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Qu'est-ce que la «solastalgie», mise en lumière par les incendies en Californie ?

L'Ouest américain, en particulier la Californie, est en proie à de gigantesques incendies depuis plusieurs jours. L'Ouest américain, en particulier la Californie, est en proie à de gigantesques incendies depuis plusieurs jours. [RINGO CHIU / AFP]

Face aux «mégafeux» qui ravagent la Californie, certains habitants ressentent une sorte de mal-être et d'impuissance, causée par la dégradation de leur lieu de vie. Un mot a été créé au début des années 2000 par un philosophe australien, Glenn Albrecht, pour décrire ce sentiment : la «solastalgie».

Ce néologisme a été construit à partir de trois mots : «solace» (qui signifie «réconfort» en français), «nostalgie» et «désolation». Glenn Albrecht en donne une définition dans un essai publié en 2004«C'est la douleur ressentie quand on reconnaît que le lieu où l'on réside et que l'on aime est sous assaut immédiat (désolation physique). Elle se manifeste par une attaque contre le sens du lieu, par l’érosion du sentiment d’appartenance (identité) à un lieu particulier et par un sentiment de détresse (désolation psychologique) face à sa transformation.» Et le philosophe de l'environnement de résumer sa pensée quelques lignes plus loin : «La solastalgie est une forme de mal du pays que l’on a quand on est encore à la "maison"».

Glenn Albrecht explique avoir inventé ce terme après avoir recueilli les témoignages d'habitants de la vallée Hunter, au nord de Sydney, sa terre natale. Un lieu charmant et verdoyant défiguré par l'exploitation de mines de charbon à ciel ouvert. Face à cette horrible transformation de leur environnement, de nombreux riverains sont tombés dans une profonde détresse psychique.

La crise climatique exacerbe le phénomène

Ce sentiment n'est pas nouveau. Tous ceux ayant déjà vu leur lieu de vie dévasté par des inondations, des sécheresses, des guerres, le terrorisme, la gentrification, l'ont peut-être déjà ressenti. Mais «durant ce dernier demi-siècle, cette émotion est devenue de plus en plus répandue en raison du chaos climatique et de la destruction des écosystèmes en cours», note Glenn Albrecht dans son dernier livre, «Les émotions de la Terre», sorti en France en début d'année.

Sur son site internet dédié à la solastalgie, la psychothérapeute Charline Schmerber liste les symptômes de ce mal : sentiment d'impuissance, de perte de contrôle, de perte de sens, peur de l'avenir, tristesse, regret, troubles anxieux, voire questionnement autour d'un projet d'enfant. Cette émotion peut être rapprochée d'une autre : «l'éco-anxiété». Comme la solastalgie, elle découle de la crise écologique, mais a une temporalité différente. Il s'agit d'une peur de l'avenir, tandis que la solastalgie se vit au présent. Deux sentiments qui ont tout pour devenir le mal du siècle, en particulier chez les jeunes générations, particulièrement engagées dans la protection de la planète.

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