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En 1965, "personne ne savait ce que Bob Dylan avait en tête", selon Daniel Kramer

En 1965, lorsque Bob Dylan enregistre "Bring it all back home", l'album de son passage à l'électrique, "personne ne savait ce qu'il avait en tête", raconte à l'AFP le photographe Daniel Kramer, témoin privilégié de cette période.[AFP]

En 1965, lorsque Bob Dylan enregistre "Bring it all back home", l'album de son passage à l'électrique, "personne ne savait ce qu'il avait en tête", raconte à l'AFP le photographe Daniel Kramer, témoin privilégié de cette période.

Le travail du photographe, auteur de quelques-uns des portraits les plus célèbres de Dylan et de la pochette de "Highway 61 revisited", est au centre de l'exposition "Bob Dylan, l'explosion rock 61-66", qui s'ouvre mardi à la Cité de la Musique.

Q : Comment avez-vous rencontré Bob Dylan ?

R : "Je l'ai d'abord +rencontré+ devant ma télévision. Il était invité dans une émission et un des mes amis m'avait conseillé de le voir. Il a joué +The lonesome death of Hattie Carroll+. Je ne connaissais pas grand chose à cette musique, mais ce jeune garçon, seul avec sa guitare, était bouleversant. Les paroles étaient si fortes, si importantes. J'ai pensé qu'il ferait un bon sujet de portrait et j'ai appelé le bureau de son manager. Pendant six mois, ils ont refusé, me disant qu'il était trop occupé. Un jour j'ai réussi à avoir son manager au bout du fil et il m'a dit de venir à Woodstock, qu'il me donnerait une heure. Quand je suis arrivé, une semaine plus tard, la séance a duré cinq heures.

Finalement, je l'ai accompagné exactement un an et un jour, de cette première séance à Woodstock, le 27 août 1964, au concert de Forest Hills, le 28 août 1965. Quand j'ai commencé, Dylan était un chanteur folk, seul avec une guitare acoustique. Un an plus tard, je le photographiais dans un stade, accompagné d'un groupe, au milieu d'énormes enceintes. Il était passé à l'électrique, jouait une toute nouvelle musique qui venait d'être inventée cette année-là".

Q : Avez-vous compris pourquoi il était passé à l'électrique ?

R : "Peut-être. J'étais dans le studio quand il a enregistré +Bringing it all back home+, quand cette musique est née. Personne ne savait exactement ce que Bob avait en tête. D'après ce que j'ai compris, il a toujours voulu jouer en version électrique. Ses héros, les gens qu'il admirait jouaient ce genre de musique. Mais jouer en électrique coûtait plus cher, parce que ça signifiait avoir un groupe, des musiciens. C'est comme élargir sa palette pour un peintre. Vous peignez avec cinq couleurs et un jour vous décidez d'en utiliser vingt : vous ouvrez un champ nouveau, différent.

Q : Est-il un sujet facile ?

R : (longue hésitation) "C'était un bon, un très bon sujet. Tous les photographes qui prennent des photos un peu spéciales le font parce que leur sujet travaille avec eux. Et Dylan a une intelligence de l'image et de la photographie. Ses récentes peintures montrent bien son habileté à comprendre l'image. Je pouvais photographier ce que je voulais de la façon dont je le voulais. Je n'avais aucune restriction, pas d'itinéraire tracé. Au cours de cette année, nous avons eu de très nombreuses séances, certaines duraient une heure, d'autres trois jours. Parfois je travaillais en studio et il m'appelait pour me dire : +sors et faisons quelques photos+". Je faisais partie de l'équipe".

Propos recueillis par Bénédicte REY

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