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La France expose de vive voix à Netanyahou et Abbas son initiative de paix

Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault reçu le 15 mai 2016 par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Jérusalem [MENAHEM KAHANA / AFP] Le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault reçu le 15 mai 2016 par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à Jérusalem [MENAHEM KAHANA / AFP]

Le chef de la diplomatie française présentait dimanche au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou l'initiative de la France destinée à ranimer l'effort de paix avec les Palestiniens, mais faisait face au courroux israélien après un récent vote de Paris à l'Unesco.

Jean-Marc Ayrault rencontrait Netanyahou dans la matinée à Jérusalem, puis vers midi le président palestinien Mahmoud Abbas pour leur exposer de vive voix et au plus haut niveau, après des mois de discret travail préparatoire, le projet français de conférence internationale.

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La France prévoit le 30 mai une réunion ministérielle qui en jetterait les bases, avec une vingtaine de pays, l'Union européenne et l'ONU, mais sans Israéliens ni Palestiniens pour ne pas condamner d'emblée l'effort à l'échec. Ayrault sait pouvoir compter sur le soutien palestinien dans son ambition de redonner vie à la vieille entreprise visant à résoudre l'un des plus vieux conflits de la planète.

En revanche, le gouvernement israélien a constamment exprimé son opposition. Sans aller jusqu'à exclure définitivement sa participation à une conférence, il répète que le seul moyen de réactiver un processus moribond, c'est qu'Israéliens et Palestiniens reprennent les négociations bilatérales.

Netanyahou s'est à nouveau dit prêt jeudi à rencontrer le président palestinien le jour même. M. Abbas se dit fatigué des vaines tractations et pose comme préalable un arrêt de la colonisation, c'est-à-dire la construction d'habitations civiles israéliennes en Cisjordanie et à Jérusalem sur des terres censées faire partie d'un futur Etat palestinien. Le gouvernement israélien s'est emparé du vote par la France en avril d'une décision de l'Unesco sur le patrimoine culturel palestinien et Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem occupée et annexée par Israël.

Il s'est indigné que le texte ne fasse jamais référence à l'esplanade des Mosquées comme mont du Temple, l'appellation sous laquelle les juifs révèrent le lieu, ou ne cite le mur des Lamentations qu'entre guillemets. "Quand des diplomates français votent pour une résolution de l'Unesco qui rejette le lien juif historique avec Jérusalem, personne ne devrait être surpris qu'Israël rejette l'initiative française", a dit vendredi le directeur général des Affaires étrangères Dore Gold. Les Français s'attendaient à ce que Netanyahou soulève la question devant Ayrault.

L'inconnue américaine

Les responsables français se sont succédé pour tenter de dissiper le trouble causé à leur initiative, à commencer par le Premier ministre Manuel Valls, qui a regretté des "formulations malheureuses, maladroites, qui heurtent et qui auraient dû être incontestablement évitées". Valls a cependant ajouté que "cette résolution ne (changeait) rien dans la politique de la France". La France comme le reste de la communauté internationale s'alarme de l'enlisement du conflit et du danger d'une nouvelle escalade.

Alors que les Israéliens viennent de célébrer le 68ème anniversaire de leur Etat, les Palestiniens sous occupation commémorent cette "catastrophe" le jour même de la visite de M. Ayrault et attendent toujours leur Etat. La communauté internationale s'inquiète de devoir prononcer la mort de "la solution à deux Etats", c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien qui coexisterait en paix avec Israël.

La dernière initiative diplomatique américaine a échoué en 2014. De récents échanges de tirs ont conforté les craintes qu'une quatrième guerre depuis 2008 dans la bande de Gaza ne soit inéluctable. Une vague de violences a fait plus de 200 morts depuis le 1er octobre. Malgré les autres crises dans la région, la France dit vouloir remettre ce conflit à l'agenda et mobiliser la communauté internationale en changeant de méthode.

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Paris dit vouloir regrouper les incitations pour aider Israéliens et Palestiniens à reprendre des négociations crédibles et, idéalement, les mener à bien dans un délai imparti, dit-on de sources diplomatiques. Certaines de ces incitations "datent de dix à quinze ans. Cela n'a pas fonctionné de manière éparse, l'idée est de les rassembler", dit l'une d'elles.

Les Français se montrent très prudents quant aux chances de succès. L'implication américaine reste la grande inconnue, le secrétaire d'Etat John Kerry n'ayant toujours pas dit s'il participerait à la réunion du 30 mai. Toutefois, "plus de 20 pays ont déjà répondu positivement à l'invitation, dont des membres permanents du Conseil de sécurité, des pays arabes et européens et d'autres", a dit le président palestinien à la télévision samedi soir.

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