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Société : une étude établit un lien entre le réchauffement climatique et la hausse des violences conjugales en Asie du Sud

La chaleur extrême peut affecter le stress, diminuer les inhibitions et augmenter l'agressivité, constatent plusieurs experts. [Sajjad HUSSAIN/AFP]

Une étude, publiée mercredi 28 juin dans la revue médicale américaine JAMA Psychiatry, établit un lien entre le réchauffement climatique et la hausse des violences conjugales enregistrée en Asie du Sud.

Une enquête mêlant sociologie, environnement, économie et psychologie. Une étude, relayée mercredi 28 juin dans la revue médicale américaine JAMA Psychiatry, a établi un lien entre le réchauffement climatique et l’augmentation des faits de violence conjugale en Asie du Sud.

Pour parvenir à ces résultats, les scientifiques ont suivi 194.871 filles et femmes âgées de 15 à 49 ans en Inde, au Pakistan et au Népal entre 2010 et 2018. L'objectif étant d'analyser leurs expériences de violence émotionnelle, physique et sexuelle. Les données glanées ont ainsi été mises en relief avec les fluctuations de températures observées sur la même période.

Dans le détail, l’enquête a mis en lumière une hausse de 6,3% des faits de violence conjugale physique et sexuelle dans ces trois pays sur la période étudiée, en lien avec un gain de 1 °C de la température annuelle moyenne. D’un point de vue plus ciblé, l’Inde a affiché la plus forte progression des abus, en hausse de 8% pour la violence physique et de 7,3% de la violence sexuelle.

LA Chaleur extrême augmente le stress et l'agressivité

Avec le réchauffement climatique, gagnant progressivement toute la surface du globe, les températures ont augmenté sur Terre cette année, notamment en Inde ces derniers mois avec un thermomètre affichant jusqu’à 45 °C.

Cette hausse de la chaleur aux quatre coins du monde a entraîné une modification des comportements, notamment au sein des couples en Asie du Sud.

Cette dernière peut se manifester par «de nombreuses voies potentielles, à la fois physiologiques et sociologiques, par lesquelles une température plus élevée pourrait influer sur le risque de violence», selon Michelle Bell, professeur de santé environnementale à l'université de Yale.

«Il est de plus en plus évident que la chaleur extrême peut affecter le stress, diminuer les inhibitions, augmenter l'agressivité et exacerber les maladies mentales. Des recherches antérieures ont montré qu'une exposition aiguë à la chaleur est associée à une production accrue d'adrénaline, ce qui pourrait augmenter l'agressivité et activer les zones du cerveau associées à la régulation des émotions. Les vagues de chaleur sont également associées à une aggravation des effets des maladies mentales, notamment l'anxiété et le syndrome de stress post-traumatique», a analysé l’experte.

Cette dernière a détaillé l’effet des chaleurs extrêmes sur la vie quotidienne des personnes étudiées. Les épisodes de fortes températures ont parfois des conséquences économiques en entraînant de mauvaises récoltes ainsi que sociales en confinant les gens à l’intérieur et en les empêchant de travailler. Les différentes causes avancées peuvent mener à des situations de stress extrême et faire grimper les taux de violence. 

Une violence marquée chez les ménages pauvres

Alors que la violence liée à la chaleur touche chaque tranche de la population, les chercheurs ont constaté qu’elle prédominait dans les ménages ruraux et à faibles revenus. Dans le nord-est de l'État indien du Bihar, Shilpi Singh, une femme qui aide les victimes de violences domestiques depuis quinze ans, a déclaré que la crise climatique avait aggravé les relations hommes-femmes.

«Les femmes me disent que lorsqu'il n'y a pas de canicule ou d'inondations et que l'homme part travailler, la situation est plus facile. Il est dehors la majeure partie de la journée. Mais lorsque des conditions météorologiques extrêmes l'obligent à rester à la maison, la colère et la tension liées à l'incapacité de subvenir aux besoins de l'homme - et la faim qui sévit dans la famille - provoquent la colère de l'homme», a assuré cette dernière.

Outre l’Asie du Sud, d’autres études réalisées aux quatre coins du monde ont mis en évidence le lien entre canicule et violences domestiques. A Madrid (Espagne), des recherches scientifiques ont fait état d’une hausse de 40% du risque de féminicides lors de fortes chaleurs. Au Kenya, une enquête a relevé une augmentation de 60% des signalements de violence lors d’événements météorologiques violents comme une canicule.

Plus généralement, les risques de violence interpersonnelle ont augmenté de 2,3% et les conflits entre groupes de 13,2% avec la hausse des températures sur le plan mondial, selon The Guardian.

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