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Révocation du droit à l’avortement aux États-Unis : un an après, où en est-on ?

13 États américains ont totalement interdit l'avortement 13 États américains ont totalement interdit l'avortement [APU GOMES / AFP]

Il y a un an, la Cour suprême américaine révoquait l’arrêt Roe v. Wade, qui garantissait le droit à l'avortement au niveau fédéral. Depuis, de nombreux États ont mis en place des lois visant à réduire drastiquement, voire totalement interdire le droit à l'IVG aux femmes.

Il y a un an, la Cour suprême des États-Unis a tourné le dos à 50 ans de jurisprudence et de progrès féministe en révoquant l’arrêt Roe versus Wade, qui, depuis 1973, garantissait aux femmes le droit à l'avortement au niveau fédéral. Ce tournant politique, rendu possible par la nomination de juges ultraconservateurs à la Cour suprême par Donald Trump, lorsqu'il était encore à la Maison blanche, a eu des conséquences immédiates sur le droit des femmes à disposer librement de leur corps. 

En révoquant cet arrêt, l'avortement n’est plus garanti par l’État fédéral. Ainsi, les États fédérés ont le choix d’appliquer chacun leur propre législation en matière de droit à l’IVG. Les États les plus conservateurs ont donc pu totalement interdire ou lourdement réduire ce droit. 

Le Guttmarcher Institute, un institut de recherche spécialisé dans les statistiques sur le contrôle des naissances et sur l’avortement aux États-Unis, a étudié avec précision les nouvelles règles en vigueur dans l’ensemble du pays. Selon son décompte, depuis l’abrogation de Roe v. Wade il y a un an, 13 États ont totalement interdit l’avortement : l’Alabama, l’Arkansas, l’Idaho, le Kentucky, la Louisiane, le Mississippi, le Missouri, le Dakota du Nord, l’Oklahoma, le Dakota du Sud, le Tennessee, le Texas et la Virginie-Occidentale.

l'IVG complètement interdite dans 13 États

«Malgré une opinion publique constante en faveur de l'avortement légal, l'avortement est interdit dans 13 États, ce qui prive de grandes régions du pays de soins en matière d'avortement et contribue à augmenter les temps d'attente dans les cliniques des États où l'avortement reste légal», a précisé l’institut dans une analyse publiée le 16 juin dernier. 

D’autres États ont par ailleurs réduit le délai légal pour pratiquer une IVG, notamment la Géorgie, où la limite est désormais fixée à six semaines de grossesse. «Certains États testent encore davantage les limites juridiques du paysage post-Roe en adoptant des restrictions extrêmes, telles que l'interdiction d'aider une jeune personne à se rendre hors de l'État pour accéder à des soins d'avortement légaux», a souligné le Guttmarcher Institute. Les États les plus restrictifs en matière d’avortement se trouvent plutôt dans le sud et le centre du pays. 

Ces nouvelles lois n’ont toutefois pas drastiquement fait chuter les statistiques sur l’avortement comme on aurait pu le penser. Une étude de l'organisation professionnelle Society of family planning, a recensé en moyenne 79.031 avortements par mois dans l'ensemble du pays de juillet 2022 à mars 2023, comparé à 81.730 en avril/mai 2022, soit une baisse de 3,3%. «De nombreuses personnes continuent d'obtenir les avortements dont elles ont besoin, mais elles doivent faire face à davantage d'obstacles», a résumé pour l'AFP Ushma Upadhyay, professeure en santé publique et gynécologie à l'université de Californie à San Francisco.

Les femmes qui habitent dans un État interdisant ou restreignant l’avortement se voient dans l’obligation de faire des longs trajets jusque dans les États où l’IVG est encore légale. Cela implique donc des coûts financiers importants, des difficultés au travail pour demander des jours de congés, et parfois des complications médicales. 

Un enjeu de la campagne présidentielle de 2024

Par ailleurs, la pilule abortive est également en danger. En avril dernier, un juge fédéral a retiré l'autorisation de mise sur le marché de la mifépristone (RU 486), utilisée pour les avortements médicamenteux, autorisée par la FDA, l'agence de sécurité sanitaire, depuis l'an 2000. La décision a été suspendue par la Cour suprême, mais pourrait être validée prochainement. 

Le droit à l’IVG va faire partie intégrante de la campagne pour la présidentielle de 2024, avec Joe Biden en première position pour le défendre. Le président des États-Unis a par ailleurs reçu cette semaine le soutien des principales associations américaines de défense de l'avortement. Il a aussi annoncé vouloir garantir l'accès à la contraception, tant qu'il le peut, n'ayant pas de majorité à la chambre basse du Congrès américain. 

Du côté des Républicains, le positionnement est plus difficile à trouver, entre la volonté de continuer à séduire l’électorat conservateur, et celle de chercher des voix plus modérées et frileuses aux discours trop restrictifs sur l’IVG. Donald Trump, qui s'est déjà vanté d'avoir «tué» l'arrêt Roe v. Wade, a déclaré que la décision de la Cour suprême était «la volonté de Dieu». Il reste cependant relativement discret sur le sujet depuis le début de sa campagne, contrairement à l'un de ses rivaux pour la primaire républicaine, Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, particulièrement rigide sur la question. 

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