l'exécutif à la prochaine présidentielle, avec arbitrage via les sondages?

"2017? Mais dans le contexte actuel, c'est une éternité! Il faut déjà survivre à 2014..." s'exclame M. Fourquet.

"Il faut sortir de la logique de la course de petits chevaux", suggère ce politologue, "les spéculations élyséennes sont présomptueuses et hors de propos".

Le défi du gouvernement paraît immense à tous: "redresser à marches forcées, dans des délais extrêmement courts et sans marges de manoeuvres une compétitivité dégradée", résume M. Fourquet.

Les rivalités président-Premier ministre? "Chirac-VGE, Fillon-Sarkozy... Elles se sont toujours arbitrées au profit du locataire de l'Elysée", note M. Lévy. "Cela dit l'histoire ne se répète jamais complètement."

"Un Premier ministre en fonction qui accède à l’Elysée? Cela n’a jamais existé", relève Bruno Jeanbart.

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