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Le Kenyan citadin moyen paie 16 pots-de-vin par mois

La police Kényane est accusée de prélever à la population un nombre colossal de pots-de-vin[TONY KARUMBA / AFP]

Selon un rapport, au Kenya, les citadins payent jusqu’à 16 pots-de-vin par mois, une grande majorité à la police. 

L’enquête a été réalisée par l’ONG Transparency International, et montre un visage peu reluisant du Kenya, pourtant l’économie la plus florissante d’Afrique de l’Est. A Eastleigh notamment, un quartier de la banlieue de Nairobi (capitale du Kenya), les langues se délient, et les habitants estiment que la présence policière dans le quartier n’est pas due à la volonté de patrouiller, mais à celle de s’enrichir. 

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Des citoyens de seconde zone

Le quartier est peuplé en majorité par une ethnie somalienne et musulmane qui serait la cible des policiers. Les habitants décrivent tous la même scène, qui se répète chaque vendredi soir : la police se rend dans le quartier, et menace les résidents musulmans de les arrêter et de les mettre en prison, à moins qu’ils ne leurs versent de l’argent. Abdullahi Mohamed, un habitant, témoigne : «Ils prennent tellement d’agent que toutes les voitures de tous les postes de police de Nairobi convergent ici». 

Eastleigh est particulièrement ciblé parce que la minorité musulmane somalienne n’a pas le pouvoir politique de s’opposer à l’extorsion. Les habitants du quartier se disent négligés, et considérés comme des citoyens de seconde zone, comme l’explique Abdullahi Mohamed : «Les ordures ne sont même pas retirées. Chaque année ils nous font des promesses, mais elles ne sont jamais tenues». 

«On oublie un peu notre travail»

Des policiers, interrogés par l’ONG, reconnaissent être souvent plus intéressés par l’obtention de pots-de-vin que par le maintien de la paix : «On est tellement mal payés qu’on ne peut pas assurer l’avenir de notre famille. Si quelqu’un nous propose une somme d’agent, on la prend, et ensuite on oublie un peu notre travail». Les deux officiers vont même plus loin, expliquant que certains criminels achètent leur liberté, et le droit à l’impunité. 

Une impunité que n’auront jamais les militants anti-corruption comme Boniface Mwangi, 32 ans. Ancien journaliste, il dirige Pawa254, un collectif qui cherche à sensibiliser la population kényane à la corruption au travers de l’art, de la musique, et d’événements très médiatisés. Il cherche à tirer la sonnette d’alarme, car les chiffres communiqués par l’ONG Transparency International sont impressionnants : 89% des pots-de-vin payés par les Kenyans sont exigés par des responsables gouvernementaux, les employés de l’État et la police.

Des promesses de poursuite

Officiellement, le gouvernement et la police nient l’ampleur de la corruption, mais promettent de poursuivre les officiers qui demandent des pots-de-vin. Pourtant, pour le porte-parole de la police, les coupables sont aussi ceux qui sont extorqués : «donner de l’argent à un agent de police constitue une infraction». Une position qu’ont du mal à accepter les habitants de Eastleigh qui payent pour ne pas finir en prison. 

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