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Cinq ans après, que reste-t-il des printemps arabes ?

La place Tahrir était l'épicentre de la contestation en Egypte. [APAimages /REX/SIPA
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Cinq ans après le début des révolutions arabes, les pays concernés ont radicalement changé mais tous n’ont pas eu le même destin.

Mohamed Bouazizi en avait assez de la misère et de l’autoritarisme présents en Tunisie. Si bien que ce 17 décembre 2010, après une énième brimade policière, le jeune marchand ambulant a décidé de s’immoler par le feu en signe de protestation. Un geste qui allait être le point de départ des printemps arabes. Après la Tunisie, l’onde de choc allait se répandre dans une quinzaine de pays. Mais si certains, comme le Maroc, ont calmé la révolte populaire grâce à des réformes, d’autres ont vu la situation devenir hors de contrôle, pour des issues parfois différentes.

Démocratie en Tunisie

Véritable étincelle à l’origine de l’embrasement de la région, la Tunisie est également le pays qui a le mieux digéré les événements. Après la chute de du président Zine el-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, plusieurs gouvernements de transition se sont succédés. Les tensions entre islamistes et libéraux ont longtemps empêché la rédaction d’une nouvelle Constitution et plusieurs assassinats politiques ont illustré les difficultés du pays à se relever. Mais 2014 a finalement vu l’adoption de la Constitution et, surtout, la première élection présidentielle au suffrage universel, libre et démocratique du pays, remportée par Béji Caïd Essebsi. Un processus qui a valu au Quartet du dialogue national tunisien le prix Nobel 2015. «La Tunisie avait les meilleurs atouts pour réussir, estime Denis Bauchard, conseiller spécial pour le Moyen-Orient à l’Ifri. Une population ouverte et éduquée, une croissance démographique contrôlée ou encore un islam modéré.»

Une Egypte militarisée

Au Caire, la révolution a visé le président Hosni Moubarak, en place pendant près de trente ans. Après sa chute, en février 2011, l’armée, déjà très présente, a mis la main sur le pays pour ne plus l’enlever. Même l’élection de l’islamiste Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement dans le pays, n’a pu renverser la situation. En 2013, un an après son arrivé au pouvoir, Morsi a été destitué par le général al-Sisi. Devenu président en 2014, le chef de l’armée applique depuis un régime autoritaire dénoncé par les islamistes aussi bien que par les organisations internationales. «L’Egypte a payé l’incapacité de Morsi à gérer économiquement un pays».

Chaos politique en Libye

En Libye, la situation semble dans l’impasse depuis la chute de Mouammar Kadhafi, en octobre 2011. Le pays, qui n’a jamais vraiment connu autre chose que la dictature, se retrouve divisé entre différentes tribus et incapable de mettre en place un véritable Etat de droit.  Deux parlements et deux gouvernements différents revendiquent chacun leur légitimité. Une instabilité politique et donc sécuritaire qui a entraîné depuis quelques mois l’arrivée de jihadistes de Daesh venus de Syrie et d'Irak. «La Libye a toujours été un Etat artificiel, peu structuré, aux administrations faibles», lance Denis Bauchard pour expliquer ce chaos.

Conflit international en Syrie

A Damas, de «simples» manifestations contre le régime de Bachar al-Assad ont entraîné une guerre civile, puis un conflit international. L’inflexion du président syrien a en effet poussé les opposants à s’armer, ouvrant la porte aux mouvements islamistes armés et aux jihadistes. «Le pouvoir en place était plus fort qu’on ne le pensait et l’opposition n’a jamais été crédible», estime Denis Bauchard. Le pays est désormais divisés entre territoires du régime, zones rebelles et terres revendiqués par Daesh pour son califat.

Guerre au Yémen

Si les Yéménites ont réussi à faire chuter le président Ali Abdallah Saleh, son successeur Abd Rabbo Mansour Hadi n’a pas su ramener le dialogue dans le pays. «Au Yémen, les structures traditionnelles, les tribus, ont toujours été fortes et l’Etat faible», selon Denis Bauchard. Résultat, Hadi a fui le pays en mars dernier sous la pression des rebelles chiites. Depuis le pays est en pleine guerre civile. 

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