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Voici les 10 pays avec le plus de corruption au monde

Dans certains États, la corruption est devenue «endémique» et gangrène l'économie et la stabilité des pays. Image d'illustration [Adobe Stock / kenchiro168]

Mesuré selon plusieurs échelles allant généralement de 0 à 100, le poids de la corruption d'un pays peut varier du tout au tout. Voici les 10 pays qui affichent les pires scores en la matière.

Des journalistes emprisonnés lorsqu’ils enquêtent sur le sujet, des personnages politiques écartés du pouvoir pour faire taire les scandales, une police qui vole ses propres concitoyens... La corruption gangrène toujours de nombreux pays dans le monde, en 2024.

Si plusieurs enquêtes ont été menées par des organismes différents, tous sont unanimes quant au classement des pays les plus corrompus. Le point sur les dix premiers d’entre eux. 

Le Turkménistan 

Ce pays d'Asie centrale, largement recouvert par le désert du Karakoum, et entouré de l'Afghanistan au sud-est, de l'Iran au sud-sud-ouest, de la mer Caspienne à l'ouest, du Kazakhstan au nord-ouest et de l'Ouzbékistan à l'est-nord-est, est le dixième pays le plus corrompu au monde.  

Sur une échelle mesurant le degré de corruption, s'étalant de 0 (corruption totale) à 100 (absence de corruption), le magazine CEOWORLD lui attribue un score de 47,69. Un chiffre calculé, explique le magazine, en s’appuyant sur «des éléments tels que la corruption d'agents publics, les pots-de-vin dans les marchés publics, le détournement de fonds publics et l'efficacité des efforts déployés par le secteur public pour lutter contre la corruption sont pris en compte pour calculer le niveau de corruption perçu dans un pays». 

En 2023, Transparency International lui décernait par ailleurs, sur une échelle allant toujours de 0 (corruption totale) à 100 (absence de corruption), mesurant la corruption dans le secteur public, la note de 18 sur 100. 

La Guinée équatoriale 

Avec un PIB de 12,3 milliards de dollars, la Guinée équatoriale se classe parmi les pays les plus riches d’Afrique subsaharienne : elle atteint en effet la quatrième place. Mais cette performance ne se traduit en réalité que peu dans le quotidien des habitants, qui ne bénéficient guère des retombées des ventes de pétrole. 70% des Equato-Guinéens vivent ainsi avec moins d’un dollar par jour. 

Le fonctionnement des institutions y est très familial, puisque tous les postes à responsabilité sont détenus par des membres de la famille du président. Le fils ainé du président, déjà vice-président, est d’ailleurs d’ores-et-déjà vu comme son successeur.  

CEOWORLD lui attribue de fait le score de 47,3 sur 100 ; de son côté, Transparency International lui décerne la note de 17 sur 100. Des résultats hissant ainsi le pays à la neuvième place de ce classement.  

Haïti 

Haïti est le pays le plus pauvre des deux Amériques. En 2016, le PIB d’Haïti s’élevait à pas plus de 8,2 milliards de dollars américains, soit à peine 759 dollars par habitant. Le niveau de vie des habitants se détériore et, dans le même temps, la part du budget de l’Etat alloué à la santé est passé de 16,6% en 2004 à 4,3% en 2018. Le pays peine par ailleurs à se reconstruire après l’ouragan Katrina, qui avait ravagé le pays en 2010. 

C’est dans ce contexte que le pays souffre d’une corruption majeure, en témoignent plusieurs affaires. Citons le scandale PetroCaribe, durant lequel des hommes d'affaires et des hommes politiques proches du pouvoir ont détourné une grande partie de l'aide économique vénézuélienne (4,2 milliards de dollars) destinée à l'amélioration des services publics, pour leur propre profit. En février 2019, des scandales de corruption impliquant plusieurs ministres et le président lui-même ont par ailleurs conduit à d'importantes manifestations contre le gouvernement alors que, dans le même temps, les prix du carburant à la pompe avaient augmenté de 50%.  

CEOWORLD lui attribue ainsi la note de 47,7 sur 100, quand Transparency International lui donne la même note que la Guinée équatoriale, soit 17. 

La Corée du Nord 

Ce pays, l’un des plus pauvres de la planète, possède toutefois l'une des plus importantes forces militaires conventionnelles au monde, avec plus de 1,2 million de soldats actifs et plus de 500.000 réservistes, et entre 20 à 30 armes nucléaires estimées en 2019. Pyongyang consacre ainsi 15% de son PIB à son armée, sous l’impulsion de son chef Kim Jong-hun. Le régime constitue l’un des plus isolationnistes de la planète, mais aussi l’un des plus autoritaires. Il est souvent décrié par les ONG, accusé d’être parmi ceux dans lesquels les droits de l’Homme sont le moins respectés.  

