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Irak : le leader chiite Moqtada Sadr annonce son «retrait définitif» de la politique

Moqtada Sadr a connu une ascension fulgurante après l'invasion de l'Irak en mars 2003, notamment en créant l'Armée du Mehdi, une milice «résistante» face à l'occupant. [Qassem al-KAABI / AFP]

Très influent en Irak, le leader chiite Moqtada Sadr a annoncé ce lundi 29 août son «retrait définitif» de la politique, à l'heure où le pays est plongé dans une grave crise depuis les élections législatives d'octobre 2021.

Un départ remarqué. L’un des poids lourds de la politique, le leader chiite Moqtada Sadr a annoncé lundi son «retrait définitif» du champ politique, à l'heure où l’Irak n’a toujours pas de nouveau premier ministre, ni de nouveau gouvernement, en raison du désaccord entre les forces chiites du pays sur leur mode de désignation.

«J'avais décidé de ne pas m'immiscer dans les affaires politiques. J'annonce donc maintenant mon retrait définitif» de la politique, a écrit Moqtada Sadr sur Twitter. Il a également annoncé la fermeture des institutions liées à son nom et à sa famille, «à l'exception du Mausolée sacré (de son père Mohammed Sadr mort en 1999, ndlr), du Musée d'honneur et de l'Autorité du patrimoine Al-Sadr».

Ce leader chiite est l'un des poids lourds de la politique irakienne. Son courant était arrivé premier aux législatives avec 73 sièges (sur 329). Mais, incapable de former une majorité dans l'hémicycle, Moqtada Sadr avait fait démissionner ses députés en juin.

Depuis des semaines, il réclamait la dissolution du Parlement et de nouvelles législatives anticipées pour tenter de dénouer la crise. Plus généralement, il exigeait la «réforme» de fond en comble du système politique irakien et la fin de la «corruption».

Et dans le bras de fer qui l'oppose à ses adversaires chiites du Cadre de coordination, alliance de factions pro-Iran, Moqtada Sadr a encore fait monter les enchères depuis fin juillet. Ses partisans occupent les abords du Parlement irakien à Bagdad depuis près d'un mois et, la semaine dernière, ils ont brièvement bloqué l'accès à la plus haute instance judiciaire du pays.

A l'annonce du départ de leur chef, les sadristes ont envahi le siège du Conseil des ministres, entraînant par la même occasion le chaos dans la Zone verte de Bagdad. La situation a rapidement dégénéré et des coups de feu ont été entendu, le Commandement militaire irakien a donc décrété la mise en place d'un couvre-feu sur l'ensemble du pays. 

Un pays dans l'impasse

Samedi, Moqtada Sadr avait également proposé que «tous les partis» en place depuis la chute de Saddam Hussein en 2003, dont le sien, renoncent aux postes gouvernementaux qu'ils détiennent pour permettre de résoudre la crise politique. Il avait alors donné «soixante-douze heures» aux parties impliquées, faute de quoi «il n'y aurait pas de place pour les réformes».

Les prises de bec entre le camp sadriste et le Cadre de coordination n'ont pour l'heure pas dégénéré en affrontements armés, mais le Hachd al-Chaabi, d'anciens paramilitaires pro-Iran intégrés aux forces irakiennes, s'est dit prêt à «défendre les institutions étatiques».

Moqtada Sadr, né en 1974, n'a jamais lui-même gouverné depuis la chute de Saddam Hussein. Mais depuis son fief du quartier de Hanana dans la ville sainte de Najaf (centre), son aura religieuse et politique porte dans une partie de la communauté chiite, majoritaire en Irak. Et s'il ne participe pas directement à l'actuel gouvernement, son Courant dispose depuis de nombreuses années de relais dans les ministères et les administrations.

Moqtada Sadr a connu une ascension fulgurante après l'invasion de l'Irak emmenée par les Etats-Unis en mars 2003, notamment en créant l'Armée du Mehdi, une milice «résistante» face à l'occupant.

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