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Empoisonnement : 7 histoires célèbres

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Digne des films d'espionnage, le dimanche 4 mars, un ex-espion russe au service du Royaume-Uni a été retrouvé empoisonné dans un centre commercial à Salisbury à l'ouest de Londres. Cette récente affaire montre que l'empoisonnement est une méthode d'assassinat encore utilisée pour éliminer des ennemis politiques. Voici quelques affaires célèbres.

Kim Jong-Nam, né dans la mauvaise famille 

Le 13 février 2017, Kim Jong-Nam, le demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong-Un, attend son vol pour Macao dans le hall de l’aéroport de Kuala Lumpur en Malaisie, lorsque deux jeunes femmes lui projettent un puissant poison au visage. En panique, il se précipite vers des policiers et leur rapporte l’agression.

Vingt minutes après, il meurt dans une ambulance sur le chemin de l'hôpital. Quelques jours plus tard, des experts scientifiques concluent qu’il a été tué par un poison neurotoxique surnommé «VX», une version puissante du gaz sarin.

Lors du procès qui a suivi, les deux femmes ont affirmé avoir été payées pour asperger l'homme avec «une lotion», et ne pas avoir su qu'il s'agissait de poison. Des déclarations qui appuient les soupçons portés sur Kim Jong-Un, qui ne portait pas dans son cœur son demi-frère, né d’une relation extraconjugale de son père.

Car Kim Jong-Nam devait pendant un temps prendre la tête du régime nord-coréen, mais son attirance pour la fête, les jeux et le style de vie à l’américaine, lui a valu d’être banni du pays en 2001, après une visite au parc d'attraction Disneyland à Tokyo.

L’enquête continue pour élucider cet assassinat, à l’origine de tensions diplomatiques entre la Malaisie et la Corée du Nord.

Litvinenko, l'espion russe au service de la Reine

Le 1er novembre 2016, Alexander Litvinenko, ancien agent du KGB reconverti en espion britannique, se rend au Pine Bar du Millenium Hotel à Londres pour y rencontrer deux Russes, Dimitry Kovtun et Andreï Lougovoï, dans le cadre d'une enquête qu'il mène sur Vladimir Poutine. Les deux invités en profitent pour contaminer la théière de l'agent avec du polonium, une matière radioactive.

Le soir dans sa chambre d'hôtel, Alexander Litvinenko ressent de vives douleurs à l’estomac. À l’hôpital, les médecins pense d'abord à une intoxication alimentaire, mais son état se détériore rapidement. Au bout d’une semaine d’hospitalisation, l’ancien espion a perdu ses cheveux, et ses reins se dégradent rapidement. Les médecins concluent alors à un empoisonnement au thallium, un composant de la mort aux rats.

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L'espion meurt quelques jours après son entrée à l’hôpital. Des analyses urinaires ont montré par la suite la présence de traces de substances radioactives appelées «Polonium-210», un produit radioactif disponible uniquement en Russie. 

Avant de mourir, Alexander Litvinenko avait accusé son ennemi Vladimir Poutine d’avoir planifié son assassinat. L’ex-espion était en effet l’un des premiers opposants au gouvernement russe. Il avait dû fuir son pays d’origine en 2000, après avoir accusé Vladimir Poutine de ne pas réellement lutter contre la corruption au sein du gouvernement.

Il s’était alors réfugié au Royaume-Uni où il avait été embauché par le MI6, les services de renseignement britanniques. Avant sa mort, il investiguait sur les liens entre Vladimir Poutine et la mafia Tambov, spécialisée dans le trafic d’armes, de drogue et le blanchiment d’argent en Europe. Une enquête jamais achevée.

Slobodan Praljak, un suicide au tribunal

Le 29 novembre 2017, Slobodan Praljak, ancien haut responsable des forces croates de la Bosnie-Herzégovine, se donne la mort en ingérant du poison lors de son jugement au tribunal pénal international à La Haye, au Pays-Bas. Il venait d'être condamné à vingt ans de prison pour des crimes contre l'humanité commis durant la guerre en Ex-Yougoslavie entre 1992 et 1995. 

Un verdict qu'il a contesté une dernière fois avant de s'éteindre. «'Slobadan Prakljak' n'est pas un criminel de guerre. Je regrette le verdict » a-t-il lancé, avant de boire une fiole contenant du cyanure qu'il était parvenu à introduire dans la salle d'audience. Il est mort quelques heures plus tard à l'hôpital.