C’est face à ce constat que les Nord-Coréens sont amenés à payer des pots-de-vin aux autorités pour survivre dans leur pays, alors que 40% d’entre eux peinent à accéder à des ressources alimentaires. En mai 2019, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) soulignait, dans un rapport, que la corruption était devenue «endémique». Parallèlement, les représentants des autorités extorquent de l’argent aux citoyens et les menacent de détention et de poursuites.  

CEOWORLD décerne ainsi la note de 46,57 sur 100 au pays. Du côté de Transparency International, le régime s’en sort avec un score de 17 sur 100. 

Le Nicaragua 

Le Nicaragua, pays limitrophe du Honduras au nord et du Costa Rica au sud, est le plus étendu de l'Amérique centrale et occupe une position quasi centrale au sein de l'isthme panaméricain. Malgré ses paysages de rêve allant de plaines côtières en reliefs montagneux (dont des reliefs volcaniques) en passant par des grands lacs, le quotidien est loin d’être idyllique pour la population multiethnique de quelque 6 millions d’habitants.  

Avec un score de 46,68 sur l’échelle établie par CEOWORLD et 17 pour celle proposée par Transparency International, le Nicaragua atteint en effet la sixième place de ce classement des pays les plus corrompus au monde. Avec, pour principales victimes : les habitants.  

En fin de mandat, par exemple, de forts soupçons de corruption ont notamment pesé sur l’ancien Président Arnoldo Alemán, élu en 1996, le conduisant à une peine de vingt ans de prison pour détournement de fonds en 2003. C’est grâce une campagne «anti-corruption» qu’Enrique Bolaños Geyer, ancien vice-président d'Arnoldo Alemán, accède à la présidence en 2002 – preuve du poids de cette forme de criminalité dans le pays. En 2018, des mobilisations citoyennes dénonçant la corruption et l'abus de pouvoir du gouvernement ont été sévèrement réprimées par les forces de l'ordre à coups d’armes de guerre, entraînant la mort de près de 300 personnes.  

Le Yémen 

Le Yémen, l'un des plus anciens berceaux de la civilisation au Moyen-Orient, est situé à la pointe sud-ouest de la péninsule d'Arabie, et possède des frontières terrestres avec l’Arabie Saoudite au nord et avec Oman au nord-est, et une frontière maritime avec Djibouti et l'Érythrée à l'ouest et la Somalie au sud.

Le gouvernement et les forces de l'ordre, tenus pour responsables d’arrestations arbitraires, de torture, d'exécutions sans procès et de traitements inhumains, baignent fréquemment dans des affaires de corruption. Le processus judiciaire est quant à lui fortement perturbé par l'ingérence du pouvoir exécutif et son inefficacité, de même – à nouveau – par la corruption.  

Début 2011, un mouvement de contestation de grande ampleur, appelé «révolte yéménite de 2011», a ainsi dégénéré en révolte. S'inspirant des précédents tunisien et égyptien, lors du Printemps Arabe, les manifestants ont, outre la démocratie, le départ du président, ou encore de meilleures conditions de vie, par exemple, la fin de la corruption. Laquelle corruption est évaluée à 46,36 sur 100 par CEOWORLD, et à 16 sur 100 par Transparency International.  

Le Soudan du Sud 

À la suite du référendum d'autodétermination organisé du 9 au 15 janvier 2011, le Soudan du Sud a fait sécession de la république du Soudan le 9 juillet 2011, avec laquelle règne encore des conflits territoriaux en ce qui concerne le tracé officiel de la frontière soudano-sud-soudanaise.  

Si sa voisine se classe à la 13e place des pays les plus corrompus du monde selon CEOWORLD, le Soudan du Sud rejoint pour sa part la 4e place, avec un score de 45,61. De son côté, Transparency International note une corruption significativement plus forte que pour le cinquième pays de ce classement – le Yémen – avec une note de 13 sur 100, contre 16 sur 100.  

En 2018, quelque 73 millions de dollars américains avaient détournés, avait souligné l’ONU. « Dans un seul exemple emblématique, des transactions d’une valeur d’environ 39 millions de dollars américains ont été détournées sur une période de moins de deux mois », avaient même noté les enquêteurs. Toujours selon l’ONU, le Président Salva Kiir avait lui-même admis, dès 2012, que les élites dirigeantes du Soudan du Sud avaient déjà détourné plus de 4 milliards de dollars. 

