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Hollande à l'ONU : la France remplit son rôle, selon les experts

François Hollande à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU le 25 septembre 2012 à New York [John Moore / AFP/Getty Images] François Hollande à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU le 25 septembre 2012 à New York [John Moore / AFP/Getty Images]

La France remplit son rôle et l'Assemblée générale de l'ONU ne se prête "pas aux grandes déclarations dithyrambiques", estiment des experts interrogés par l'AFP, qui jugent "excessives" les critiques de l'opposition sur les premiers pas de François Hollande aux Nations unies.

"L'heure n'est pas aux grandes déclarations dithyrambiques", relève Pascal Boniface, de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS).

"Il ne faut pas confondre l'Assemblée générale (des Nations unies) où tous les chefs d'Etat et de gouvernement viennent s'exprimer, avec le discours de (Dominique de) Villepin (devant le Conseil de sécurité, le 14 février 2003) venant s'opposer à la guerre en Irak dans un moment unique et dramatique", ajoute l'expert.

Plusieurs personnalités de l'opposition ont critiqué mercredi le discours de François Hollande, l'ancien ministre Brice Hortefeux (UMP) y ayant vu "urgence sur tout et action sur rien", tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP) a regretté une absence de "souffle".

François Hollande a appelé solennellement mardi à une action "urgente" de la communauté internationale pour tenter de dénouer les crises au Sahel et en Syrie. Il s'agissait de sa première intervention à la tribune des Nations unies. Mercredi, le président français a demandé une convocation "au plus vite" du Conseil de sécurité de l'ONU pour examiner la demande du Mali d'autoriser une intervention militaire africaine pour reconquérir le nord occupé par des islamistes.

"On est là dans le jeu du débat politique entre la majorité et l'opposition. C'est relativement classique", a commenté Pascal Boniface à propos des piques de l'opposition.

"Si on prend le dernier discours de Nicolas Sarkozy en tant que président de la République à l'ONU, je ne sais pas s'il avait du souffle ou pas. Mais des paroles définitives sur le conflit israélo-palestinien se sont évaporées devant l'épreuve des faits", remarque François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique.

Les autorités françaises "sont particulièrement préoccupées par la situation au Sahel, où nous avons des otages et des intérêts, et elles essayent de mobiliser la communauté internationale en vue d'une intervention derrière les forces africaines", souligne Jean-Dominique Giuliani, de la Fondation Robert-Schuman, en faisant valoir que l'Assemblée générale donne lieu aussi à de nombreux contacts diplomatiques autour des dossiers syrien et du Sahel.

"Je constate que la France en fait ni plus ni moins que la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis", relève aussi Pascal Boniface. "Même si Nicolas Sarkozy avait été président, il n'aurait pas changé la situation en Syrie", ajoute l'expert.

Selon lui, "faire une comparaison entre la Syrie et la Libye n'a pas tellement de sens, d'un point de vue géopolitique, militaire ou stratégique. Il n'y a pas des pays qui agissent et une France qui végète. L'ensemble des pays sont devant les mêmes difficultés", poursuit-il.

"Je n'ai pas le souvenir que le prédécesseur de l'actuel président de la République ait beaucoup fait en matière d'intervention en Syrie. Pourtant, il a été président pendant les treize premiers mois de la révolution syrienne", appuie François Heisbourg.

Tous les experts interrogés insistent sur le "blocage" actuel du dossier syrien en raison de la position chinoise et russe au Conseil de sécurité. Pour M. Heisbourg, "la vraie épreuve de vérité" de l'action diplomatique française va porter sur le Mali, "où la France va avoir un rôle politique et le cas échéant militaire à jouer, à la fois important et difficile".

"La France ne peut pas aller au premier rang", relativise toutefois M. Boniface. "L'époque où la France pouvait tenter une intervention nationale en Afrique pour régler un problème stratégique (...) ne vaut plus aujourd'hui", ajoute-t-il.

La France "peut venir en appui mais ne peut en aucun cas prendre l'initiative et agir seule", conclut l'expert.

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