Iouchtchenko, le visage marqué par la dioxine

En septembre 2004, l'ancien président ukrainien Viktor Iouchtchenko dîne avec l'ancien chef du service de sécurité ukrainien, Ihor Smetchko, et son ex-adjoint, Volodymir Satsiuk. Après le repas, celui qui est alors candidat à la présidence tombe malade. Par la suite, la peau de son visage se détériore, et les médecins concluent dans un premier temps à une intoxication alimentaire ou aux effets indésirables d'un médicament.

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Copyright ALEXANDER NEMENOV / AFP

Les analyses sanguines montrent quelques mois plus tard que Vikto Iouchtchenko avait été empoisonné à la dioxine, un poison non mortel.

Héros de la Révolution orange, il était à l'époque candidat à l'élection présidentielle de 2005 face à Viktor Ianoukovitch, soutenu par le Kremlin. Ses soutiens accusent son adversaire d'avoir cherché à affaiblir l'image de Viktor Iouchtchenko avec l'aide de Moscou.

Aujourd'hui, l'ancien président ukrainien a encore le visage marqué par des cicatrices mais les plaques brunes ont disparu.

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Copyright Leigh Vogel / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Georgi Markov et l'affaire du parapluie bulgare

L'écrivain et journaliste bulgare, Georgi Markov était connu pour être un fervent opposant du régime communiste de son pays d'origine. En pleine Guerre Froide, il se réfugie à Londres où il animait l'émission «Free Europe» diffusée par BBC dans les pays communistes alliés à l'URSS .  

Le matin du 7 septembre 1978, il attend son bus sur le Waterloo Bridge à Londres quand il sent une légère piqûre à la jambe. En se retournant, il aperçoit un homme qui ramasse son parapluie avant de prendre un taxi. Arrivé dans les locaux de la radio britannique, Georgi Markov tombe malade, et se fait emmener à l'hôpital, avant de mourir.

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Copyright HO/AFP

L'autopsie révèlera la présence d'une capsule de ricine, un poison mortel sans antidote, dans sa jambe piquée. L'écrivain bulgare Vladimir Fédorovski qui avait aussi subi le même type d'attaque dans le métro parisien quelque temps avant Georgi Markov, avait affirmé que le parapluie utilisé provenait du KGB. L'URSS aurait coopéré dans l'opération des services secrets bulgares.

Khaled Mechaal, une tentative de meurtre ratée

En 1997, cinq agents secrets israéliens du Mossad se rendent en Jordanie avec des passeports canadiens. Leur but est d'assassiner Khaled Mechaal, le dirigeant de la branche jordanienne du Hamas.

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Copyright JAMAL NASRALLAH / AFP

Le 25 septembre 1997, le groupe d'hommes tend une embuscade à Khaled Mechaal au coin d'une rue à Amman, capitale de Jordanie, et asperge du poison dans son oreille gauche. Le Palestinien se retrouve paralysé. Les autorités jordaniennes parviennent à arrêter les agresseurs.

L'affaire avait crée un incident diplomatique entre la Jordanie et Israël. Le roi Hussein avait menacé le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou de tuer les agents s'il n'apportait pas un antidote à Khaled Mechaal.

Benyamin Netanyahou avait alors cédé à la pression du roi Hussein, et Khaled Mechaal avait été sauvé grâce à l'antidote, échangé contre les cinq agents.

Félix Roland Moumié, l'anticolonialiste à éliminer

En déplacement à Genève en novembre 1960 pour acheter des armes, le nationaliste camerounais Félix Roland Moumié accepte de rencontrer un journaliste français dans le restaurant suisse Plat d’Argent.

En réalité, le reporter n’était autre que William Bechtel, un agent secret français. Durant le dîner, l’espion verse deux doses de thallium dans les verres de Félix Roland Moumié. Le lendemain, le militant anticolonialiste tombe dans le coma avant de mourir quelques jours plus tard.

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Longtemps dans le viseur des services secrets français, Félix Roland Moumié s'était attiré les foudres du gouvernement français pour son opposition à la colonisation au Cameroun, qui prendra fin en 1960, en même temps que treize autres colonies africaines.

A partir de mai 1960, Félix Roland Moumié avait mené une sanglante bataille contre le premier président du Camaroun, Ahmadou Ahidjo, soutenu par la France. Ce qui aura coûté la vie à ce héros national.

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