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Les politiques choqués par les accusations de Kagame

Le président rwandais Paul Kagame à Londres le 5 avril 2014 [Carl Court / AFP] Le président rwandais Paul Kagame à Londres le 5 avril 2014 [Carl Court / AFP]

Les déclarations du président rwandais Paul Kagame accusant la France d'avoir pris part aux massacres du génocide de 1994 dans son pays ont choqué la scène politique française, certains politiques regrettant toutefois l'absence de la France aux commémorations.

Dans une interview à Jeune Afrique parue dimanche, le président du Rwanda Paul Kagame a accusé la France d'avoir joué, de même que l'ex-puissance coloniale belge, un "rôle direct dans la préparation du génocide" qui a fait environ 800.000 morts essentiellement dans la minorité tutsi, et d'avoir participé "à son exécution même".

Pour Paris, qui a annulé le déplacement prévu lundi à Kigali de la ministre de la Justice Christiane Taubira, ces déclarations "sont en contradiction avec le processus de dialogue et de réconciliation engagé depuis plusieurs années".

Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères à l'époque du génocide au Rwanda en 1994, avait réagi vivement samedi en appelant François Hollande "à défendre l'honneur de la France", face à ce qu'il qualifie d'"inacceptable mise en cause de la France".

"Il serait aujourd’hui intolérable que nous soyons désignés comme les principaux coupables. J’appelle le président de la République et le gouvernement français à défendre sans ambiguïté l’honneur de la France, l’honneur de son armée, l’honneur de ses diplomates", a écrit Alain Juppé sur son blog.

"La communauté internationale a failli, c’est un fait. Elle a été incapable de prévenir et d’arrêter le génocide", admet Alain Juppé. "Mais la communauté internationale, ce n’est pas la France seule", et "la France a été la seule puissance à agir".

Même réaction pour l'ex-président de la mission parlementaire française d'information sur le génocide du Rwanda, Paul Quilès qui a qualifié d'"ignomineuses" les accusations de¨Paul Kagame.

"Les victimes, la mémoire du génocide du Rwanda méritent mieux qu’une accusation, que je considère comme ignominieuse (...) au regard des faits", a déclaré l'ancien ministre socialiste de la Défense.

"On peut accuser beaucoup la France sur les erreurs politiques qui ont été commises, sur la façon dont cela s’est déroulé, sûrement (...) mais +participation directe+, ça je n’y crois pas", a déclaré l'ex-chef de la diplomatie française Bernard Kouchner, artisan du rapprochement entre Paris et Kigali en 2010.

L'ancien ministre et député UMP Laurent Wauquiez s'est également indigné. "Je ne peux pas accepter que notre pays soit insulté comme il l'a été par le président Kagame. Au-delà de toute polémique de partis, je soutiens ce qu'a été la réaction du gouvernement et de François Hollande, c'était la seule bonne réaction : ne pas aller aux commémorations", a-t-il dit sur France 3.

D'autres voix se faisaient cependant entendre pour déplorer que la France ne participe pas aux commémorations du 20e anniversaire, une décision qualifiée par les Jeunes Socialistes du MJS "d'erreur indigne de la France".

"Par cette décision la France laisse encore une fois entendre qu’elle ne reconnaît pas son implication dans le génocide des Tutsi au Rwanda qui est pourtant établie par les historiens. Malgré la dureté des déclarations du président rwandais Paula Kagame, la gauche au pouvoir rate une occasion de faire la lumière sur ses fautes passées", écrivent-ils dans un communiqué.

Pour Jean-Vincent Placé, chef de file des sénateurs écologistes, "nous aurions dû intervenir plus vite, mais vingt ans plus tard, c’est facile à dire. Très sincèrement je pense qu’il fallait qu’il y ait une représentation de la France, au moins au niveau gouvernemental. Peut-être pas le président ou le Premier ministre mais quelqu’un des Affaires étrangères".

 

 

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