En direct
A suivre

Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty : "la situation des migrants est catastrophique"

Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty France, le 23 février 2016 à Paris. Geneviève Garrigos, présidente d'Amnesty France, le 23 février 2016 à Paris.[PATRICK KOVARIK / AFP]

Alors que l'Union européenne et la Turquie tiennent ce lundi 7 mars un sommet exceptionnel sur les réfugiés, la présidente d'Amnesty France, Geneviève Garrigos, revient sur la situation humanitaire. 

Comment la situation a-t-elle évolué en Grèce au cours des dernières semaines ?

La situation en Grèce est catastrophique. C’est sur l’île de Lesbos que l’on constatait jusqu’à présent la pire crise humanitaire, mais les conditions deviennent désormais aussi difficile à la frontière macédonienne. D’une manière générale, la Grèce ne dispose pas des infrastructures nécessaires pour prendre en charge tous les réfugiés qui arrivent sur son sol. Outre le manque d’abris, elle est également confrontée au manque de nourriture, d’eau et de vêtements. Et il n’y a aucune raison que la Grèce supporte à elle seule le refus de l’Union européenne de prendre des mesures pour venir en aide aux réfugiés.

Pensez-vous qu’un accord avec la Turquie puisse être la solution ?

Le problème est qu’un tel accord risque de conduire à renvoyer ou à bloquer des réfugiés en Turquie. Or, sur place, ils ne sont pas pris en charge correctement. Ankara refoule de nombreux réfugiés à la frontière syrienne et place les migrants en détention pour des durées importantes. Un accord qui laisserait les réfugiés en Turquie entrainerait de graves violations des droits de l’homme.

A lire aussi : Réunion UE-Turquie à Bruxelles: l'Europe face au défi des réfugiés

D’autre part, il ne faut pas oublier qu’il y a des conflits dans le sud-est du pays, avec un usage excessif de la force de la part du régime. La situation est très tendue politiquement, notamment en matière de liberté de la presse. Or, l’accord que l’Union européenne s’apprête à signer déclarerait la Turquie comme un pays sûr. On ne pourrait donc plus accepter les demandeurs d’asile turcs persécutés par le régime. Pour ces deux raisons, le sort des réfugiés en Turquie et la fermeture de l’asile aux ressortissants turcs, Amnesty s’oppose à cet accord.

Quelles seraient, selon vous, les mesures à prendre d’urgence pour sortir de cette crise ?

Il faut permettre aux personnes de circuler librement. Au Liban, il y a 1,6 million de réfugiés, sur une superficie équivalente au tiers de la Belgique. Une répartition sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne serait facilement absorbable. C’est lorsque l’on bloque une frontière que l’on crée des problèmes humanitaires. C’est le cas aujourd’hui à la frontière macédonienne, mais c’est également le cas à Calais, entre la France et la Grande-Bretagne. Et ce n’est pas en détruisant les bidonvilles à Calais que l’on va faire rentrer les gens chez eux. Ils veulent traverser la Manche coûte que coûte, en général parce qu’ils ont de la famille de l’autre côté. Mais ils sont rarement en mesure de le prouver, car la plupart ont perdu leurs papiers durant leurs périples.

A lire aussi : Environ un quart de la "Jungle" de Calais a été évacué

L’Allemagne a été pratiquement la seule à réellement accueillir des réfugiés. Ailleurs, on refuse de regarder la réalité en face. Un réfugié sur trois qui arrive en Europe est un enfant, il y a des centaines de mineurs isolés perdus à travers le continent. Ils sont 300 rien qu’à Calais. Ni les barrières, ni un traité avec la Turquie ne vont arranger ça. Il ne faut pas les regarder comme un problème à résoudre, mais comme des vies à sauver. 

À suivre aussi

Ailleurs sur le web

Dernières actualités