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Les Irlandais se prononcent sur le mariage gay

Référendum historique sur le mariage gay en Irlande ce vendredi 22 mai. [PAUL FAITH / AFP]

Les Irlandais sont appelés aux urnes ce vendredi 22 mai pour se prononcer lors d'un référendum historique sur le mariage gay.

 

Plus de 3,2 millions d'Irlandais étaient appelés aux urnes, ouvertes entre 06h00 et 21h00 GMT, alors que le résultat devrait être connu samedi après-midi.

"C'est un jour historique pour l'Irlande. Après tout ce qu'on a traversé, avec toutes les histoires de l'Église, quel beau message ce serait de dire qu'on est tous égaux. J'espère vraiment que le oui va passer", a souligné Jodie Boylan, 41 ans, qui était une des premières à voter à Milltown, dans la banlieue de Dublin. "C'est une étape beaucoup trop radicale. Cela concerne nos enfants, je veux protéger leur stabilité ainsi que le mariage", a en revanche déclaré à l'AFP Rachael Stanley, 60 ans, qui a voté sans hésitation pour le non. "J'espère que je ne vais pas finir avec du goudron et des plumes pour avoir dit ça", a-t-elle ajouté dans un soupir.

Le référendum, qui a lieu 22 ans après la dépénalisation de l'homosexualité dans le pays, a donné lieu à des débats passionnés ces dernières semaines. "Ce référendum a touché une corde sensible. Il mobilise beaucoup plus que d'autres consultations par le passé", souligne Eoghan Bonass, 35 ans, qui a voté oui, "pour une simple question d'égalité".

 

Le "oui" donné gagnant par les sondages

Les ultimes sondages indiquent que le oui devrait l'emporter, même si l'écart avec le non s'est apparemment réduit à l'approche du vote. Alors que les plus de 65 ans semblent pencher en majorité pour le non, et les jeunes pour le oui, le référendum devait se jouer dans "l'Irlande moyenne", en particulier les zones rurales où l'influence de l'Église reste plus marquée.

L'adoption de cette réforme permettrait à l'Irlande de rejoindre les 18 pays, dont 13 en Europe, où le mariage entre personnes de même sexe a été légalisé, ou est en passe de l'être. Ces unions sont devenues légales en 2014 chez le voisin britannique, à l'exception de l'Irlande du Nord.

Le oui est défendu par tous les principaux partis politiques en Irlande, dont le Fine Gael du Premier ministre Enda Kenny. "L'idée que toutes les unions puissent être égales a allumé une flamme dans le coeur des Irlandais", a remarqué M. Kenny dans un de ses tweets quasi quotidiens sur le sujet.

 

Les stars soutiennent le "oui"

Le camp du oui peut aussi se prévaloir du soutien de célébrités du monde du sport, de la musique et du cinéma, dont l'acteur Colin Farrell ou le chanteur Bono.

Face à eux, l'Église catholique d'Irlande et les conservateurs ont mené une campagne énergique, arguant que le mariage devait être l'apanage des couples composés d'un homme et d'une femme désireux de fonder une famille.

"Je ne vote pas non pour voter contre les gays et les lesbiennes, mais pour m'opposer à un changement de la nature intrinsèque du mariage", a déclaré l'archevêque de Dublin, Diarmuid Martin. "Le mariage, c'est un homme et une femme qui s'unissent, et qui deviennent père et mère", a-t-il martelé, reprenant les arguments de ceux qui affirment que le mariage homosexuel affaiblirait la famille traditionnelle en permettant aux couples homosexuels d'adopter ou de faire appel à des mères porteuses.

 

Affaiblissement de l'Eglise

Mais si la parole de l'Église avait autrefois force de loi, la situation est bien différente en 2015. Si l'Irlande reste un pays profondément catholique, l'évolution des mentalités liée aux bouleversements économiques et sociaux a émancipé la population du dogme religieux.

L'Eglise paie aussi le prix du scandale des affaires de pédophilie qui ont profondément choqué l'opinion publique. Quelque 14.500 enfants auraient été victimes de prêtres pédophiles, dont les actes ont parfois été couverts par des responsables religieux.

Le simple fait qu'une consultation soit organisée sur le sujet illustre déjà l'évolution des moeurs dans ce pays de 4,6 millions d'habitants. Il a considéré l'homosexualité comme un crime jusqu'en 1993 et n'a légalisé le divorce qu'en 1995. L'avortement y reste interdit, sauf lorsque la vie de la mère est en danger.

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