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VIH et Sida : 11 idées reçues qui ont encore la vie dure en 2024

Depuis 30 ans, le Sidaction organise chaque année une grande campagne d'appel aux dons pour lutter contre le sida, une maladie provoquée par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), dont la campagne 2024 commence ce vendredi 22 mars. L’occasion de faire le point autour de plusieurs idées fausses qui ont la vie dure.

Le VIH et le sida, c’est pareil

VIH et sida ne sont pas des synonymes. Le VIH est le virus responsable de l’infection évoluant vers le sida (le Syndrome d'Immunodéficience Acquise), en l’absence de traitement. «Il s’attaque aux cellules immunitaires du corps», et cible notamment les lymphocytes CD4, des cellules qui protègent le corps contre les attaques des maladies et autres infections.

Le sida est «le stade ultime de l’évolution du VIH. L’immunité est tellement faible, que l’on ne peut plus se battre contre les infections». Mais si on a le VIH, et que l'on prend un traitement suffisamment tôt, on ne développera pas le sida.

Quand on a pas de symptômes, on n'a pas le VIH

On ne peut donc pas compter sur les symptômes pour être alerté. D’une part car lorsqu’ils se manifestent, ils sont semblables à ceux de n’importe quelles infections (fièvre, douleurs musculaires, maux de tête…), et d’autre part parce qu’après l’infection, «certaines personnes ne ressentent rien du tout», et ce, pendant très longtemps car «l’évolution dans le corps peut prendre des années».

Et comme pour l'hépatite C, quand on se fait dépister du VIH suite à des symptômes plus graves, «c’est vraisemblablement le signe que le dépistage arrive trop tard». D’où la nécessité de se faire dépister «dès lors que l’on change de partenaire. Il faut que cela devienne un réflexe».

Une personne séropositive doit prévenir son partenaire

Faux. Si la personne séropositive est sous traitement, elle n'a aucune obligation de prévenir qui que ce soit (partenaire sexuel, conjoint(e), parents, enfants, collègues, etc.). Et pour cause, les relations sexuelles ne comportent aucune possibilité de transmission du VIH puisque la charge virale d'un patient sous traitement est de 0.

Dans le même registre, il est interdit de révéler la séropositivité de quelqu'un à une tierce personne.

Avoir un enfant et être séropositive, c'est impossible

Il est parfaitement possible d’avoir des enfants quand on est porteur du VIH. On peut transmettre le virus au bébé «au travers du placenta, au moment de l’accouchement, et via l’allaitement». Mais dès lors que la femme enceinte prend un traitement, «il n’y a pas de risque». Aujourd’hui, en France, «la transmission du virus de la mère à l’enfant est totalement jugulée».

le virus peut se transmettre par un baiser

Le VIH se transmet par certains liquides corporels : le sang, le sperme, le lait maternel et les sécrétions anales et vaginales. «Mais en aucun cas par la salive», confirme Sandrine Fournier, directrice du Pôle Financements Recherche et Associations à Sidaction. On peut donc tout à fait boire dans le même verre qu'une personne porteuse du virus, et l'embrasser, sur la joue ou sur la bouche.

D’autre part, il faut savoir qu’une personne séropositive sous traitement ne transmet pas le virus. «La charge virale résiduelle dans le corps est si faible que l’on ne peut pas transmettre le VIH. C’est une information insuffisamment connue, qui a du mal à être intégrée, et qu’il faut rappeler.»

Le virus touche uniquement les hommes gays

Le VIH ne touche pas uniquement les hommes gays. «Toutes les populations sont concernées dès lors qu’elles ont une sexualité active», rappelle Sandrine Fournier. Mais du fait de leurs pratiques sexuelles, les hommes homosexuels sont plus touchés.

«Le risque de transmission du VIH est plus important au cours de la pénétration anale, comparativement à la pénétration vaginale». D’autre part, «on peut être pénétré, puis pénétrer à son tour. Et c’est aussi en raison de cette réversibilité que le risque est également plus élevé».

La professionnelle précise que les femmes sont plus vulnérables que les hommes face au virus. «On est plus à risque quand on est pénétré, qu’en pénétrant», et des facteurs biologiques, tels que la fragilité de la muqueuse vaginale, facilitent la contamination.

Alors que les hommes peuvent notamment bénéficier d’une certaine protection s’ils se font circoncire. L'ablation partielle ou totale de la peau recouvrant le gland (prépuce) va en effet «induire une baisse importante du risque de contracter le VIH. On estime à 60% la protection que confère une circoncision».

Il vaut mieux mettre deux préservatifs

Le préservatif masculin ou féminin reste le meilleur moyen de protection contre le VIH. Mais en mettre deux est non seulement inutile, mais aussi risqué. En raison des frottements des préservatifs entre eux, le risque de rupture est beaucoup plus important. Et la protection contre le VIH et les IST n'est alors plus assurée.

La pilule contraceptive protège du VIH

Il ne faut pas confondre contraception et protection contre le VIH. La pilule contraceptive protège d’une grossesse non désirée, et c’est tout. «Il n’y a aucun bénéfice en matière de protection vis-à-vis du VIH», souligne la professionnelle. D'après une enquête menée par Sidaction, 15% des personnes de moins de 25 ans pensent que la pilule contraceptive d’urgence peut les protéger du VIH.

on peut guérir du vih

Ce sondage a également révélé que 29% des jeunes pensent qu’il existe des médicaments pour guérir du VIH. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. En revanche, il existe des traitements qui vont permettre de vivre avec. Ils «vont agir sur le virus et faire en sorte qu’il cesse de se répliquer dans le corps, et qu’il reste à l’état dormant».

Et tant que l’on prend ces médicaments, tous les jours, «on est en bonne santé, et on a une espérance de vie tout à fait semblable à celle de la population générale, en particulier si on a été dépisté et traité tôt.» En sachant que différentes recherches s’intéressent à l’allégement des traitements.

«Dans les années qui viennent, on sera probablement en capacité de proposer des comprimés à prendre 4 jours sur 7, ou bien des injections pour administrer des médicaments dont la durée de vie sera de trois mois, voire même de 6 mois.»

on ne risque rien lors du premier rapport sexuel

Contrairement à ce que certains pensent, il y a un risque de contracter le VIH même s’il s’agit de sa première relation sexuelle. En cas de rapport sexuel non protégé avec une personne séropositive, la transmission du VIH n’est pas systématique. Elle peut ne pas avoir lieu du tout, intervenir après un grand nombre de rapports, ou dès le premier.

Le VIH a été créé par l’homme

Non, le VIH n’a pas été créé par l’homme. Pourtant, un sondage IFOP mené en 2018 a révélé que 32% des Français restent persuadés que le VIH a été créé en laboratoire. Comme le rappelle l’Institut Pasteur, le VIH a un réservoir animal.

Au moins trente espèces de singes africains sont naturellement infectées par des rétrovirus proches du VIH. Un des deux virus humains, le VIH 2, est très proche du SIV (virus de l'immunodéficience simienne) du Mangabey, qui vit en Afrique de l’Ouest. Quant au VIH 1, il aurait pu être transmis par des chimpanzés et des gorilles. Au Cameroun, certains sont porteurs d’un SIV très proche du VIH 1.

Le virus s’est ensuite propagé avec le développement des moyens de transport, particulièrement les chemins de fer, mais aussi avec l'apparition de nouveaux lieux propices à la transmission du VIH, précise Sandrine Fournier, comme les maisons closes.

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