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Décès de la médecin et militante anti-sida Gao Yaojie à 95 ans

Gao Yaojie avait été l'une des premiers médecins chinoise à entendre parler du sida qui tuait des villageois au milieu des années 1990. [PETER PARKS / AFP]

Gao Yaojie, médecin chinoise et militante pour la lutte contre le sida est décédée à l’âge de 95 ans à New York. Elle avait été harcelée pendant des années par les autorités chinoises pour avoir dénoncé l'ampleur de l'épidémie de sida, liée au commerce du sang, dans la province du Henan, dans les années 1990.

Installée à New York en 2009, Gao Yaojie, médecin chinoise et célèbre militante pour la lutte contre le sida s'est éteinte à son domicile américain dimanche 10 décembre, a déclaré à l'AFP Andrew Nathan, un éminent sinologue qui gérait ses affaires aux Etats-Unis.

Agée de 95 ans, la «Dr Gao» avait été harcelée pendant des années par les autorités chinoises pour avoir dénoncé l'ampleur de l'épidémie de sida, liée au commerce du sang, dans la province du Henan (centre). Gao Yaojie avait été l'une des premiers médecins à entendre parler de la mystérieuse maladie qui tuait des villageois au milieu des années 1990.

Elle s'était rendue compte qu'un grand nombre de paysans pauvres avaient contracté le virus du sida en vendant leur sang lors de collectes non-hygiéniques approuvées par les autorités. Alors que les autorités locales tentaient d'étouffer le scandale, Gao Yaojie avait commencé à acheter des médicaments et des fournitures de base à ses frais pour soigner les malades. Des experts estiment qu'au moins un million de personnes, dans la seule province du Henan, ont contracté le VIH dans le cadre du commerce du sang.

Placée sous surveillance et assignée à résidence

Gao Yaojie était devenue l'une des militantes les plus actives pour faire connaître le sort des malades du sida en Chine et avait reçu une reconnaissance internationale pour son travail. Les autorités chinoises avaient refusé pendant des années de lui délivrer un passeport et l'avaient souvent placée sous surveillance. La Chine a fini par reconnaître l'ampleur de la crise en 2001, et a même décerné un prix au «Dr Gao» trois ans plus tard.

Mais en 2007, les autorités l'avaient assignée temporairement à résidence pour l'empêcher de se rendre aux Etats-Unis afin de recevoir un prix des mains de Hillary Clinton, alors sénatrice américaine. Pékin avait fini par céder et par la laisser partir, après une intervention de Madame Clinton auprès du président chinois de l'époque, Hu Jintao.

Gao Yaojie faisait partie de la génération des personnes devenues adultes avant que le Parti communiste chinois ne prenne le pouvoir en 1949.  Ses parents étant propriétaires terriens, la gynécologue avait été rétrogradée et contrainte de nettoyer les toilettes des hôpitaux pendant huit ans durant la Révolution culturelle (1966-1976).

«C’était une personne remarquable»

En Chine, les réactions à son décès étaient nombreuses sur internet. «C’était une personne remarquable. C'est bien dommage que pour des raisons politiques, elle n'ait pas pu s'éteindre chez elle en Chine», a déploré un utilisateur du réseau social chinois Weibo.

D'autres comparaient Gao Yaojie à l'ophtalmologue Li Wenliang, un autre docteur chinois lanceur d'alerte, aux premiers temps du Covid-19 début 2020 en Chine. Il avait été accusé par les autorités de diffuser des «rumeurs» après avoir alerté en ligne d'autres médecins sur une mystérieuse pneumonie qui allait s'avérer être le Covid-19. L'annonce de sa convocation par la police et surtout de son décès avait provoqué un tollé dans l'opinion publique.

«Quand je vois le docteur Gao, je pense aussi à Li Wenliang» a écrit un utilisateur de Weibo, déplorant le fait que son décès soit largement passé sous silence par la presse officielle. «Voilà le type de personne qui devrait être honorée. Au lieu de ça, les titres des médias se concentrent sur l'actu people», a déploré un autre.

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