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Quatre ans d’enfer syrien

Des Syriens qui recherchent des survivants sous les débris à Alep le 7 février 2015. [ZEIN AL RIFAI/AMC/AFP]

Ce qui aurait pu être le mouvement de libération du peuple syrien opprimé s’est transformé en une guerre civile terriblement meurtrière.

 

Le 15 mars 2011, dans la foulée des Printemps arabes tunisien ou égyptien, les Syriens descendaient dans la rue pour dénoncer le régime en place.

Durement réprimées par le président Bachar al-Assad, ces manifestations se sont rapidement transformées en insurrection, pour finalement aboutir à un conflit entre le régime et l’opposition. Quatre ans plus tard, on déplore plus de 215 000 morts et encore plus de déplacés. Laissant le pays meurtri et face à un futur incertain.

 

Un pays dévasté

Chaque jour qui passe accentue la tragédie humaine qui se joue en Syrie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 66 109 victimes civiles ont été recensées en quatre ans, 80 201 parmi les forces pro-régime et 66 061 du côté des forces anti-régime. Et le pire est peut-être à venir puisque 2014 a été l’année la plus meurtrière (76 000 décès).

Aux morts, s’ajoutent les près de 4 millions de personnes qui ont été forcées de fuir la Syrie ou les plus de 7 millions qui ont été déplacées au sein même du pays (qui comptait 22,5 millions d’habitants en 2011). Pour le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, près de 2 millions de Syriens de moins de 18 ans, qui grandissent dans des villes dévastées, "risquent de devenir une génération perdue". D’autant que le coût économique subi par le pays est lui aussi dramatique.

Le Centre syrien de recherche en politiques publiques a estimé les pertes économiques du pays à 192 milliards d’euros, soit 383 % du PIB syrien en 2010. "La Syrie tient grâce aux lignes de crédit ouvertes notamment par l’Iran, qui se positionne déjà par rapport à la reconstruction du pays", explique Frédéric Pichon, auteur de Syrie : Pourquoi l’Occident s’est trompé (éd. du Rocher).

 

Une paix introuvable ?

Avant d’envisager toute reconstruction, la Syrie doit retrouver la paix. Jusqu’ici, les négociations entre régime et opposition se sont soldées par des échecs et la diplomatie est au point mort. La faute à une opposition déchirée entre différents courants. Des forces rebelles aux mouvements jihadistes, en passant par les tribus de l’Est ou les Kurdes du Nord, aucun interlocuteur n’est vraiment fiable pour la communauté internationale.

Et les grandes puissances occidentales sont tiraillées entre Bachar al-Assad, dont elles réclamaient il y a quelques mois encore le départ, et Daesh, qui poursuit son expansion à travers le pays. Si bien qu’elles hésitent à attaquer l’un de peur de renforcer l’autre. Comment combattre les jihadistes sans se ranger du côté d’un dictateur ? Comment changer de régime sans déstabiliser encore plus le pays ?

"Il faut tordre le cou à l’idée que Bachar al-Assad et Daesh seraient le revers de la même médaille. Assad fait partie de la solution", estime Frédéric Pichon. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry semble l’avoir compris, lui qui a reconnu dimanche qu’il "faudra négocier" avec Damas pour parvenir à la paix. 

 

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