En direct
A suivre

Mariage pour tous : les mères porteuses font irruption dans le débat

La ministre de la Justice Christiane Taubira lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013 La ministre de la Justice Christiane Taubira lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013 [Jacques Demarthon / AFP]

L'UMP s'est emparé mercredi d'une circulaire sur les enfants nés de mères porteuses à l'étranger pour accuser le gouvernement d'imposer, derrière le projet sur le mariage homo, des "choix lourds" dont la "marchandisation des corps", lors d'un débat qui s'est enflammé en soirée.

La discussion générale achevée dans la nuit de mercredi à jeudi, les débats sur le "mariage pour tous" reprendront vendredi sur les amendements. Au deuxième jour du débat sur le projet de loi autorisant le mariage homosexuel, une circulaire de la Garde des Sceaux Christiane Taubira - dont elle avait annoncé l'"imminence" il y a 15 jours - a mis le feu aux poudres.

Le ministère demande aux tribunaux de ne plus refuser la délivrance de certificats de nationalité française au seul motif qu'ils concernent des enfants nés de mère porteuse à l'étranger. Car, au gré des tribunaux d'instance, la délivrance d'un tel certificat peut être acceptée ou refusée si le fonctionnaire soupçonne une gestation pour autrui (GPA, mères porteuses).

La droite, qui n'a cessé de justifier son refus de l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels en affirmant qu'elle entraînerait inéluctablement la procréation médicalement assistée (PMA) puis la GPA, a sauté sur l'occasion.

"Les masques sont tombés!", a ainsi lancé le président de l'UMP, Jean-François Copé, demandant au gouvernement de "retirer immédiatement cette circulaire". Dans une atmosphère électrique lors des questions d'actualité, des députés de l'opposition ont crié "démission, démission" à l'adresse de Mme Taubira.

Photo
ci-dessus
Christiane Taubira à l'Assemblée nationale pour la séance des questions au gouvernement, le 30 janvier 2013 à Paris
 

En débat, l'ex-Premier ministre François Fillon a notamment affirmé que "PMA (procréation médicalement assistée) et GPA (gestation pour autrui, mères porteuses) sont des lignes rouges vers lesquelles le gouvernement s'avance en catimini".

Et Laurent Wauquiez, présentant une motion pour exiger un référendum sur le projet de loi sur le mariage et l'adoption pour les homosexuels, a reproché au gouvernement de dissimuler des "choix lourds" avec un texte dont "les bébés éprouvettes et les ventres des mères porteuses sont les destinations!".

"Vous ouvrez la voie à la marchandisation du corps féminin. C'est un chemin inacceptable", a-t-il ajouté.

Face à l'épisode de la circulaire, les députés UDI, qui n'étaient pas signataires de la motion référendaire, s'y sont joints. Cela n'a pas empêché le large rejet de la motion, dans un hémicycle comble.

L'UMP ne "fait que faire des amalgames et il y a là une circulaire qui rappelle simplement le droit", a répliqué Bruno Le Roux, président des députés PS, voyant dans la réaction de l'UMP la preuve de "la pauvreté" de ses "arguments".

Photo
ci-dessus
Le président de l'UMP, Jean-François Copé, à la séance des questions au gouvernement, le 30 janvier 2013
 

"La GPA dans notre droit est interdite, ça ne fait pas débat", a martelé inlassablement Christiane Taubira. "Vous êtes en train de nous faire depuis des heures des débats sur un non sujet pour quelques cas litigieux", a-t-elle lancé.

Pour Thierry Mandon, porte-parole des députés PS, le "psychodrame sans fondement" aurait pu être évité si la circulaire était "tombée dans 15 jours".

Ce n'est cependant pas le sujet des mères porteuses qui a alimenté des échanges enflammés en seconde partie de soirée. Une formule d'un député PS affirmant que "le temps du triangle rose est terminé" dans une référence au traitement des homosexuels par le régime nazi a d'abord indigné les élus UMP.

Puis, la droite a ciblé notamment le comportement "indigne" reproché à la socialiste Catherine Lemorton. "Alors oui, je suis présidente de la commission des Affaires sociales mais je parle au nom des 50.000 personnes faites avec des dons de gamètes", dont "mes deux filles", a-t-elle lancé pour justifier qu'elle tempêtait. "Nous avons tous une histoire personnelle. Qui êtes-vous pour nous juger?", s'est exclamé peu après l'UMP Philippe Gosselin.

 
 

La prise de position jugée "courageuse" de Franck Riester, l'un des deux seuls députés UMP à avoir annoncé qu'il voterait pour le projet de loi, qui a défendu à la tribune un texte "historique", a été saluée par le gouvernement et la majorité.

Quant aux inquiétudes de l'élu ultramarin de gauche Bruno Nestor Azerot, opposé au texte, Mme Taubira a répondu qu'"il ne peut y avoir de rupture du pacte républicain entre la France et les outremer sur les libertés" alors que "les esclaves ont détruit le système esclavagiste au nom des libertés individuelles".

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités