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Convoitée par Philippot, Forbach retient son souffle

Florian Philippot le candidat FN à Forbach, en Moselle, arrive au siège du Front national à Nanterre le 24 mars 2014 [Miguel Medina / AFP/Archives] Florian Philippot le candidat FN à Forbach, en Moselle, arrive au siège du Front national à Nanterre le 24 mars 2014 [Miguel Medina / AFP/Archives]

"C'est impressionnant toutes ces caméras!" s'exclame une électrice. Forbach, ville déshéritée de Moselle, est sous les feux des projecteurs dimanche, où le très médiatique candidat FN Florian Philippot, arrivé en tête au premier tour des municipales, espère décrocher la mairie.

Fort de ses 35,75% de voix dimanche dernier, le bras droit de Marine Le Pen s'est redit "serein et confiant" sur l'issue du scrutin, après avoir voté dans un quartier aisé de Forbach, devant un mur de journalistes.

"Il y a de fortes chances que Forbach sera Bleu Marine ce soir", a-t-il ajouté avec un sourire de circonstance. Mais "ce sera assez serré", a-t-il estimé.

Son principal adversaire, le maire sortant socialiste Laurent Kalinowski s'est refusé à tout commentaire avant les résultats. Tout en ayant mené une campagne plutôt discrète, il a talonné M. Philippot au premier tour avec 33% des suffrages.

Comme au premier tour, la droite reste divisée entre Eric Diligent, dissident de l'UMP qui a obtenu 18,99% des voix dimanche dernier, et Alexandre Cassaro, le candidat investi par l'UMP, arrivé quatrième avec 12,26% des voix seulement.

Tous les deux se voient comme un rempart au Front national et ont fait le choix de se maintenir séparément au second tour.

"Après le premier tour de nombreux électeurs m'ont dit que si je me désistais, ils voteraient FN", affirme M. Diligent.

"Il ne faut surtout pas laisser au FN le monopole de l'opposition" au maire sortant, selon M. Cassaro.

Tous les deux assurent que si M. Philippot gagne, ils n'éprouveront "aucun remord" à s'être maintenus. "Si le FN passe, le seul qui devrait avoir des remords c'est Laurent Kalinowski", selon M. Diligent.

 

- "De gros problèmes" si le FN passe -

 

Au second tour des élections législatives de 2012, M. Kalinowski avait battu M. Philippot avec 58,26% des voix à Forbach contre 41,74% pour le candidat frontiste, qui venait d'être parachuté en Moselle après les bons scores de Marine Le Pen dans la région à la présidentielle.

Le maire sortant de Forbach, le socialiste Laurent Kalinowski, vote dans sa ville lors du deuxième tour des municipales le 30 mars 2014 [Jean-Christophe Verhaegen / AFP]
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Le maire sortant de Forbach, le socialiste Laurent Kalinowski, vote dans sa ville lors du deuxième tour des municipales le 30 mars 2014
 

Le FN a trouvé un terreau propice à Forbach, commune de 22.000 habitants qui ne s'est toujours pas vraiment relevée de la fin de l'exploitation des mines de charbon. Le chômage y atteint 14%, et le sentiment d'insécurité est important.

"Moi j'ai voté Philippot", confie une mère de famille à la sortie d'un bureau de vote. "Parce que c'est le seul qui peut apporter au moins un peu de changement, surtout au niveau de la sécurité", estime-t-elle.

"C'est vrai qu'après une certaine heure, je ne sors plus à cause des bandes de jeunes qui traînent dans la rue", déclare Renée Zedda, une habitante du Wiesberg, un quartier sensible de Forbach.

"Les gens critiquent le maire, disent qu'il n'en a pas fait assez. Je pense que les électeurs ont voulu lui donner un avertissement au premier tour, mais qu'il passera de justesse aujourd'hui", pronostique cette ancienne ouvrière transfrontalière en Allemagne, toute proche de Forbach.

"Si le FN passe, on va avoir de gros problèmes ici", s'inquiète-t-elle, redoutant des violences à Forbach "pour se venger".

"Tout n'est pas rose, c'est clair. Mais ce n'est pas le Bronx ici, il faut arrêter de stigmatiser cette ville. Et ce n'est pas en jetant de l'essence que l'on calme le feu", estime Mohamed Aithsaine, responsable d'une association de quartier de la communauté marocaine au Wiesberg.

M. Aithsaine a fait du porte-à-porte ces derniers jours dans son quartier pour convaincre ses voisins d'aller voter pour le maire sortant, "le mieux placé pour barrer la route au FN" selon lui.

"De toute façon, quel que soit le parti qui gagne, ça ne changera rien" aux problèmes de la commune, pense Axel Pasquet, un peintre en bâtiment originaire de La Réunion. Mais il est quand même allé voter ce dimanche "parce qu'il faut bien faire son devoir".

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