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Migrants : l'Europe tentée de déléguer la gestion de la crise à la Turquie

Le Premier ministre turc Ahmet Davutolgu est venu expliquer aux journalistes les propositions "audacieuses" qu'il avait présentées aux 28 pour tarir l'afflux de migrants vers les côtes grecques, notamment celle de reprendre tous les migrants "économiques" ainsi que les réfugiés syriens. [EMMANUEL DUNAND / AFP]

La Turquie faisait monter les enchères lundi en réclamant trois milliards d'euros d'aide européenne supplémentaire, contre l'engagement d'accepter un retour massif de migrants ayant rejoint l'Union européenne depuis son territoire.

La Turquie serait prête à reprendre les demandeurs d'asile syriens qui ont entrepris la périlleuse traversée de la mer Egée vers la Grèce. Et à accélérer la mise en oeuvre d'un accord de réadmission, qui prévoyait qu'elle reprenne à partir de juin les migrants "économiques", pour les expulser à son tour vers leurs pays d'origine.

L'UE doit encore "affiner les détails" d'un nouvel accord d'ici son prochain sommet, les 17 et 18 mars à Bruxelles. Mais plusieurs dirigeants saluent déjà "une percée" censée "changer la donne" en Europe, à l'instar du premier ministre britannique David Cameron et le le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "Le temps de l'immigration irrégulière en Europe est révolu", a assuré le président du Conseil européen, Donald Tusk.

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Le Premier ministre turc Ahmet Davutolgu est venu expliquer aux journalistes les propositions "audacieuses" qu'il avait présentées aux 28 pour tarir l'afflux de migrants vers les côtes grecques, notamment celle de reprendre tous les migrants "économiques" ainsi que les réfugiés syriens. En échange, les Européens s'engagent à reprendre, par des voies légales et sûres, le même nombre de réfugiés syriens directement depuis le sol turc.  Quelque 70.000 places théoriques, déjà réparties entre les 28 l'an dernier, serviraient à accueillir ces réfugiés, selon une source européenne.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE lâchent aussi du lest sur les nouvelles exigences mises sur la table par Ankara. Ils promettent d'accélérer la mise en place d'un régime sans visas pour les ressortissants turcs "au plus tard fin juin" et affirment "préparer l'ouverture de nouveau chapitres" dans les négociations d'adhésion. La Turquie a fait "un acte très important de réadmettre les réfugiés et les migrants qui ont quitté de facon irrégulière la Turquie vers la Grèce. Dès lors il peut y avoir une libéralisation des visas, mais selon la feuille de route qui a été fixée", a commenté le président français François Hollande.

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Les 28 affirment enfin oeuvrer à une "accélération du versement" des trois milliards d'euros d'aide déjà promise pour aider les 2,7 millions de réfugiés installés sur le territoire turc, et promettent de "décider des fonds additionnels", alors qu'Ankara réclame trois milliards supplémentaires d'ici 2018.

La Route des Balkans "est maintenant fermée": les bisbilles entre dirigeants européens lundi à Bruxelles autour de ces quelques mots illustre les paradoxes de l'UE, tiraillée entre fermeture de ses frontières et solidarité avec les réfugiés fuyant la guerre. Ce court passage d'un projet de déclaration finale du sommet européen a finalement été supprimé, après les contestations de certains Etats, l'Allemagne en tête.

Comment en effet donner l'impression de se féliciter d'une "fermeture" de l'itinéraire principal des migrants vers le nord de l'Europe, quand les pays situés sur cette "route" (Macédoine, Serbie, Croatie, Slovénie, Autriche) ont usé de méthodes controversées pour l'imposer? Le projet de texte final de la réunion, issu de tractations préalables entre ambassadeurs, retenait cette formulation: "Le flux des migrants irréguliers le long des Balkans occidentaux arrive à son terme. Cette route est maintenant fermée". Mais "il ne peut s'agir de fermer quoi que ce soit", a lancé lundi la chancelière allemande Angela Merkel, à son arrivée au sommet. L'Allemagne ne voulait pas donner l'impression d'appuyer des restrictions mises en places de manière unilatérales, qui ont provoqué un engorgement en Grèce, désormais confrontée à un risque imminent de crise humanitaire.

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