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Etats-Unis : Google met en avant des fausses cliniques d’avortement via ses publicités, selon une étude

L'arrêt Roe v. Wade a été révoqué l'année dernière aux États-Unis, et garantissait le droit fédéral à l'avortement L'arrêt Roe v. Wade a été révoqué l'année dernière aux Etats-Unis, et garantissait le droit fédéral à l'avortement. [STEFANI REYNOLDS / AFP ]

Depuis la révocation du droit fédéral à l'avortement aux Etats-Unis, les femmes souhaitant subir une IVG sont nombreuses à chercher des cliniques sur Internet. Selon une étude, Google met cependant souvent en avant des faux centres d’avortement, en réalité anti-IVG.

Un an après la révocation de l’arrêt Roe v. Wade aux Etats-Unis, qui garantissait aux femmes le droit à l’avortement au niveau fédéral, les patientes rencontrent de plus en plus de difficultés pour se renseigner sur l’IVG ou pour trouver des cliniques qui la pratiquent encore. De nombreux Etats américains, particulièrement conservateurs, ont lourdement entravé, voire presque totalement interdit la pratique de l'avortement. 

De très nombreuses femmes passent donc logiquement par Internet pour trouver les services de santé dont elles ont besoin. Cependant, selon une étude du Center for Countering Digital Hate (CCDH), une ONG qui lutte contre la désinformation et la haine en ligne, le moteur de recherches Google met en avant des sites anti-avortement et des fausses cliniques qui pratiquent de la désinformation médicale à propos de l’IVG. 

«Google trahit la confiance de centaines de milliers d'Américains à la recherche de soins et de services de santé reproductive. Au lieu de fournir des résultats précis aux personnes qui recherchent des "cliniques d'avortement près de chez moi", Google les dirige directement vers ceux qui souhaitent seulement retarder et empêcher leurs soins en utilisant des pratiques trompeuses», a déclaré Imran Ahmed, directeur général du CCDH, dans un communiqué suivant la publication de l’étude. 

Le CCDH a analysé les annonces d'une liste de 188 faux sites de cliniques qui ont placé des annonces sur Google Search entre le 1er mars 2021 et le 28 février 2023. Ces 188 fausses cliniques ont ciblé les utilisateurs tapant des mots clés liés à l'avortement ou la pilule abortive. 

Promotion de traitements «d'inversion»

Selon le rapport, les associations anti-choix ont déboursé 10,2 millions de dollars pour des espaces publicitaires sur Google au cours des deux dernières années. «71 % de ces cliniques utilisent des moyens trompeurs, notamment en avançant de fausses allégations selon lesquelles les avortements pourraient mener au cancer et à d'autres maladies. 38% de ces cliniques n'affichent pas clairement sur leur page d'accueil qu'elles ne pratiquent pas d'avortement», précisent le CCDH.

Par ailleurs, 40% des fausses cliniques font également la promotion de traitement pour «inverser» l’effet d’un avortement médicamenteux, une méthode non-prouvée scientifiquement qui consiste à administrer de la progestérone pour «poursuivre la grossesse», mais qui peut s’avérer très dangereuse pour la santé

«Google, en tant que moteur de recherche dominant, est donc aussi le moyen le plus efficace d'intercepter les personnes à la recherche de conseils et de services en matière de santé génésique. Des études montrent que les gens ont une grande confiance dans les moteurs de recherche, mais qu'ils ont également du mal à différencier les résultats organiques des publicités payantes. C'est pourquoi les groupes anti-choix investissent si lourdement dans la publicité numérique trompeuse - et plus de deux fois plus dans les Etats où les avortements sont encore légaux», précise le rapport. 

Des efforts insuffisants 

L'étude publiée ce jeudi 15 juin par le CCDH fait suite à une précédente étude, publiée en septembre 2021, qui faisait déjà état du nombre important de publicités sur la pilule «d’inversion» qui apparaissait sur Google lors de requêtes sur l’avortement. L'entreprise avait alors réagi au rapport et indiqué qu’elle allait interdire toutes les publicités pour «l'inversion de la pilule abortive», a rapporté The Guardian. Toutefois, selon le CCDH, depuis ces promesses, Google aurait encaissé 2,6 millions de dollars de recettes publicitaires provenant de sites web promouvant ce traitement. Une information que le géant du web n'a pas confirmée.

Depuis la révocation de l’arrêt Roe v. Wade, Google a cependant pris des engagements pour protéger les femmes qui souhaitent avorter. L’entreprise avait annoncé l’année dernière qu’elle supprimerait automatiquement les données de localisation des utilisateurs visitant une clinique pratiquant l'IVG. 

La politique de Google sur la diffusion d’annonces publicitaires utilisant les requêtes liées à l’avortement se veut aussi claire : «Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Irlande, si vous souhaitez diffuser des annonces utilisant des requêtes liées à l'avortement, vous devez d'abord être certifié en tant qu'annonceur proposant des avortements ou n'en proposant pas. Si vous n'êtes pas certifié, vous ne pourrez pas diffuser d'annonces utilisant des requêtes liées à l'avortement», est-il précisé dans les politiques publicitaires de Google. Aux Etats-Unis, les annonces doivent donc être certifiées par Google, qui affiche une mention «Fournit des avortements» ou «Ne fournit pas d'avortements» sur les annonces validées. Malgré cette politique, et au vu du nombre de trous dans la raquette Google, pour le CCDH, «une réforme s’impose d’urgence». 

La problématique du manque de transparence de certaines annonces publicitaires sur l’avortement et du lobby des mouvements anti-IVG est désormais prégnante aux Etats-Unis, mais pas seulement. En France, une loi a été promulguée en 2017 pour étendre le délit d’entrave à l’IVG à la sphère numérique. L’objectif était de punir les sites internet qui, sous couvert d’une présentation neutre et d’un discours pseudo-médical, découragent les femmes qui souhaitent avorter. 

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