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Le front républicain apparaît de moins en moins efficace

La présidente du Front national, Marine Le Pen, le 26 mars 2013 à Nanterre, près de Paris [Pierre Andrieu / AFP] La présidente du Front national, Marine Le Pen, le 26 mars 2013 à Nanterre, près de Paris [Pierre Andrieu / AFP]

Malmené dimanche dans l'Oise, remis en cause à l'UMP et au PS, le front républicain, constitué pour faire barrage au FN, donne de sérieux signes de fatigue et apparaît de moins en moins efficace.

Avec la forte poussée de la candidate frontiste, Florence Italiani, entre les deux tours de la législative partielle de l'Oise -- de 7.249 à 13.190 voix, de 26,5% à 48,6% -- beaucoup se demandent si des électeurs du PS, éliminé au premier tour, sont allés voter FN.

De 40 à 45%, estime Joël Gombin, un chercheur en sciences politiques à l'université Picardie-Jules Verne (Amiens), qui a appliqué une méthode développée par le politiste américain Gary King, et dont les chiffres ont été abondamment commentés.

Contactés par l'AFP, le patron du FN dans l'Oise, Michel Guiniot, tout comme la candidate PS, Sylvie Houssin, estiment plutôt que Florence Italiani a largement puisé dans ses réserves de voix, dans une circonscription où Marine Le Pen était arrivée en tête à la présidentielle.

Mais "s'il est probable" que Florence Italiani a "bénéficié du soutien d'abstentionnistes de premier tour", "l'analyse objective" du scrutin "conduit à penser qu'une part significative de ces électeurs gagnés au second tour provient des rangs de la gauche", affirme Jérôme Fourquet (Ifop) dans une note diffusée mardi.

Au vu de la progression de l'extrême droite, l'appel du patron du PS Harlem Désir à "faire barrage au Front national" semble avoir été peu entendu, même si au final, le FN a perdu cette élection. Il faut dire qu'au niveau local, la candidate PS avait refusé de reprendre cet appel à son compte, rappelant que son adversaire, l'UMP Jean-François Mancel, avait lui-même été exclu du RPR en 1998 pour son rapprochement avec le FN.

Aux législatives de 2012, dans le Vaucluse, une candidate PS avait déjà refusé de se retirer au profit de l'UMP, malgré les consignes de Solférino. Dans cette circonscription, Marion Maréchal-Le Pen avait finalement été élue.

Le premier secrétaire du PS Harlem Désir, le 26 janvier 2013 à Paris [Bertrand Langlois / AFP/Archives]
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Le premier secrétaire du PS Harlem Désir, le 26 janvier 2013 à Paris
 

La semaine dernière, après l'appel d'Harlem Désir, le député PS Razzy Hammadi avait aussi critiqué "l'automaticité" du front républicain, "face à cette droite qui tient le même discours" que le FN.

"A partir du moment où un certain nombre d'acteurs politiques laissent entendre que le discours du FN a une forme de légitimité, on voit mal au nom de quoi les électeurs se prêteraient au +front républicain+", souligne aussi Joël Gombin.

Côté UMP, le débat semble tranché. Depuis les cantonales de mars 2011, le parti n'appelle plus à voter à gauche contre l'extrême droite, au motif notamment que le PS est l'allié du Front de gauche et des communistes. Une position définitive ? "Globalement, moi je vote républicain contre le FN", a récemment lâché Jean-Pierre Raffarin.

Au-delà des stratégies des appareils politiques, le sens même du "front républicain" et son efficacité suscitent désormais le doute. Selon la note de l'Ifop, alors qu'aux législatives de 1997 le FN ne progressait que de 8,9 points en moyenne dans des duels face à la droite, il grimpait de 16,7 points dans ces mêmes duels aux législatives de 2012.

L'image de Marine Le Pen, moins sulfureuse que son père, peut être un facteur. Le député PS Malek Boutih y ajoute le sentiment d'impuissance que renvoie la classe politique.

"Tel qu'il est entendu par les électeurs, le front républicain devient une sorte de syndicat des sortants, une sorte de mot d'ordre pour maintenir un dispositif politique", explique à l'AFP l'ancien président de SOS Racisme.

Selon lui, le concept "a un sens, bien sûr, mais il n'est plus incarné". "On a l'emballage mais on n'a rien dedans. Si l'on veut lui redonner du sens, il faut une démarche politique beaucoup plus profonde, et surtout en amont des élections".

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