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EELV : les divisions éclaboussent la majorité

Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé, Jean-Marc Ayrault et Pascal Durand le 26 septembre 2013 à Angers [Alain Jocard / AFP] Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé, Jean-Marc Ayrault et Pascal Durand le 26 septembre 2013 à Angers [Alain Jocard / AFP]

En une semaine, les écologistes, qui pour la première fois sont aux affaires avec deux groupes parlementaires et deux ministres, ont renoué avec leurs vieux démons de divisions internes allant jusqu'à mettre en cause la solidarité gouvernementale et demander l'arbitrage du chef de l'Etat.

 

Jeudi pour la fin des journées parlementaires de son parti, Europe Ecologie-Les Verts, Cécile Duflot, ministre du Logement, a défié le président François Hollande, lui demandant de trancher sur le dossier des Roms entre son collègue de l'Intérieur, Manuel Valls, et elle.

Et cela le jour même où le porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a affirmé à l'issue du Conseil des ministres que la politique du gouvernement concernant les Roms était portée "avec fermeté et humanité par Manuel Valls".

L'ex-numéro un de EELV a accusé le ministre de l'Intérieur d'être allé "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain" avec ses propos sur les Roms. Manuel Valls avait jugé qu'une "minorité" de Roms voulait "s'intégrer". Des déclarations qui ont parasité le déplacement de François Hollande le même jour à Florange.

Pour le moment, le président de la République s'est refusé à tout commentaire.

Duflot "a calculé son risque"

Manuel Valls et Cécile Duflot le 20 février 2013 à Matignon [Francois Guillot / AFP/Archives]
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Manuel Valls et Cécile Duflot le 20 février 2013 à Matignon
 

"Cécile Duflot est politique, elle a calculé son risque", assure à l'AFP Guillaume Sainteny, maître de conférence à Polytechnique et auteur du livre "L'introuvable écologisme français ?" (PUF).

"Elle a ainsi accru son capital médiatique et son capital politique" au sein de son parti, a-t-il poursuivi, "elle devait donner des gages à ses militants" après la semaine de crise à EELV.

On était loin des journées d'été à Marseille fin août où les écologistes se félicitaient du bilan de leur première année de participation au gouvernement et se réjouissaient des annonces du ministre de l'Ecologie, Philippe Martin (PS), sur la contribution climat énergie. Alors, Pascal Durand, le secrétaire national d'EELV était candidat naturel à sa propre succession.

La ministre du Logement Cécile Duflot à son arrivée le 26 septembre 2013 aux journées parlementaires d'Europe Ecologie-Les Verts, à Angers [Alain Jocard / AFP]
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La ministre du Logement Cécile Duflot à son arrivée le 26 septembre 2013 aux journées parlementaires d'Europe Ecologie-Les Verts, à Angers
 

A peine un mois plus tard, il a jeté l'éponge, Noël Mamère a quitté le mouvement et la gestion du parti est critiquée.

"On a fait le pire, de la petite cuisine politicienne", selon Pascal Durand. Il estime que les attaques dont il a été l'objet venant de cadres du parti - ils lui ont reproché d'avoir lancé un ultimatum au président Hollande - -n'ont été qu'un "prétexte" pour l'évincer. "Le départ de Durand du secrétariat national n'est pas un signe qui montre que la greffe des Verts avec Europe Ecologie a réussi", explique à l'AFP Daniel Boy, chercheur au Cevipof.

"L'idée audacieuse de Daniel Cohn Bendit en 2009 a été une bonne affaire électorale aux européennes (EELV avait fait 16,28%, ndrl) et aux régionales. On pensait que l'ouverture à des gens très fortement environnementalistes allait changer les choses. Que ça élargirait un peu EELV. Mais que reste-t-il aujourd'hui de cette fusion ?", ajoute-t-il. "Le départ de Pascal Durand, c'est la fin de la comète de la tentative de rapprocher Europe Ecologie et les Verts", renchérit Guillaume Sainteny, pour qui "ce parti adore se déchirer".

A cette crise se sont ajoutées les déclarations de Noël Mamère, qui a accusé Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé, président des sénateurs EELV, d'être "les vrais patrons", une "firme" qui dirige le parti.

François Hollande à son arrivée le 26 septembre 2013 à l'usine Arcelor-Mittal à  Florange [Nicolas Bouvy / Pool/AFP]
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François Hollande à son arrivée le 26 septembre 2013 à l'usine Arcelor-Mittal à Florange
 

Aux journées parlementaires, la question lancinante de la journée était : "y a-t-il eu intervention de l'Elysée ou de Matignon ?" pour évincer Pascal Durand. "J'ose espérer et même je crois que ce n'est pas à l'Elysée ou à Matignon qu'on décide du résultat d'un congrès des partis de la majorité", avait réagi l'intéressé.

Toutefois, un cadre du parti a affirmé à l'AFP que François Hollande, ulcéré, avait demandé à Cécile Duflot la tête de Pascal Durand, après l'épisode de l'ultimatum.

"On ne peut pas contrôler les écolos", affirmait-on dans l'entourage de Mme Duflot évoquant "un état de désordre historique", particulièrement à l'approche d'un congrès.

 

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