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François Bayrou n'entrera pas au gouvernement

François Bayrou dans sa circonscription de Pau (Pyrénées-Atlantiques),le 29 mai 2012. [PIERRE ANDRIEU/AFP]

Alors qu’il est en difficulté pour être réélu dans le Béarn, François Bayrou, le président du Modem réaffirme son indépendance et sa liberté de ton.

Sa situation est périlleuse. Quel que soit le cas de figure (duel ou triangulaire), François Bayrou est donné perdant dimanche prochain dans son fief du Béarn. Mais lui est persuadé du contraire, et c’est fort de cette certitude qu’il est reçu aujourd’hui à l’Elysée par François Hollande pour préparer le G20.

Comment jugez-vous les premiers pas de François Hollande ?

Je trouve qu’il a bien négocié les premières semaines, notamment en politique étrangère. Il a porté une thèse positive, celle du soutien à la croissance. Il l’a fait avec humilité et détermination. Pour autant, jusqu’à maintenant, aucune des décisions importantes qui vont devoir être prises n’a été abordée. Tout cela viendra après le 17 juin.

Le rencontrez-vous aujourd’hui en tant qu’allié ou opposant ?

Je suis dans la position d’un interlocuteur libre, avec un a priori positif. Je soutiendrai l’action du gouvernement quand elle ira dans le bon sens. Si ce n’est pas le cas, je le dirai. L’immense majorité des Français n’attendent pas aujourd’hui un affrontement de plus entre gauche et droite. Ils attendent une coopération entre les grands courants politiques pour sortir le pays de la crise. C’est mon état d’esprit.

Comment faire ? En entrant au gouvernement ?

Non. On ne peut participer à un gouvernement que si l’on est pleinement d’accord avec ses options principales. Or, j’ai dit quelles étaient mes réserves sur son projet économique. Cependant, je trouve bien que le président ouvre des discussions avec les grands courants du pays. Et à l’Assemblée, il faudra des voix libres pour apporter un jugement qui ne soit pas systématiquement pour ou systématiquement contre, agressif ou soumis.

Doutez-vous de vos chances ?

J’ai pleinement confiance en mes concitoyens des Pyrénées. Je les connais bien. Une question leur est posée : quel type de député veulent-ils ? Souhaitent-ils être représentés par un homme dont la parole est libre dans le débat public, qui est capable de dépasser les clivages, ou par quelqu’un qui dira mécaniquement oui s’il est dans la majorité ou non s’il est dans l’opposition ? La réponse ne fera pas de doute, même s’il faut traverser quelques orages.

Une défaite signerait-elle la fin de votre carrière ?

Si vous entrez sur un stade pour livrer un match important en pensant que vous allez le perdre, vous n’avez aucune chance de gagner. En politique, c’est comme en sport ; je n’ai jamais envisagé l’échec comme une hypothèse à examiner.

Comment repart-on en campagne après un échec à la présidentielle ?

Faire de l’ordre de 10 %, c’est-à-dire 3,5 millions de voix, c’est un score significatif, à défaut d’être celui que j’espérais. Au fond, cela ressemble à la vie des Français. Vous menez une bataille dont l’issue est incertaine puis, derrière, vous vous relevez. C’est vrai dans la vie personnelle, professionnelle ou affective. Et j’ai un avantage par rapport à la plupart des responsables politiques aussi élus en région : je ne suis pas parachuté par un parti. Le Béarn, j’y suis né, j’y vis, mes enfants y ont grandi et c’est ici que j’ai toujours obtenu mes mandats.

Espériez-vous un peu de clémence, notamment de la part du PS ?

Je n‘ai rien demandé, ni négocié. Toute ma vie, je me suis battu contre l’esprit partisan et le sectarisme qui sont des ennemis de la France. J’ai toujours refusé la soumission à l’un ou l’autre des deux partis dominants, donc jene suis pas dans une situation nouvelle. Cet­te fois, c’est peut-être plus agressif.

Quel regard portez-vous sur une éventuelle cohabitation ? 

Depuis très longtemps, je considère que la cohabitation de guerre, entre une majorité qui veut empêcher le président de gouverner et un président qui est en désaccord avec la majorité, c’est un trop grand risque pour la France. C’est la paralysie. C’est pourquoi je défends l’idée d’une coopération et non d’un affrontement stérile. 

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