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Manuel Valls, l'omniprésent

Manuel Valls le 12 septembre dernier.[DANIEL MIHAILESCU / AFP]

Il y a un an, Manuel Valls était inexistant dans les enquêtes d’opinion. Il est aujourd’hui la deuxième personnalité politique préférée des Français (derrière François Fillon, avec 54% de bonnes opinions, selon un sondage CSA-Les Echos) et un ministre omniprésent devenu l’homme fort du gouvernement.

Isolé à l’aile droite du PS lors de la primaire, l’ancien maire d’Evry est parvenu à s’imposer comme un ministre de l’Intérieur rassembleur, faisant l’unanimité ou presque, à gauche comme à droite.

«Si l’on regarde l’actualité, il y une très forte densité des sujets régaliens qui transcendent les clivages dans la population. On retrouve cela dans sa popularité qui est transpartisane», note Yves-Marie Cann de l’institut CSA, rappelant qu’il est la seule personnalité de gauche à avoir une majorité de bonnes opinions auprès des sympathisants de droite.

Comparé à Nicolas Sarkozy

Présent sur le terrain, la semaine dernière, à Grenoble pour dénoncer avec François Hollande «le massacre» de deux adolescents, puis sur TF1 samedi pour évoquer l’affaire des ripoux de la Bac de Marseille et hier encore sur RTL pour parler du démantèlement réussi d’une cellule djihadiste, Manuel Valls marche en première ligne.

«C’est évidemment celui qui a la présence la plus forte dans les médias», constate un de ses collègues du gouvernement. De quoi rappeler l’époque où Nicolas Sarkozy occupait le poste. «En terme de communication, le point commun est évident. On assiste à une mise en scène personnelle», note le sociologue Laurent Mucchielli, spécialiste des questions de sécurité au CNRS.

Pour Marine Le Pen aussi, le parallèleest évident : «J’ai l’impression d’être sous le règne de Sarkozy ministre de l’Intérieur. Ce sont les mêmes actions, il va aux mêmes endroits, tient les mêmes propos, fait les mêmes promesses», tacle la présidente du FN. Ce parallèle trouble jusque dans les rangs de l’UMP, qui a perdu, avec la fermeté de Manuel Valls, son angle d’attaque favori : le laxisme supposé de la gauche. «En termes de paroles, Manuel Valls, objectivement, est à droite», avait estimé Jean-François Copé le mois dernier.

L’opinion le suit dans ses actions

Mais ce positionnement peut également poser dans son camp. Le ministre de l’Intérieur s’y est fait des ennemis en enterrant le récépissé administratif lors des contrôles d’identité, en affirmant que le droit de vote pour les étrangers n’était pas une priorité ou en appliquant avec force la loi sur le démantèlement des camps de Roms.

Mais à chaque fois, l’opinion suit le ministre de l’Intérieur. Dernière preuve en date, un sondage Opinionway pour Metro révélait hier que 55% des Français approuvent son action. «On est dans une forme d’état de grâce (...). C’est positif d’avoir dans son équipe un ministre populaire qui peut tirer vers le haut la cote de popularité de l’exécutif.D’autant que pour l’heure, il n’apparaît pas aux yeux de l’opinion comme un concurrent de Jean-Marc Ayrault», estime Yves-Marie Cann.Peut-être pas encore un rival, mais au moins un exemple, espère la sénatrice écologiste Esther Benbassa.

«Il n’y a que Valls à sortir la tête de l’eau (…). Allez le gouvernement, changez un peu de ton et de stratégie (…). En un mot, faites-nous du Valls, mais à votre manière. En positif», exhorte-t-elle dans une tribune au Huffington Post.

Bio Express

 

1988. Rocardien de la première heure et tout juste élu conseiller régional, Manuel Valls entre au cabinet de Michel Rocard à Matignon.

1997. Alors Premier ministre, Lionel Jospin le choisit pour être l’un de ses conseillers pour la communication et la presse.

2001. Après un échec aux législatives de 1997 dans le Val-d’Oise , il s’implante à Evryen devenant maire de la ville.Il est élu député l’année suivante avant d’être réélu en 2007 et 2012.

2011. Premier rallié à François Hollande au soir du premier tour de la primaire socialiste (il termine 5e avec 5 % des voix), il est nommé directeur de la communication du candidat. 2012. Devenu le bras droit de François Hollande, il est nommé au ministère de l’Intérieur, grillant la politesse à François Rebsamen. 

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