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L'UMP cloue Jouanno au pilori

Montage daté du 24 avril 2012 de portraits de Chantal Jouanno et de François Fillon[AFP/Archives]

Alors que certains, à droite, doutent mezza voce des chances de réélection de Nicolas Sarkozy, l'UMP s'est efforcée de resserrer les rangs mardi, refusant d'évoquer l'après-6 mai et condamnant l'ex-ministre Chantal Jouanno, qui choisirait le PS si elle était confrontée à un duel PS-FN.

Signe d'une certaine tension dans les rangs du parti présidentiel au surlendemain du premier tour de la présidentielle, la déclaration de la sénatrice UMP de Paris estimant lundi soir que, face à la montée du FN, la réponse n'était pas "dans la droitisation" de l'UMP et prévenant qu'en cas de duel PS-FN aux législatives, elle voterait socialiste, a échauffé les esprits.

Mme Jouanno est allée nettement plus loin que le ministre de l'Intérieur Claude Guéant qui, pressé mardi matin de questions sur le même sujet sur RTL, s'est contenté d'un : "je ne voterais pas pour le Front national".

Mais elle n'a là rien exprimé d'autre que ce qu'avait dit, lors des cantonales de 2011, Nathalie Kosciusko-Morizet, maintenant porte-parole du président-candidat.

Ce scrutin avait créé une vraie ligne de fracture sur la position du "ni PS, ni FN" arrêtée par l'Elysée et martelée par le patron de l'UMP, Jean-François Copé. François Fillon avait au contraire appelé à "voter contre le Front national", au nom des "valeurs".

Mardi, en revanche, le Premier ministre a désavoué Mme Jouanno, dont il est proche, jugeant "stupides et contre-productifs" ses propos. "Il faut refuser de se placer dans une hypothèse de défaite et refuser toute question sur l'après", a-t-il insisté.

Dans Le Figaro, il a néanmoins lui aussi envisagé toutes les options en lâchant: "dans tous les cas de figure, ma position sera la même: j'appellerai à l'unité de la majorité pour conduire la bataille des législatives" de juin.

"C'est la preuve qu'on a raison de dire que Fillon est dans le scénario d'une défaite. Lui, il est dans le subliminal, Jouanno, elle est dans l'exprimé", décoche-t-on dans l'entourage de M. Copé, prêt à un duel acharné avec le Premier ministre pour le leadership de l'UMP en cas d'échec le 6 mai.

Les partisans de M. Fillon assurent, de leur côté, que M. Copé ne songe qu'à son horizon élyséen : 2017.

Les parlementaires UMP se sont eux aussi déchaînés contre Mme Jouanno. "C'est absolument scandaleux (...) Dire que le problème de l'immigration n'existe pas quand on fait son marché dans le VIe arrondissement, c'est facile", a lâché le patron des députés UMP, Christian Jacob.

"On s'en contrefout de cette nana en mal d'existence", a renchéri Jacques Myard. Sur fond de querelles parisiennes, le sénateur UMP Pierre Charon a lui lancé: "un tweet ça va, deux tweets, bonjour les dégâts". Une allusion à son tweet de la semaine dernière où Mme Jouanno disait qu'elle voterait Sarkozy même si elle avait, comme Fadela Amara et Martin Hirsch, "des raisons personnelles d'être contre lui".

Alain Juppé a échappé à la colère des députés. Lundi, le numéro deux du gouvernement s'était dit prêt "à tout faire pour que l'UMP garde sa cohésion, parce que reconstituer (...) le RPR et l'UDF, c'est dix ans d'échec pour ce qui serait alors l'opposition", ce qui lui a valu mardi un sec rappel à l'ordre de Nicolas Sarkozy: "il ferait mieux de se concentrer sur le 2e tour".

C'est "sa liberté de parole", a relativisé le député Eric Ciotti.

Face à la presse, les élus UMP, pessimistes en privé, restaient motus et bouche cousue sur l'après-6 mai. "Nous sommes tous concentrés, et uniquement concentrés, sur le second tour", affirmait M. Ciotti.

Devant ses collègues sénateurs, l'ex-Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a résumé la consigne générale: "Quand ça tangue, il faut serrer les rangs autour de l'UMP et de son secrétaire général et ne pas parler d'éclatement de l'UMP". Applaudissements nourris.

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