La Syrie 

Située sur la côte orientale de la mer Méditerranée, la Syrie, possède des frontières terrestres avec la Turquie, l'Irak, la Jordanie, Israël, le Liban et une frontière maritime avec Chypre.  

Terrain d’un conflit armé, d’actes d’enlèvements, de disparitions forcées ou de détentions arbitraires, la Syrie compte parmi les pays les plus dangereux au monde. Celui-ci souffre par ailleurs régulièrement des attaques terroristes menées par Daesh, qui s’est fortement implanté dans la région.  

La population y est globalement très pauvre, d’autant plus qu’entre 2010 et 2014, la guerre dans le pays a par ailleurs fait se rétracter l’économie à hauteur de 62%. La corruption y est particulièrement élevée : on notera qu’en 2020, par exemple, la banque centrale en Syrie aurait encaissé près de 0,51 dollars par dollar obtenu dans le cadre d’aides internationales, notamment onusiennes. Par ailleurs, Asma al-Assad, épouse du président Bachar al-Assad, est accusée d’avoir, via différentes manœuvres, réussi à prendre le contrôle d’une part non négligeable du commerce d’Etat. 

Avec un score de 45,52 sur 100 donné par CEOWORLD et un score de 13 donné par Transparency International, la Syrie se hisse à la troisième place du classement.  

Le Venezuela 

Le Venezuela est la cinquième puissance économique latino-américaine en termes de PIB, après le Brésil, le Mexique, l'Argentine et la Colombie avec un PIB estimé à 367,5 milliards de dollars en 2013 selon la Banque Mondiale et se situe à la 4e place d'Amérique du Sud avec 9.960 dollars par habitant en 2009. Le pays est un important producteur de pétrole et un membre fondateur de l’OPEP, et atteint la sixième place au palmarès des producteurs de l’OPEP pendant la décennie 2010.  

Malgré tout, le Venezuela fait face à un régime extrêmement répressif qui procède à des arrestations massives, notamment des opposants. Depuis plusieurs années, une part croissante de la population exprime son désaccord avec le pouvoir en place et notamment avec le président Nicolás Maduro, dont il réclame le départ.  

Celui-ci est notamment exhorté à organiser des élections libres. Si celles-ci devaient avoir lieu, Nicolás Maduro serait probablement largement battu, alors que 8 personnes sur 10 le désapprouvent. 70% des personnes interrogées lors d’un sondage réalisé en novembre déclaraient qu’elles voteraient pour María Corina Machado, une conservatrice qui a remporté la primaire de l’opposition, contre 9% à peine pour le président en place. Cela devrait toutefois avoir peu de chance de se produire, dans la mesure où le Conseil Suprême a déclaré la candidate illégitime. Conseil Suprême dans lequel siège plusieurs proches de Nicolás Maduro. 

Avec un score de 45,37 sur 100 donné par CEOWORLD, et un score de 13 donné par Transparency International, le Venezuela est ainsi le deuxième pays le plus corrompu au monde, et le premier d’Amérique.  

La Somalie 

La Somalie, pays situé à l'extrémité orientale de la Corne de l'Afrique, est l’un des pays les plus pauvres au monde, avec à peine 447 euros de PIB par personne. 60% de la population y souffre de la faim, et 250.000 personnes en sont même mortes en 2011. En cause : entre autres, des difficultés d’accès à l’eau et l’augmentation du nombre d’épisodes de sécheresse, engendrées par le dérèglement climatique.  

C’est dans ce contexte que le pays se classe comme premier pays au monde en matière de corruption : CEOWORLD et Transparency International lui donnent respectivement les notes de 45,14 sur 100 et 11 sur 100. Sont notamment concernés les hauts-fonctionnaires (quatre ont par exemple été jugés en juillet 2023), la police, et même les dirigeants.  

En août 2023, un journaliste avait été fait prisonnier pour avoir enquêté sur des suspicions de corruption de certains officiers de police. En 2021, le Président lui-même avait démis le Premier ministre de ses fonctions pour le même motif.  

Si la Finlande décroche, à l’inverse, la palme du pays le moins corrompu au monde selon CEOWORLD (et la 3e, selon Transparency International), la France, elle, est le 19e pays le moins corrompu selon CEOWORLD (93,18 sur 100), et le 20e selon Transparency International (71 sur 100).

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