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Texas : l'état a exécuté son plus vieux condamné à mort

Carl Buntion est dans le couloir de la mort depuis vingt ans. [Handout / Harris County District Attorney's Office / AFP]

Trente ans après son meurtre. Le Texas a exécuté ce jeudi 22 avril son plus vieux condamné à mort, Carl Buntion, et ce malgré les appels à la clémence d'opposants à la peine capitale

L’homme de 78 ans a été reconnu coupable d’avoir tué un policier en juin 1990, au cours d’une intervention pour une simple infraction routière.

A l’époque, Carl Buntion avait déjà un lourd passé judiciaire, avec 13 condamnations à son actif. Au moment du meurtre du policier James Irby, l’Américain était d’ailleurs en liberté conditionnelle pour une agression sexuelle sur un enfant.

Carl Buntion, qui a grandi au côté d’un père alcoolique et violent, s'est ainsi vu condamné à mort.

Une peine, annulée en 2009 par la plus haute juridiction texane, qui avait estimé que la défense n’avait pas pu être correctement entendue par les jurés. Nouveau rebondissement en 2012 lorsque l’homme avait de nouveau condamné à la peine capitale.

L'argument de la non-dangerosité

Depuis plusieurs semaines, ses défenseurs se sont battus pour empêcher son exécution et avaient même déposé un recours en ce sens devant la commission des grâces et des libérations conditionnelles.

Les avocats ne contestaient pas sa culpabilité mais arguaient que Carl Buntion, qui souffre d’arthrose, de vertiges, d’hépatite et de cirrhose, ne pouvait «plus être dangereux» pour la société. Au Texas, une personne ne peut en effet être condamnée à mort que si un jury estime qu’elle représente un futur danger pour les autres.

Au-delà de l’aspect légal, c’était aussi une question éthique qui se joue dans cette affaire. Placé dans le couloir de la mort depuis 20 ans, Carl Buntion vivait ainsi isolé dans sa petite cellule vingt-trois heures par jour. Malgré ces conditions, l'homme a été reconnu coupable de trois infractions disciplinaires.

«Au Texas, les personnes dans le couloir de la mort sont placées dans une minuscule cellule avec, en haut, à peine une petite fente en guise de fenêtre. Ils ne peuvent pas voir ceux qu'ils aiment, si ce n'est en étant séparés par une vitre, en parlant dans un téléphone», explique auprès de l'AFP Burke Butler, directrice de l'association Texas Defender Service. Être en confinement solitaire pendant des décennies constitue une «torture», ajoute-t-elle.

L'an dernier, la Cour Suprême américaine s’était prononcée sur le cas de Carl Buntion, refusant de revenir sur sa condamnation. Mais le juge progressiste Stephen Breyer avait estimé que la durée de son confinement «remettait en cause la constitutionnalité de la peine de mort».

«C'est une vraie question éthique et humaine sur l'obsession de l'État du Texas à vouloir exécuter coûte que coûte, quelles que soient les conditions», a souligné Raphaël Chenuil-Hazan, directeur de l'Association Ensemble contre la peine de mort.

198 personnes dans le couloir de la mort au Texas

Le Texas est l’Etat qui exécute le plus dans l’ensemble des Etats-Unis. A ce jour, 192 hommes et 6 femmes attendent dans le couloir de la mort. Parmi eux, trois sont âgés de plus de 70 ans et cinq s’y trouvent pour des crimes remontant à plus de quarante ans.

Dans le cas de Carl Buntion, la commission des grâces et des libérations conditionnelles rendra sa décision deux jours avant la date prévue de son exécution.

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