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Marseille : les élus mettent leurs querelles en sourdine

Des policiers sur les lieux où a été tué Adrien Anigo, fils du directeur sportif de l'OM, à Marseille le 5 septembre 2013  [Anne-Christine Poujoulat / AFP] Des policiers sur les lieux où a été tué Adrien Anigo, fils du directeur sportif de l'OM, à Marseille le 5 septembre 2013 [Anne-Christine Poujoulat / AFP]

Deux morts en 24 heures après un été meurtrier: la seconde ville de France s'enlise dans la violence, accentuant le sentiment d'impuissance des pouvoirs publics qui appellent à un "pacte national" pour sauver Marseille.

L'expression est du ministre de l'Intérieur Manuel Valls et se traduira dès samedi matin par une table ronde de l'ensemble des élus en préfecture pour "échanger sur la mise en oeuvre d'un pacte pour Marseille, sur la sécurité et son développement futur".

Interrogé à Saint-Pétersbourg, François Hollande a apporté son soutien à cette initiative. "Je pense que c'était une bonne démarche que celle du ministre de l'Intérieur de favoriser le rassemblement, une forme de pacte national pour dire que Marseille mérite mieux que cette image", a-t-il déclaré.

"Faut-il mettre encore plus de moyens? Oui et le ministre de l'Intérieur va le faire", a assuré le chef de l'Etat. "Il faudra du temps de la patience, des moyens mais il y a aura des résultats nous le devons aux Marseillais".

Le 15e règlement de comptes mortel depuis le début de l'année, celui jeudi d'Adrien Anigo, fils du directeur sportif de l'emblématique Olympique de Marseille José Anigo, a stoppé net les querelles politiques agitant la cité phocéenne à l'approche des municipales de 2014, pour céder la place à une union sacrée, du moins en apparence.

Le sénateur-maire (UMP) Jean-Claude Gaudin, qui n'avait cessé ces dernières semaines avec le gouvernement de se renvoyer la balle, exhortait dans la soirée "tous ceux qui aiment cette ville" à "prendre leurs responsabilités et unir leurs efforts". Les candidats aux primaires socialistes tempéraient eux aussi leur discours, prêts à se mettre autour de la table pour tenter de trouver une solution au casse-tête marseillais.

Seule voix discordante: celle du Front national. "Les autorités ont laissé l'hyperviolence se développer et l'ont niée, à l'image de Gaudin qui aujourd'hui est enfermé dans son bureau d'office de tourisme. Avec les responsables qui se réunissent demain, les responsables de la catastrophe, il n'y a rien à espérer", a réagi vendredi sur France Bleu Provence le secrétaire départemental Stéphane Ravier, qui vise la mairie.

"Tsunami médiatique"

Déjà à la rentrée 2012, le gouvernement s'était attelé à la tâche en mettant en place un comité interministériel prônant une "approche globale" pour éradiquer la violence via l'éducation, l'emploi ou encore l'habitat.

Depuis décembre, les quarante cités sensibles identifiées dans les deux zones de sécurité prioritaires (ZSP) de la ville font l'objet d'opérations de reconquête, "de la répression à l'amélioration du cadre de vie". Une nouvelle organisation administrative, la métropole, est aussi en marche, malgré les réticences des élus locaux.

Le gouvernement, venu en force le 20 août à Marseille, fait état de "résultats", les policiers d'un recul de la délinquance et d'un "bon" taux d'élucidation des règlements de comptes (40%), par ailleurs moins nombreux que l'an passé à la même époque.

Jose Anigo le 6 juillet 2011 au Crouesty  [Damien Meyer / AFP/Archives]
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Jose Anigo le 6 juillet 2011 au Crouesty
 

Mais démanteler les réseaux de drogue est un "travail de longue haleine", répètent enquêteurs et ministres, un travail qui ne s'accorde pas avec le temps médiatique et politique.

"Ces chiffres, pour encourageants qu'ils soient, ne pèsent pas bien lourds devant le tsunami médiatique qu'entraîne inexorablement une rafale de kalachnikov ou un nouveau règlement de comptes", déplorait jeudi le nouveau procureur Brice Robin lors de l'audience solennelle d'installation, au moment même du second règlement de comptes de la journée.

"Capitale européenne de la culture 2013, cité du crime, cité de la peur... quel amalgame irrationnel et surréaliste !", lançait-il, tout en appelant à ne pas "banaliser ces faits de violence qui gangrènent le quotidien des Marseillais".

Marseille, déjà décrite comme "la cité des mauvais coups" en 1926 par Albert Londres, voit émerger un "néo-banditisme" de cités, loin des rivalités du passé entre "parrains" du milieu, auquel s'ajoutent des bagarres banales se terminant à l'arme de guerre. Comme la fusillade qui a fait trois blessés dimanche en plein centre après une simple altercation.

 
 

Pas d'équipements sportifs et culturels, des centres sociaux fermés l'été... La jeunesse est laissée sans perspective, ajoute l'élu, dans des quartiers ghettoïsés, où le taux de chômage frôle parfois les 40% et une ville pauvre où moins de la moitié des foyers fiscaux est imposable.

 

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